26 juin 2017

Les cuistots de bouffe: Un tian vaut mieux que deux tu auras...

Par Bardibulle et Bardatruc



A notre arrivée, la chaleur caniculaire de l'après-midi avait laissé place à une chaleur caniculaire du soir.

Mais bon sang, pourquoi jouer dans ces conditions, le Castor souffrirait-il à l'instar de l'humanité de cet ethnocentrisme infaillible lui laissant croire qu'il est plus fort que la nature.
Quel Dieu cruel éprouve son adoration en lui imposant tant de souffrances ? Etait 'il judicieux d'emprunter ce chemin de croix sans nos deux guides absents pour cause de fourneaux ? Nos guides sont des artistes dégagés pour ne pas reprendre Desproges. Les deux font la paire du coup ça fait quatre. Il en est ainsi lorsque le calcul fait le compte. Quatre sur un pré ça fait beaucoup, sans compter les plumes. L’un joue sur la lumière l’autre sur les Lumières. L’esprit de Montaigne et de La Boétie auraient inventé le rugby si ils n’avaient pas été si préoccupés à découvrir la liberté. Eux aussi ils comptent pour quatre. L’invention n’est-elle pas une découverte en soi ? Le trou en est une réponse. La création nait du trou et vice et versa. La preuve est par sa constance. Si Hamilton ou le Barde ne jouent pas sur la pelouse c’est qu’ils sont de bouffe ou que leur corps (enveloppe charnelle plus ou moins enveloppée et plus ou moins pileuse) soumis à l’esprit soit blessé dans sa chair. Une vague a l'âme ! Vous l’avez compris, le Barde et Hamilton sont au pré comme Charlie et Dudu pour M6 indissociables. D’une petite chaine qui monte, à l’esprit qui s’échauffe. Il n’y a qu’un pas. Le Barde est poète et illumine ses percées à coup de pieds sans césure dans l’hémistiche. Hamilton toujours un œil averti et nostalgique d’une enfance qui court. « Des chérubins bien urbains. » Me souffle Titi amateur de réclame à ses heures !

Qu'importe le Castor aime le tragique et le beau, même si le jeu fut uniquement tragique.

A bout de souffle et éreinté de chaleur au bout de 10 minutes les lignes d'attaques étaient aussi profondes qu'un dé à coudre ou alors si désertiquement plates que personne n'était sûr que son coéquipier fusse un mirage ou une réalité. Les ballons tombés eux, étaient bien une réalité.

Evidemment, certains craquèrent physiquement et surtout moralement laissant divaguer leurs interprétations hallucinées de règles totalement fantasmées. Incapable de reprendre le dessus, certains chargèrent à l'épaule, d'autres allaient se prosterner devant un poteau, arrachaient leurs chasubles ou plus simplement allaient prendre leurs douches.

Il faut bien le reconnaitre, de nouveau : la nature vainquit et le Castor vaqua…à son occupation jouissive du mardi soir : la première gorgée de bière avec les amis.

Au trou, nos bergers avaient préparé avec leurs bienveillances naturelles un très bon repas.

En entrée, salade de tomates, feta, feuille de basilique, accompagnée de sa vinaigrette légère. Cette fraicheur fut grandement appréciée. Le plat fut dans la logique : tranche de tomates et courgettes au four accompagnée d'un petit sauté de lapin pour certains, porc laqué pour d'autres, c'était en fait du poulet. L’art est dans la poule. La création se tient en couche. Le tian en voilà une, tian prends en une autre. Et voilà la farandole de légume de saison. Le délice est dans la couche. L’art est visuel, le gout musical. Nous entendîmes les grillons. Les gambettes par cette chaleur se frottent. Qu’il est bon de flirter avec le complexe de la simplicité. Point de fioritures juste le noyau des choses en tranche fine. La lumière se veut jaune, verte, rouge. Les saveurs dignes des marchés de Provence. Dudu à défaut d’olives se régale en couleur. Il travaille d’habitude en négatif. L’été est bien là. Coco aussi. La transmission a sa plume et sa lumière. Les deux valent quatre. Il en est ainsi quand l’art compte double ses étalons qui poussent leur dada au loin. La Boétie cultive la liberté tandis que nos cuistots assaisonnent notre quotidien de castor. « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux » reste en fond pour tout esprit épris de liberté et de lumière. Le castor poète ne le sait que trop et se refuse à tout autre commentaire. Ils siègent alors en César. Sans commentaires cette fois-ci ! La liberté il l’exprime en légumes. « Le tian n’est grand que parce qu’il nous met sur le cul ! ». On peut être outillé en littérature sans être câblé en anatomie. Le corps n’est qu’illusion et l’esprit que vérité.
 

Le lancer croisé de notre binôme aurait été parfait si certains Castors mal habilles n'avaient été destinataires de l'offrande. Un petit bout de bleu et de mimolette précéda un ananas juteux et sucré. Si le divin n'est pas toujours simple, le simple est toujours divin. Dans le dit vin nous eûmes du Sabite en rosé. L’arroseur à rosé !


La belote ne fut pas très brillante comme d'hab' et si Perdigue termina premier ex-aequo, Serge s'empara avec autorité de la dernière place ! La fin de la soirée fut l'occasion d'un échange doux et chaleureux en petit comité.

Coco, en patriarche exigeant et probablement soucieux du bien vivre, s'enquit avant de partir, de l'avis d'un stagiaire sur le club des Archiball. La réponse fut simple : c'est là que je reviens tous les mardis, mossieur. Etait-il satisfait de cette réponse parmi mille possibles ?
 
 
Aucune certitude, toujours est-il qu'il peut être fier d'avoir été le créateur de ce club il y a bientôt cinquante ans si les médecins arrête de l'emmerder !

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