Par le Barde, Bardibule et Bardatruc
Il y avait encore quelques tentes et cabanes, çà et là, comme nous nous dirigions vers Musard. Une affaire de gadiforme de la famille des gadidae. Bègles était une ville de morutiers, de maraîchers et de cheminots. « Le passé traîne ses restes dans le présent » écrivait le Sartre de Bonaparte.
Sur la pelouse synthétique, nous étions neuf et pas si vieux ! Ni plus, ni moins. Pioupiou était là. Le cabillaud n’avait pas éteint ses ardeurs. Yann Larroumecq aussi avait fait le trajet. Nous commençâmes par un gagne terrain. Une variante rare du mardi. Le rugby ne répugne pas au pied. Puis nous prîmes le ballon en mains, l’humeur guillerette. En sorte que la performance ne fut pas de mise. Seul le jeu l’emportait. Des enfants de la balle, des gavroches du pré.
Yann domina les débats de la tête et des épaules. Tom virevoltait, le Barde distribuait ses offrandes. Ben avait des courses tranchantes et la main dans un gant de velours pour servir des caviars pas toujours bien exploités. Et Dudu, comme d’ordinaire, psalmodiait ses règles. Ainsi admit-il un coup de pied à suivre que nos coutumes abjurent. Il est comme ça Dudu. Pascal Apercé mit beaucoup de vitesse dans sa ligne peut-être trop car au moment de résoudre l’équation 3 contre 1 = j’ouvre, il fit des retours intérieurs nous enfonçant brutalement dans les mystères de l’arithmétique.
Les trois bardes allaient leur train. Le Bardibule excellant dans l’interception ou l’en-avant grossier. Un empêcheur de passer en rond au fait de son art. Le Bardatruc s’interrogeant sur une percute avec ou sans ballon. Le Barde en chanteur solitaire pleurant l’aziza à chaque ballon tombé. Croucrou espérait des espaces qui ne s’ouvrirent qu’avec parcimonie. En même temps pour laisser passer la bête je ne vous dis pas la taille de l’intervalle! L’absence de Sergio peut-être. Pioupiou en l’absence de Peter démontra des qualités de jongleurs indéniables. Enfant de la balle vous dit-on.
Le trou était (trop) peu garni. La présence de Coco l’augmentait. Pépé était en forme. Nous restâmes dans le gadus morhua. Et ce furent tout naturellement des acras qu’Ithurbide nous offrit en ouverture. Avec une petite sauce à damner tous les saints.
La brandade fut servie en quantité généreuse avec une jolie mâche très bien lavée. C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup : “une mâche bien lavée, c’est bien plus agréable à mâcher ! “ (Cf. paroles extraites du 45 tours de France Gall face B “Mâche-moi salaud !”, face A “Les sucettes” - 1966)
Le lancer d’assiettes fut aléatoire, alternant le meilleur et le pire, sous l’œil courroucé de Coco. La Jacouille fut à la hauteur. Le prof aussi. Inspiré par la morue, il livra avec le grand Tom un bel échange sur les voiliers. Amélie était bien, conversant de-ci de-là, qui sur les vertus des grands fonds, qui sur le rugby d’antan et d’aujourd’hui.
La belote commença sous de mauvaise augures : l’œil malicieux de Cambot était humide…L’énergumène imprévisible se permit de plier la partie tout en assurant au téléphone le SAV… Le jeu ne fut pour autant pas extraordinaire et assez peu constructif puisqu’aucune baraque ne fut réalisée.
La pluie s’était interrompue. Les Capus étaient paisibles. Hamilton remonta le cours de la Marne de son coup de pédale délié et sûr. Comme étranger au bruit du temps. Croucrou roulait vers son village. Le vieux quatre susurrait une nuit d’hiver mélancolique. Quant au Bardatruc, il s’adressait aux étoiles. “Celui qui s’oriente sur l’étoile ne se retourne pas » écrivait ce bon Léonard.
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