Par Le Barde
L'incipit du roman de JB Pontalis Loin est : "Il y a la femme." Et notre auteur de sauter à la ligne. Aux Archiball, – qui sont un roman –, il y a JB (Saubusse). Les mauvaises langues diront que JB n'est pas une femme. Ce qui est vrai. Reste que les mauvaises langues ne savent pas manier l'incipit et opérer les inévitables transferts qui le légitiment. Et en matière de transfert, JB (Pontalis), il en connaissait un rayon. Je saute à la ligne, n'ayant que trop tardé.
Connaissez-vous l'incipit d'Aurélien d'Aragon, l'auteur de Je n'ai jamais appris à écrire ou les incipit ? Non ? Et bien je vous le donne en mille : « La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. » Rien à voir avec JB, j'en conviens. Encore que Bérénice ! Bon, j’arrête de vous les gonfler avec Titus, les incipit et tutti quanti. Et j’en reviens à JB ; car, on en revient toujours à JB. C'est comme en musique, on en revient toujours à Mozart. D'ailleurs, JB, c'est Mozart, sa passe est une sérénade. Et plus précisément la K 361, pour treize instruments à vent. Elle illustre le moment où cet empaffé de Salieri, dans Amadeus de Milos Forman, lisant la partition, se dit que le petit bonhomme est touché par la grâce. Salieri, c'est Tauzin. Sauf que Tauzin ne fut pas touché par la grâce d'une sérénade, mais par un uppercut de JB. Jamais, ce jour-là, on éprouva autant le sentiment que la boxe est le noble art par excellence.
Donc, il y a JB. Et JB était de bouffe. JB, il aime prolonger l'été. Aussi nous proposa-t-il du melon et un délicieux jambon que l'on pressentait de Parme. (Et s'il n'est pas de Parme, on s'en branle). Il aime aussi rassasier les corps éprouvés par les tristes crachins de l'automne. Aussi y alla-t-il de son pâté. Un bon et vrai pâté de campagne. Un hommage à Pioupiou ? Allez savoir.
JB est homme de tradition. Lorsqu'il se met en cuisine pour ses chers castors, c'est toujours avec du taureau. Et de mitonner une daube, comme Mozart mitonnait son Cosi fan tutte ou Dominguin une véronique. Nous, on se régalait. « Son altesse, ce taureau fut toréé à Dax » me glissa Lolo à l'oreille. Et lorsqu'il prononça le nom de la cité thermale, je crus qu'il s'agissait du soleil d'Austerlitz. (Le 2 décembre 1805, au petit matin, quand le brouillard qui entourait le plateau de Pratzen se dissipa et quand parut dans le ciel dégagé un soleil éclatant, « Napoléon, raconte Tolstoï dans La Guerre et la paix, comme s’il n’avait attendu que ce moment, déganta une de ses belles mains blanches, fit de son gant un geste aux maréchaux et donna l’ordre d’engager la bataille. Les maréchaux et leurs aides de camp galopèrent dans différentes directions et, au bout de quelques minutes, les forces principales de l’armée française se portèrent rapidement vers le plateau de Pratzen que les troupes russes abandonnaient de plus en plus pour gagner vers la gauche le ravin.)
C'est Joël qui aurait été content. Hélas, Joël, il n'était pas là. Tous les absents, ce soir-là, avaient un peu plus tort que d'ordinaire. D'autant que la daube de taureau de JB et le vin de Jeanfi se complétèrent à merveille.
Waliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid se régalait. Et le bon docteur aussi. Jacky avait des frénésies taurines que Pépé calma de son mieux. Il apaisa ses ardeurs, craignant qu'il joue de la corne sur la nappe blanche. « Toréer, fût-ce toi, What Else, n’est plus de mon âge. » Malko était aux anges. « Dieu que le temps révolu de mes escapades est loin. Mon nomadisme viticole était une foutaise, une calembredaine. Au trou, le monde est à portée de la main. » Il se tourna vers JB et ne put retenir ses larmes.
Le lancer d'assiettes ne fut qu'une formalité. Dans les mains de JB, les assiettes sont des hirondelles. Il y a du Ramón Gomez de la Serna dans JB. Le fromage, et sa confiture de cerises, vint comme un andante. Et la tarte aux pommes avait tout de l’Adagio en si mineur, K. 540. Alors Seb entonna l'air de la reine de la nuit.
