Par Le Barde
Ainsi franchit-il un cap fatidique celui qui n’en finit pas d’être un enfant et se soucie comme d’une guigne des attendus de l’âge, un rebelle en quelque sorte, qui préfère opposer à la morosité du temps qui passe, ses éclats de rire et ses plaisanteries que ses comparses du trou et du pré goûtent comme autant de bienfaits salvateurs, surtout lorsqu’il s’en prend au premier des nôtres, à Lui, oui à Lui, imitant ses zézaiements provisoires, ses zozotements, qu’une fraise alerte aura provoqués, une fourche devrais-je dire, même si c’est là une foucade, suite à un de ses innombrables coups du sort dont le rugby se rend coupable à force de jouer le match de trop, ce match que Lolo le sage ne joue pas, car l’on peut être un enfant et un sage, et Lolo c’est un sage, un branleur mais un sage, car la sagesse n’est pas l’apanage des mous, des obéissants, des serviles des pince-sans-rires.
Et quelle voix, mon Dieu, quelle voix que celle de Lolo, une voix bien parcimonieuse à Musard ces derniers temps, certes, où il n’harangue plus qui Hamilton pour ses coups de sang, qui Amélie pour ses fautes indignes d’un éducateur, une voix de stentor, inimitable, gargantuesque, digne de Falstaff, une voix qui, par contre, résonne toujours avec autant de vigueur dans le trou pour saluer le cuisinier d’un soir, entonner l’ode au fromage qui doit tant à l’inspiration de Marien le sublime, cet autre Falstaff qui n’en finit pas de pouponner auprès de celle qui enfanta ce marmouset dont il parle la larme à l’œil, car les gros sont sensibles croyez-moi, et le Marien plus que tout autre, lui le marié de Patiras, le dandy des façades. Il faut l’entendre Lolo évoquer ses petits et sa douce Caro, sa Sarah Bernard, sa muse, qui lui serine du Phèdre sous l’oreiller quand ce n’est pas du Bérénice, y allant alors de son Titus comme d’autres y vont de leur Roméo, car Lolo c’est un latin dans l’âme.
C’est donc un vingt octobre qu’il naquit Lolo (en vérité, c’est le 19, mais qu’importe puisqu’il entend fêter son entrée dans le demi-siècle avec nous), qu’il poussa ses premiers cris dont on imagine la vigueur, une balance en somme, mais qui se permettra de croire aux fadaises de cette prétendue science qui fait les choux gras de tant de canards, surtout pas les castors, sauf à prétendre qu’il a un ascendant castor Lolo, signe que l’on chercherait en vain dans les manuels d’astrologie dont on a que foutre, de toute manière, car l’avenir, c’est le présent, et Lolo est un homme de l’immédiat qui se gausse des chimères de ceux qui prétendent lire leur avenir dans le ciel étoilé, n’était cependant la grande ourse qui, du côté de Rovigo, a des allures de castor pour peu que l’on s’attache à la légende. Le vingt octobre, c’est aussi la date de naissance de « l’homme aux semelles de vent », Arthur Rimbaud, et j’imagine Lolo hurlant, le cul sur une pinasse et contemplant la mer : « Et le poète saoul engueulait l’univers. » O Dieu que j’eusse aimé naître le même jour que Rimb, moi qui me contente de Beauvoir, la Simone, de cinquante ans mon aînée, à qui l’on doit Le deuxième sexe, ce livre fondateur disent-elles et qui commence ainsi : « On ne naît pas femme on le devient », la Beauvoir, qui, par parenthèses, fut la complice d’un castor d’une tout autre espèce : le Sartre, le géniteur de L’Idiot de la famille et, surtout, l’inspirateur du deuxième sexe puisque c’est après l’avoir entendu dire: « On ne naît pas Castor, on le devient » que la Simone se lança dans son livre fondateur. Je m’inscris d’ailleurs en faux contre l’affirmation du bateleur de Billancourt et persiste dans mon jansénisme de la balle. Mais revenons-en aux semelles. Nul ne peut affirmer que celles de Lolo soient de vent, lui qui, d’ordinaire se chaussent plutôt pointu, ce qui ne facilite pas le décollage, on l’admettra bien volontiers. Et pourtant, Lolo, il décolle, il déconne, il détone, il n’en finit pas de prendre de la hauteur, c’est un aigle, un rapace et surtout pas un sansonnet, un rossignol ou je ne sais quel autre passereau.
Bon anniversaire, bel oiseau.
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