18 mars 2020

Joël de bouffe: bœuf carottes avant la trompette

Par Le Barde et Bardibulle


Nous étions une bonne douzaine à se prêter aux aléas du pré. Quelle liberté, celui d’avoir le choix. Piou est aux abois et dans la pénombre vient accompagné. Le jeu mérite d’être en nombre. Un dilemme comme un autre. La cohésion isole. Notre demi Piou-Piou recrute et parie sur l’avenir. C’est un sage qui pour le soir joue à l’aile. « Il faut croire à son projet ! » Le pré était en jambes lui aussi. Eclairé comme de saison. 

La régression est toujours de mise quand on foule la pelouse. L’entrée dans l’arène tient de son rite que chacun aménage à sa convenance. Les souliers se transforment en moulés. Les chaussettes remontent jusqu’aux mollets et arborent les couleurs des clubs d’antan et d’appartenance. C’est à ce moment que Zinedine boit une gorgée de volvic. Une nostalgie bienveillante et Le mélange crée le vivant. Les shorts avec des poches pour ranger quelques cartons en souvenir. Le blanc pour une lessive sans réfléchir. Le maillot hésite toujours à se couvrir. Les multicouches sont de rigueur à défaut de printemps. L’hiver n’est pas froid mais pousse à l’isolement. Heureux d’être dans la ligne et de taquiner la beuchigue. Un moment comme un autre qui se veut dans l’exception. Le biologique du parasite se fout de nos histoires et plane sur l’inconnu. Le virus en cause n’est pas celui du rugby. La vague à l’âme est désormais dans l’air. Du coup le toucher s’en ressent et laisse les intervalles à certains. Le principe de plaisir si proche de celui de la réalité. Les allers retours d’un camp à l’autre n’est qu’une métaphore du bien vivant. Le mouvement est son noyau. Les gardiens de vie prônent maintenant un jeu fermé et l’isolement. 

Jeff sur le coup était en bourre et mérite le titre du joueur du soir. Dudu en connaisseur ne râle jamais devant les exploits qui ne se perdent pas dans des retours intérieurs sans raison. Le mouvement était de mise. Le plaisir d’être ensemble aussi. Le jeu est un sacré gardien. A défaut de courir, pensons au jeu à deux mains ! 

La douche pour le trou.

L’entrée se fit en salade. Une mise en bouche mélangeant la betterave aux verdures printanières. Coco veillant à ce que nul ne manque, naviguait du bar à table, des retardataires en herbes au ponctuels en chœur, à chaque génération de castors un plaisir délicat celui de se resservir. Le geste est là. Au-delà des attaches gustatives, le primordial est dans cette nourriture affective. Le plaisir du trou, il n’y a que ça de vrai. 

Un bœuf carottes, quoi de plus délicat qu’un bœuf carottes, lorsque la chair est douce, tendre, et les légumes racines suaves, fondantes. Non, la chair n’est pas triste et nous n’avons pas lu tous les livres. Ah ! Joël ! Notre marin à la tradition heureuse et la main juste. 

Pourquoi Dudu et le prof entamèrent-old une discussion passionnée sur l’Europe ? Le bœuf carottes en était-il la cause ? Mais pour quelles raisons ? Mystère ! Ils allaient leurs propos vifs et irréconciliables. Pépé s’en branlait. Face à JB, il poursuivait ses légendes. Il y a de l’Homère dans Pépé et du Pépé dans Homère. 

Coco accompagnait Joël, servait, desservait, nous entourant de mille et une attentions dont il a le secret. L’Amiral conversait sur Magellan sur lequel il prononcera bientôt une conférence. Poulet nous initiait aux charmes de la musique baroque.

Le lancer d’assiettes fut précis et sans histoires, n’était pour Peter. Pour le reste, RAS ; Joël est adroit. Ses trajectoires, en bon marin, dessinent de parfaites géométries. Un brie coulant à souhait s’étalait sur son plat. Palanquès appréciait. 

Alors, il se mit à la trompette et entama le doigt. Nous nous levâmes comme un seul homme. Joël soufflait, et de ses doigts sûrs filait notre hymne. Il respectait ainsi ses us. Nos petites habitudes ont du bon. 

La belote de comptoir vit le succès de Jeff et du barde. Une fois n’est pas coutume. Christophe tenta une super baraque qui n’avait rien de super et fit plouf. La main de Dudu était laborieuse et celle de note tendre pinson inégale.

Il crachinait. Guitou enfournait son cycle jaune pour rejoindre son cher cour. Pas d’étoiles au ciel pour faire leur doux froufrou. Et Joël de susurrer ses vers du cher Arthur : 


« Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious
Caressent les bébés pour enjôler les bonnes… »

La vie est Rimb

Aucun commentaire: