09 octobre 2013

Le cuistot de la semaine, prix Nobel de physique

Par Le Blogueur


J'avais vu Guitou dans l'après midi ce mardi. Il avait le teint hâlé et une coiffure de première communion. Rempli de joie, je lui parle de notre nouveau terrain d'accueil à Eysines. Répétant avec insistance que les installations étaient validées par le président des Archiball et la commission de la Fédé, et qu'on y était bien, bien que ce ne soit pas tout près du trou.

Je n'ai pas fini ma phrase et je crois même qu'il ne l'avait pas entendu jusqu'au bout. Il a claqué des lèvres deux ou trois fois avant de me dire que, pour lui, c'était trop loin, beaucoup de trop loin. Je n'ai pas eu le temps de lui dire que le terrain était juste derrière Saint-Germaine où lui, et d'autres, passent leur jeudi soir.

Et c'est ainsi que Guitou n'était pas au rendez-vous sur le pré. Juste parce que les préliminaires du mardi étaient loin de notre lieu de jouissance. Pourtant, en amour, une bouche est tout aussi loin du trou, alors que rarement on ferait avec l'une, sans faire avec l'autre. Et inversement.

Ce jour-là, je me suis aperçu combien Guitou manquait à la pelouse. Ce leader charismatique, qui réunissait ses hommes triés sur le volet, ne mettait plus ses habits de course pour officier en tant que gourou du rugby moderne. C'est quand on y pense qu'on prend conscience du vide qu'il a laissé derrière lui. Et comme la nature a horreur du vide, de nouvelles stars sont nées. C'est toujours la pépinière de Sainte-Germaine qui les fournit. Hommage à Bernachatte.

Le voisins qui bordent le terrain d'Eysines apprennent de nouvelles règles du rugby tous les mardis soirs. Un cours sur l'en-avant, un autre sur le hors-jeu. Ce dont ils peuvent se réjouir c'est que les intervenants ne sont jamais les mêmes. C'est moins ennuyeux. Le rappel des règles dans le rugby est une chose essentielle quand on sait comment les règles évoluent sans cesse. Les voisins du stade nous sont reconnaissants. A la sortie l'un deux m'a demandé si l'on s'entrainait pour les jeux paralympiques de Lyon ou les gay games de Paris. Je lui ai fait un sourire de débile, ce sera Lyon.

Des lustres plus tard, nous voici au trou. Le champion international des beaux gosses est en cuisine. Pour un physique si parfait, il aurait mérité le prix Nobel qu'on a préféré donné au Boson le clown de Higgs. Ça ne change rien, pour nous c'est Pascal et c'est tout.

Pascal sait faire déjà une chose que beaucoup lui envient : il sait faire simple. La simplicité est un art compliqué. Faut pas croire. On ne devient pas simple comme ça. C'est des jours et des jours de pratique la simplicité. Car s'il y a bien une condition pour la réussir, c'est qu'elle soit naturelle. Et c'est là toute la difficulté. Je ne saurais pas vous en dire plus, c'est pas simple.

Le menu de Pascal a des couleurs italiennes. Une tarte qui a tout d'une pizza, en entrée, et pâtes carbonara, en plat. Les couleurs tifosi s'estompent avec le fromage et le dessert. Du fromage bleu, blanc et rouge. Du dessert breton comme un far à ne pas confondre avec le clafouti.

Les pâtes à la carbonara ont fait des heureux parmi les sportifs de haut niveau à qui les repas d'avant match le dimanche manquent cruellement. Yannick est de ceux-là. Un grand vent de nostalgie lui débouche les oreilles et le rend fou comme un vent d'Autan. C'est sûr il ne faut pas grand chose à Yannick mais là, c'était beau à voir. Les tampons, c'est pas dans la chatte qu'il disait. Et Bernachatte lui qui sursautait croyant qu'on l'appelait. El poulpo voulait bien en rire, mais Bernie lui mettait des tapes sur la tête. Fayou en est arrivé à vouloir défendre Yannick. Mais l'histoire s'est vite réglé à l'amiable : « Je te présente ma cousine et l'honneur est sauf. » El poulpo n'en attendait pas moins, va pour la cousine. Rendez-vous pris pour vendredi midi. Viendez, plus on sera de fous, plus on rigole.

L'histoire se termine là. Comme un bon vieil arrangement à l'italienne : on sacrifie la cousine. Après tout, on raconte que le nom de la sauce des pâtes vient des Carbonari, des membres d'une société initiatique et secrète. Pepe fait taire tout le monde : « Fermez vos gueules les jeunes ! ».

A la fin du repas, Gwen, qui vient d'avoir la nationalité bordelaise, s'approche du bar et rince ses habitants avec du Jet 27. C'est donc l'haleine mentholée que tout le monde est reparti au lit, à peine minuit passé.

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