(Je n'ai pas parlé du pré. Comment parler du pré sans JB ? Un pré sans JB, c'est comme La messe en ut mineur sans son agnus dei, Don Juan sans son commandeur. )
Et c'est à la queu-leu-leu, sous l'air d'une petite musique de nuit, que les castors quittèrent leur trou.
Connaissez-vous l'incipit d'Aurélien d'Aragon, l'auteur de Je n'ai jamais appris à écrire ou les incipit ? Non ? Et bien je vous le donne en mille : « La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. » Rien à voir avec JB, j'en conviens. Encore que Bérénice ! Bon, j’arrête de vous les gonfler avec Titus, les incipit et tutti quanti. Et j’en reviens à JB ; car, on en revient toujours à JB. C'est comme en musique, on en revient toujours à Mozart. D'ailleurs, JB, c'est Mozart, sa passe est une sérénade. Et plus précisément la K 361, pour treize instruments à vent. Elle illustre le moment où cet empaffé de Salieri, dans Amadeus de Milos Forman, lisant la partition, se dit que le petit bonhomme est touché par la grâce. Salieri, c'est Tauzin. Sauf que Tauzin ne fut pas touché par la grâce d'une sérénade, mais par un uppercut de JB. Jamais, ce jour-là, on éprouva autant le sentiment que la boxe est le noble art par excellence.
Donc, il y a JB. Et JB était de bouffe. JB, il aime prolonger l'été. Aussi nous proposa-t-il du melon et un délicieux jambon que l'on pressentait de Parme. (Et s'il n'est pas de Parme, on s'en branle). Il aime aussi rassasier les corps éprouvés par les tristes crachins de l'automne. Aussi y alla-t-il de son pâté. Un bon et vrai pâté de campagne. Un hommage à Pioupiou ? Allez savoir.
JB est homme de tradition. Lorsqu'il se met en cuisine pour ses chers castors, c'est toujours avec du taureau. Et de mitonner une daube, comme Mozart mitonnait son Cosi fan tutte ou Dominguin une véronique. Nous, on se régalait. « Son altesse, ce taureau fut toréé à Dax » me glissa Lolo à l'oreille. Et lorsqu'il prononça le nom de la cité thermale, je crus qu'il s'agissait du soleil d'Austerlitz. (Le 2 décembre 1805, au petit matin, quand le brouillard qui entourait le plateau de Pratzen se dissipa et quand parut dans le ciel dégagé un soleil éclatant, « Napoléon, raconte Tolstoï dans La Guerre et la paix, comme s’il n’avait attendu que ce moment, déganta une de ses belles mains blanches, fit de son gant un geste aux maréchaux et donna l’ordre d’engager la bataille. Les maréchaux et leurs aides de camp galopèrent dans différentes directions et, au bout de quelques minutes, les forces principales de l’armée française se portèrent rapidement vers le plateau de Pratzen que les troupes russes abandonnaient de plus en plus pour gagner vers la gauche le ravin.)
C'est Joël qui aurait été content. Hélas, Joël, il n'était pas là. Tous les absents, ce soir-là, avaient un peu plus tort que d'ordinaire. D'autant que la daube de taureau de JB et le vin de Jeanfi se complétèrent à merveille.
Waliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid se régalait. Et le bon docteur aussi. Jacky avait des frénésies taurines que Pépé calma de son mieux. Il apaisa ses ardeurs, craignant qu'il joue de la corne sur la nappe blanche. « Toréer, fût-ce toi, What Else, n’est plus de mon âge. » Malko était aux anges. « Dieu que le temps révolu de mes escapades est loin. Mon nomadisme viticole était une foutaise, une calembredaine. Au trou, le monde est à portée de la main. » Il se tourna vers JB et ne put retenir ses larmes.
Le lancer d'assiettes ne fut qu'une formalité. Dans les mains de JB, les assiettes sont des hirondelles. Il y a du Ramón Gomez de la Serna dans JB. Le fromage, et sa confiture de cerises, vint comme un andante. Et la tarte aux pommes avait tout de l’Adagio en si mineur, K. 540. Alors Seb entonna l'air de la reine de la nuit.
(Je n'ai pas parlé du pré. Comment parler du pré sans JB ? Un pré sans JB, c'est comme La messe en ut mineur sans son agnus dei, Don Juan sans son commandeur. )
Et c'est à la queu-leu-leu, sous l'air d'une petite musique de nuit, que les castors quittèrent leur trou.
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