C’est une histoire de bout à dormir debout. Une histoire de Zeille. Un bout vaut mieux que deux tu l’auras disent les imbéciles. Que ne comprennent-ils pas qu’un bout ne peut être solitaire. Le bout appelle le bout ; un point c’est tout. C’est ainsi que naît l’esprit de géométrie cher à Pascal (Blaise). Vivre, c’est donc savoir joindre les deux bouts. Quel rapport avec Zeille me direz-vous ? Faites un effort et ainsi soit-il.
Tout au bout de Musard, ils étaient huit, emmenés par le béarnais éternel. Christophe était de retour après son problème de bout de doigt. Seb, plus poivre et sel que jamais, menait la danse. Ils trottinaient à tout bout de pré et ne rejoignirent le trou, notre petit bout du monde, que quelques minutes avant vingt-deux heures.
Zeille trônait, admirable, superbe. Il avait fait ses courses le matin même pour les fruits et légumes, et emporté ce qu’il faut de pâté de sanglier, de fromages. Quel boute-en-train !
Donc, mis bout à bout et sans tabous, tomates et pâté de sanglier étaient harmonieusement disposés sur la table. En bon connaisseur, Olivier apprécia le pâté. Un fumet délicat, une chair suave. Un must.
Vint ensuite un civet de sanglier à damner tous les saints. Avec une purée faite main.
Zeille connaît son sanglier sur le bout des doigts. Dieu que c’était bon. « Lorsque la marmite bout, l’amitié fleurit » dit un proverbe anglais. Même pépé aurait confirmé cette incise d’Outre-Manche.
Quel lancer d’assiettes. Avec un air de rien qui est tout, Zeille rempli son devoir avec une précision diabolique. Pas un fragment, pas un bout, ne jonchèrent le sol. Et nous pûmes convertir le fromage dans nos palais.
Et ce furent les premières fraises. De Marmande. Avec de la Chantilly. Mais sans Amélie. Il est dans les îles ; il a déserté ses poules. « J’eusse aimé un petit bout de chou » susurra Jacouille. Cela mit Zeille vent debout. Il n’aime pas ménager la chèvre et le chou. Fayou, lui, se régalait et commanda un irish pastis. Mais c’est le jet qui fut de mise. La petite assemblée acheva sa soirée au comptoir et papota.
Pas de pluie dans la nuit. Un ciel sombre, sans gouttes. Chacun de retourner at home, repu. Au bout du bonheur, du bonheur d’un mercredi d’avril, d’amitié. Zeille for ever.
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