02 juin 2017

Le cuistot de bouffe: Le douanier à l'amande

Par Le Barde, Bardibulle et Bardatruc




"Au joli mois de mai, au pré vive la gonfle" chantonnait le Bardibule en foulant le synthétique. Dudu, lui, n'avait que faire de la chansonnette et s'adonnait à ses rituels. Il s'étirait, trottait, s'étirait de nouveau, s'étirait, faisait de petits pas, etc. Il pestait un peu en regardant l'état du terrain annexe et les méfaits de la morue. Fût-elle en fête.
 
Nous étions une quinzaine. À peine. Pas de Serge, de Seb, de Croucrou.
L'ambiance fut guillerette, le ciel clément et les premières passes laborieuses. Puis, le jeu se fit plus alerte, précis. Il y avait le camp des cannes et le camp des passes. Bon, ce n'était pas aussi binaire. Disons que ceux de Jean-Phi filaient droit lors que ceux d'Alban privilégiaient la transmission. Deux visions du rugby, deux visions du monde. Titi sait accorder les deux : il file droit à bon escient et sert ses partenaires quand il le faut. Le rugby est pinson. Toto était bien en cannes. Le jeu a besoin de passes et des jambes pour la finition. Il n’y a pas à dire mais la vitesse est un paramètre dévastateur dans toutes conquêtes d’espace. Einstein l’associe à la masse pour s’approcher de la lumière. Une relative éclaircie se dessine à chacune de ses multiplications. Si nous utilisons la formule mathématique et non moins universelle de notre rapport au temps, nous pouvons anticiper la perforation des défenses récalcitrantes et les prises de trou intempestives.
Qu’importe les gusses, le chiffre fait loi ! Il est bon d’avoir en premier rideau, voire en deuxième rideau, voire côté jardin un lévrier en bourre. Toto était en bourre. Au grand désespoir de tout perforateur numéroté. « La ligne est à moi, la ligne est à moi ! », avec ou sans la balle. La vitesse est plus forte que la masse.
 
Quant à Flo, blotti sur son aile, il nous gratifia d'un essai tout en débordement. Une merveille du genre.  Flo est un calculateur doodeleur et son équation l’a rendu sur le pré dans l’en-but. Le paramètre toto n’étant pas un inconnu dans son opération. La mise au carré s’est faite pour Peyo qui se prêta au jeu du chat et de la souris pour ne pas dire la fée des dents.
 
Peter :  « Qu’il est bon ce sentiment de courir la fleur au vent et la balle sans en avant… »
Pintxecouille : « Mmmm h  mmeo mmmme mmejom memme*… »* Kolkhozes toujours tu m’intéresses ! Le toucher c’est sérieux et à ta place je porterai un protège dent !
 
Peyo comprit que le castor écrivain est en grève de mots sans son mentor pris dans d’autres polémiques jogger. Question de lune apparemment après tout le 21 juin est pour le militant une entrée dans les hospices d’été. Comme quoi l’amour en phi se muselle tout simplement avec un protège dent. Du coup le castor insoumis garde son outil de travail intact. Pas bête l’animal ! Et Peyo de traduire à sa manière le meuhmeuh aussi insoumis : « Tu vois Peter un protège dent ça ne sert pas uniquement à garder canine, ça permet aussi de ne pas dire de connerie… Reste concentré et joue le ballon putain !!! »
 
Peter :  «Tu es jaloux ma poule, attends que je t’attrape et tu m’en feras aussi tout un poème. »
 
Sur ce,  Peyo prit le trou cette fois ci avec la balle. Le changement, c’est maintenant ! Ni une ni deux Peter poussa son ode et partit en chasse. L’action cajole la ligne. Le duel fait éclat ! La course se joue à deux, l’un avec la balle, l’autre sans protège dent.  Et ce fut le drame. Peyo coupa la chansonnette par un coup de coude malencontreux. Et à ce jeu, c’est la dent qui perd.
 
Peter le sourire ventilé de houspiller :  « Qu’il est fon fe fentiment de fourir la leur au fent et la falle sans en afant… »
 
Pintxecouille libéra ses dents toujours intactes par sympathie et articula en bon révolutionnaire du beau jeu un leitmotiv digne de ses parties « A toutes causes perdues, l’espoir d’une nouvelle colle cause…». Le barde est aux anges. L’aération fait révélation à défaut de révolution.
 
Quand vient le temps du douanier, le trou est au beau.
 
Jérôme avait choisi la fin du printemps pour nous régaler. Le grand Tom était là. Lolo et Guitou itou. C'est toujours mieux quand ils sont là. Comme Jérôme est sans frontières, il ouvrit nos palais à l'Espagne, puis à l'au-delà de Gibraltar avant de revenir vers la douce France. Une invitation au monde. 
 
Le Gaspacho était froid. Les croutons en mire et l’Espagne en pointe. L’été se rapproche enfin. Pour le douanier, le dépassement des frontières fait son dada. L’Espagne est proche. La montagne est belle du coup, il nous refroidit avec une soupe. Pépé aime le moulu et partit comme nombreux sur une resserve bien appréciable. La frontière des délices n’a pas de secret pour notre garde barrière. L’homme est serein. L’ambiance est dans le rafraichissement même Piou Piou rigole. L’art de la rigole est technique. Du coup l’homme profita de tous ces mets le cul mouillé. Prof sur le sujet tape des allers retours passionnés. Les castors sont ainsi, ils aiment parler même si cela reste une affaire de cul mouillé. La soupe à peine réchauffée par la discussion fit place à du poulet.
 
Du cul mouillé à une poule mouillée, il n’y a pas de frontière qui tienne. Du coup le douanier sortit l’artillerie. Celle des saveurs orientales qui occupèrent l’Espagne. L’identité se fait dans la différence. Le poulet tient des saveurs citronnés, des olives de Médine, des épices de Casa. L’art est extrême dans l’orient. La semoule comme appui. Le plat reste une conquête réussie.
 
 
Le lancer d'assiettes fut à la hauteur de Jérôme, c'est-à-dire à la bonne hauteur. Sauf pour Hamilton inhabituellement maladroit à la réception. Et pour Pépé. Il manquait les quelques centimètres nécessaires à sa main gauche. En sorte que la vaisselle se fracassa sur la table. Sans conséquences. Pépé reprit sa conversation de plus belle. Flo et le Prof, eux, étaient engagés depuis belle lurette sur les incertitudes de la vie de couple. Flo jouait les gardiens d'un temple dont les bienfaits ne sont plus à prouver. Quant au vieux quatre, il filait la métaphore végétale sur l'art de brouter le pré. Il lui manque le pré au vieux quatre.
 
Le fromage était en trio. Avec un saint-nectaire de haute tenue. Lolo aime le saint-Nectaire. L'affaire est entendue. Il ne restait plus qu'à aborder le dessert. Des œufs au lait paraît-il. Un retour à l'enfance. Amélie était aux anges. Et le reste de la tablée aussi.
 
Il était temps de passer au comptoir pour une belote éponyme. Seuls cinq joueurs. Les trois bardes, ceints par Hamilton et Titi. Le Barde l'emporta. Une première. Le Bardatruc eut un peu moins de chance. Il y a des mardis sans et des mardis avec. Peyo et Flo bavardaient à l'autre bout du comptoir. Le trou se dégarnissait lentement.
Un léger vent du soir effleurait la ville. Le vieux quatre fixait des vertiges. "Nous avons des nuits plus belles que nos jours" soupira le Bardibule. Et de s'enfoncer dans la nuit.

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