07 octobre 2009

Le cuistot de la semaine, Bazum Rizotto

Par Le Barde


Il est arrivé sur le tard, il nous a rejoint comme si de rien n'était, arborant des chaussettes aux couleurs vives. Il s'est glissé dans les intervalles comme un oiseau de proie, frôlant de ses ailes de géant les pauvres erres qui s'agrippaient à ses basques et, sans un mot, il les a déposés comme on se défait du superflu, gagnant une terre promise qui lui était acquise, sans jamais manifester pour autant la moindre morgue, comme si cela allait de soi de chalouper de la sorte, de transpercer ces lignes imaginaires qui sont autant d'obstacles vains à ses courses folles, autant de menues intruses dont il s'est débarrassé avec une grâce sans égale, témoignant ainsi de la pertinence d'un jansénisme de la balle que nul ne contestera ici bas. Par deux fois, il a incliné son corps pour poser sur une terre que l'on dit d'en but cet objet si improbable qui, dans ses mains, devient un trésor, dans ses mains seules, ses mains souveraines qui disent mieux que de vains discours combien le rugby est un art, un art de l'esquive, transcendant les chimères d'une vie ordinaire qui ne vaut d'être vécue que pour ces moments-là, ces moments échappés d'un ballet dont le chorégraphe ne peut être qu'un dieu, dieu en chair et en os qui, en aucune manière, ne peut prêter le flanc aux doutes narquois de philosophes de pacotille qui désenchante le monde.
Oui, c'est bien de Lui dont j'entends parler, de celui qu'une naissance lointaine nomma Valadié au pays de Moumen, Sella et autre Dubroca. Lui superbe de jeunesse qui fit pousser un Ho ! admiratif à ses petits qui n'en pouvait mais sur la pelouse de Musard en ce premier soir d'octobre où l'été n'en finit pas de faire la nique à l'automne. Et lorsqu'il eut de nouveau renvoyé à leurs chères études ses castors médusés, hébétés, c'est le plus naturellement du monde que ceux-ci firent une longue haie d'honneur au premier d'entre eux, offrant un cortège inoubliable à sa parure céleste, nourrissant des applaudissements sans fin, comme au temps où Musard ébloui saluait les gestes inouïs de Trillo ou d'Acco.
Que Guy ne fut point là pour vivre un tel instant demeurera à tout jamais une incompréhensible énigme. Lui qui décida d'un pâle 16 sur 20 en guise de tout compte pour une prestation qui rendait perfide la moindre notation tant elle supplantait ces planchers imaginaires dont décident sans vergogne des mathématiciens de peu. Mais après tout qu'importe.
Combien paraissent dès lors accessoires, lorsque l'on s'est nourri de tant de grâce, ces offrandes culinaires que dispensent les hommes. Mais Jérôme, ô Jérôme, n'est pas un homme comme les autres, et il délivra à ceux qui s'étaient établis autour de la table un passeport pour l'éternité qui, comme dirait un certain, n'est guère plus longue que la vie, mais une vie bien remplie lorsque l'on taquine, comme nous le fîmes, une soupe de poisson(s) nous rappelant les mers estivales encore si fraîches dans nos mémoires, ou ce risotto venu de nulle part – et c'est un comble pour un douanier –, qui n'en finissait pas de se frayer un passage dans nos corps exténués de chaleur, comme en témoignaient les gouttes de sueur perlant sur le visage juvénile de Guitou qui ne put s'empêcher de pousser la chansonnette comme d'autres poussent le joug, dans cet Olympe de la bluette qu'est devenu la trou. Walid, ô Walid déglutissait à qui mieux mieux lors qu'il conversait avec le toulousain, ô Toulouse, et que Lolo annonçait à tout un chacun, l'imminence de ses cinquante printemps. Suivi, en cela, par l'avocat, encore que ce ne soit que pour l'hiver, en bon verseau qu’il est, Lolo, n’y étant pas pour grand-chose, étant du signe de la balance, ce qui ne lui convient guère, sans doute, mais on ne choisit pas sa date de naissance.
Enfin vint le temps du fromage, abondant, et d’un cake à la douanière, entendez par là qu’il y avait du coco dedans et plus précisément de la noix. Quiconque en déduira que Jérôme est une noix est, peut-être, un adepte de Charles Trénet et il lui faudra répondre à la question du fou chantant : « Une noix, qu’y-a-t-il à l’intérieur d’une noix ? ». Et bien la noix Jérôme est particulièrement riche, se gausse des frontières et, cela va de soi, est particulièrement comestible.

1 commentaire:

Le Toulousain a dit…

Voilà qu'il nous refait le coup de l'endocarpe lignifié notre Jean d'Ormesson. Je propose quand même qu'un jour nous présentions un texte du Barde pour la dictée de Pivot. Quand à notre président, je me demande, si, sur les conseils sans doute avisés de Lance Armstrong et la complicité du Douanier, il ne prendrait pas quelque hormone de lièvre ou de lapin d'Australie. Vous ne les trouvez pas un peu étranges ces nouvelles dents de devant?
À moins qu'il ne mute castor mais cela n'explique pas la pelouse calcinée sous ses pieds...
Mardi je le soumets au test de la carotte.
Hum quoi d'neuf docteur?