Par Le Barde et Bardibulle
Il n’y avait plus de Harley-Davidson, autant dire qu’il n’y avait personne, enfin, pas tout à fait, il y avait juste ce qu’il faut. Pas plus. Or, c’est précisément ce petit plus qui nous manque. Par contre, flottait comme un air d’enfance et de jeunesse. Les petits de Christophe, Jean-Phi et du doc foulaient le pré. Une forme d’équilibre du temps avec nos trois soixantenaires. Une pleine lune veillait sur nous, belle, merveilleuse.
Las, deux blessures musculaires vinrent fragiliser davantage notre petite bande. Le Prez et Jean-Phi durent jeter l’éponge. Comme JB, fidèlement, était là, ils papotèrent près des rambardes.
Nos touchers relevaient, parfois, de la caresse. C’est à peine si nous effleurions les appendices moulants de nos adversaires. Sans doute faudra-t-il bouter hors ces ersatz et laisser libre cours aux courses farouches du possesseur de la balle.
Cary Grant ne nous avait pas fait faux bond. Il était bel et bien parmi nous. Et d’office. L’assemblée des fidèles se résumait à une vingtaine. Enfin presque. C’était un peu le temps retrouvé même s’il manquait Pépé. Le trou sans Pépé perd un peu de son âme. Mais la présence de Guitou, Palanquès ou Coco confirmait que le temps juste est celui qui mêle la diversité des âges.
JP avait concocté une garbure. La soupe poursuit son bonhomme de chemin. Toutes ses variétés y passent. Un bouquet. Et quelle garbure. Les linguistes discutent encore pour savoir si l'étymologie de la garbure provient de l’espagnol garbias (« ragoût ») ou, comme il est précisé dans le dictionnaire Robert qui atteste l’apparition du terme dès 1750, d'un vocable gascon, garburo, repéré déjà au xiie siècle. Une entrée bien de chez nous en somme.
La nuit suit le jour, et la daube la garbure. « La daube n’annonce-t-elle pas l’aurore de nos sens ? » Piou Piou sur la question est un traiteur philosophique. Intarissable dans l’appellation d’origine contrôlée. Il proposa à Cary son support en étymologie appliquée. La cuisine est en effet un plaisir d’essence. Cary opta pour tendre la joue. La claque se fera, elle, aux palais. La chair tient à la sauce et la mijote trouva son jus. Du Sabite pour claquer le tout ! Que du bon en goût, en mots et en chansons. Point de plaisirs sans PiouPiou qui chante. Sur le coup, il sortit la meute. Christophe protégea du mieux les oreilles enfantines. Pourtant l’innocence du trou est bien là. L’enfance se rassura même pour les grands à travers son gratin de pâtes. La madeleine de Proust tient à peu de choses, la régression s’éprouve dans la grandeur du « mes langes ». Il est vrai que le gratin de pâtes est une arme redoutable pour réveiller le gone qui se cache-cache en nous. Cary hypnotise. Les deux firent un et remplirent les assiettes qui n’en demandaient pas tant. Quitte à régresser autant que cela soit le ventre rond. Con se le dise !
Rien à dire sur le lancer d’assiettes. Un sans fautes. JP a de bonnes mains. Rien à dire non plus sur le trio de fromages : Saint-nectaire, brie et chèvre. Poulet et Hamilton apprécièrent. Quant à la crème brûlée finale, un don de Dieu. Oui, le trou tient de l’office. La messe était donc dite. Il ne restait plus que la traditionnelle belote de comptoir conclusive.
A ce jeu, le barde encore l’emporta. Les temps changent. Puis Poulet sortit à son tour. Autant dire que l’Ain avait la côte. Et le bardibule de surprendre Hamilton pour s’épargner d’être le dindon de la farce. Pendant ce temps-là, Mozart et Cary Grant conversaient.
La nuit avait encore des relents d’été. Le ciel était piqueté d’étoiles. JP s’en retournait vers son Bassin où Lolo, sans doute, fêtait son anniversaire. La vie va, la vie nous va lorsqu’elle nous rassemble. La vie est douce.
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