28 novembre 2008

Le cuistot de la semaine : Au rythme du temps Boulain.

Par le Toulousain

En cette froide soirée de novembre où les herses du vent hivernal lacèrent les cuisses des trotteurs de Musard et déciment les premier SDF au bois (profitez, petits Castors, bientôt madame Boutin va vous obliger à jouer dans le garage dès que la température descendra en dessous de zéro). En ce soir de novembre où le PS découvre tout le renouveau d'une politique conjuguée au féminin, Nicolas dort au chaud dans les bras de pimprenelle, se disant qu'il n'est pas demain la veille qu'on le traite lui, de pov'con !
Jamais le capitalisme n'a montré telles faiblesses qu'en ces jours derniers et jamais la gauche n'a été aussi nulle : rien à dire sur les retraites par capitalisation, sur l'endettement des ménages, les millions d'euros débloqués pour sauver du RSA une cliques de banquiers joueurs, et la cohorte de délocalisations et licenciements qui repartent à la hausse. Pas une voix qui s'élève, pas un débat au dessus de la mêlée, rien d'autre qu'un crêpage de chignon version Mado la Niçoise Vs Gigi la Sardine pour redonner un peu d'espoir au peuple. Sommes nous devenus tous aveugles, sourds et muets, personne pour ramener sa gueule ???
Chez nous, en revanche, les grandes gueules, on les entend bien. Un peu trop même ces dernier temps sur le pré
Heureusement, au trou, nous avons Arnaud. Arnaud c'est le boulin dans lequel on fixe un madrier pour assurer l'échafaudage et pouvoir bâtir plus haut. Arnaud c'est l'assurance, le calme, l'élégance et la politesse. Il ne triche pas et sait simplement aller à l'essentiel. Regardez-le se servir de son Iphone dernier cri et n'utiliser humblement que la fonction téléphone pour ne pas paraître hautain. Arnaud c'est le Boulin de Libourne avec un "A" en plus, Robert de son prénom, symbole d'intégrité dans le monde politique des années 70. Ce qui frappe le plus chez Arnaud c'est son calme. Chez les Boulain on ne subit pas le pressing, on le gère... C'est une question de rythme et de sourire.
Ce soir dans l'alcôve du trou, il sait déjà qu'il est là pour nous faire du bien. Tout un symbole, une écharpe noire portée sur le maillot officiel de l'équipe de France de Rugby et une grosse crève par dessus le tout. Rasé de frais, sentant bon la lavande, quelques morceaux de bois de cèdre coincés sous les bras. Il nous laisse le temps de l'apéro et, tranquillement, une à une, louche par louche, remplit les 42 assiettes d'une soupe qui te fout directement le palais dans la délicatesse. Ce petit velouté crémeux de légumes est un vrai soulagement. Tout en finesse et subtilité. Puis levée des assiettes à soupe tranquillement, sans bruit, sans heurt. Enfin presque, parce que une demi-plombe entre la soupe et le plat de résistance, ça fait un peu long. Le barde pour nous divertir, prend même le temps de nous refaire l'intégrale, mots pour mots de son éloquente et brillante intervention sur Thalassa. Il n'y suffit pas et ça commence à bêler sérieux dans la cambuse. Le ton monte. Arnaud, merde qu'est ce tu fous ? Arnaud il à son rythme et, dans son tempo, nous déroule une avalanche de tartiflette au son du "Le lundi des patates".
Puis, un silence de cathédrale, les bouches mangent et se taisent. Jean-Louis C., le nouveau batteur des Trust, retrouve instinctivement le sens premier de la cuillère qu'on lui a greffée à la main. Je n'ai pu vérifier la performance gargantuesque de notre brillant steward encore victime d'une déchirure d'orgueil : son équipe "type" a pris 20 pions. En revanche j'avais Dudu en face. Le voilà converti au reblochon le palois. Im-pre-ssio-nnant, surtout quand il te dit en patois savoyard : "Ch'est bon che pfetit pfromache gratchiné ! Ch'est quoi ?" Propulsant par la même une pluie de météorites patatoîdes. Du reblochon Jean-Pierre, lui dis-je en essuyant mes verres. "Ch'est pfraiment très bfon". Hop ! esquive sous le bar. Ca va ! j'ai plus de lingettes pour les lunettes. Arnaud mange, assis, paisible.
Oh ! Arnaud ! le lancer d'assiette !
Arnaud il y va, posément, 30 m de recul, on juge, on jauge. Artilleur de formation le gars. Un coup long un coup court, une cible test, le cas échéant, Lolo qui ne comprend pas tout de suite pourquoi elles ne lui tombent pas directement dans la main ces putains d'assiettes. Puis, coup au but et lancer parfait. Arrive la salade directement mélangée au bleu. Sympa Arnaud, deux plats en un, comme ça on gagne du temps. Arnaud vérifie que tout le monde en a eu assez, et toujours pépère, exhibe, fier comme un "bar tabac", les cakes aux oranges glacés d'un savoureux nappage ou nappés d'un savoureux glaçage, si vous comprenez mieux dans ce sens. La positive attitude, ce cake. Tout doux, tout bon, tout fondant. Bon ça fait bien deux heures que Jacky a servi le café quand il arrive enfin, mais il mérite d'être attendu ce cake. Sur le coup tu percutes et tu regardes ta tocante, inquiet. Il est au moins quatre heure du mat'. Surprise ! Il est à peine 11h30. C'est fou, tout c'est passé au ralenti. Avec Arnaud on se suspend au rythme du temps Boulain et le plaisir dure plus longtemps. Bravo pour les plats et l'esprit,
un vrai réconfort par ces temps de crise.
Allez, il nous reste encore un peu de temps pour apprendre un nouveau jeu qui pourrait bien supplanter la traditionnelle belotte. Le Traderidera...? Demandez au Blogger si vous ne connaissez pas. Je crois qu'il a bien saisi toutes les subtilités. En même temps, sans les cartes dans les manches d'Arnaud, c'est pas facile.

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