La pignole du Barde
D’aucuns s’attendaient à un cassoulet, ils eurent droit au traiteur. Non pas que le toulousain soit un traiteur (à bien y regarder, il est, plutôt intraitable), mais les grâces du calendrier ne correspondent pas toujours à la réalité. En fait, il n’y avait personne, hier soir, en guise de cuisinier ce qui n’est pas tout à fait exact puisqu’il y avait un traiteur. Or un traiteur, par fatalité, est quelqu’un, et, en outre, il est cuisinier ; c’est même sa raison d’être ou, à tout le moins, sa raison sociale, ce qui, au bout du compte, n’est pas tout à fait la même chose.
Le traiteur nous traita d’une manière fort agréable et abondante. Prenons- garde, toutefois, à ne pas céder à l’attrait du traiteur. La main à la pâte demeure sans égale, à l’instar de la main aux pis. Le traiteur toujours sera un pis-aller.
Pour rester dans nos bonnes vieilles habitudes, le docteur Klotz, se substituant à personne, entreprit de lancer les assiettes avec un art consommé. Saluons cette inspiration qui permit de combler un vide irréparable. Cette capacité à déjouer le cours des choses est l’apanage des grands. Franck est grand, et tout le reste est faiblesse.
Le retour à la normale est programmé pour la semaine prochaine. Nul doute que nous bénéficierons d’un traitement de choix, puisque c’est Coco qui s’y colle. Il serait raisonnable, à cet égard, sur les conseils du chairman, de prévoir du covoiturage.
Quant au cassoulet, il serait servi sous quinzaine, si cassoulet il y a. Le toulousain n’entend pas céder aux clichés et entrevoit d’élargir les champs du possible. Le toulousain, le saviez-vous, est un inconditionnel de Pindare qui écrivait dans une ode : « O mon âme, n’aspire pas à la sagesse, mais épuise les champs du possible. » Reste que l’on ne serait pas insensible à un bon vieux cassoulet. Il fut temps, d’ailleurs, ou les camarades de l’auteur de la célèbre formule « blanc bonnet et bonnet blanc » organisaient des cassoulets dansants. Sans aller jusque-là, on peut imaginer un cassoulet enchanté. A bon enchanteur salut !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire