Par le Barde et le Bardatruc
Le printemps touche à sa fin. Deux jours encore. L’été pointait son museau à Musard. Il faisait chaud, très chaud. Fut-ce la raison de notre faible nombre ? Huit, ni plus, ni moins. Les mardis se suivent et se ressemblent. Plus qu’un pour clore la saison. Espérons que la chambrée sera plus abondante.
Un temps à affiner les silhouettes de nos castors ayant accumulé quelques embonpoints pendant cet hiver sans fin. A ce jeu, Titi a pris de l'avance et ça se voit sur le terrain. Cadrage débord, sa course féline mît la pagaille dans la défense adverse. D'un autre côté, il n’a pas trop le choix s'il veut rentrer dans le costard du mariage auquel il est invité la semaine prochaine ! Notre Barde, gâté par la nature, n'a pas besoin de cela pour sculpter son corps, cependant sa régulation thermique le mît à plat plus vite qu'un lapin duracel à l'instar de la majorité des joueurs d'ailleurs.
Toutes choses qui n’empêchèrent pas les officiants de taquiner la gonfle avec plaisir. D’autant que le Tarbais était de retour. En sorte que le jeu fut virevoltant. Même si c’est l’équipe à Sergio qui l’emporta. Avec le Bardatruc et son petit. Perdigue avait bien choisi les siens. Ceint de jaune, on eût dit un bouton d’or.
JB nous regardait du bord de la touche. Même quand JB ne court pas, il court quand même. Je veux dire que son ombre imprègne nos gestes. Pioupiou aussi était sur la touche. La faute au Bardibule qui lui avait taquiné les côtes contre Mandragon.
De petites touffes d’herbes sauvages émergeaient du synthétique pour le bonheur du Bardatruc. Il y voyait un signe du destin. De temps à autre, il s’agenouillait pour mieux les observer. Si Hamilton avait été là, sans doute auraient-ils été deux à célébrer le sauvage. En bons disciples d’Hopkins.
Dans les douches, fourbus par l'effort et dégoulinant de sueur, quelqu'un demanda ce que Max avait cuisiné la dernière fois. Quoi, un aligot, espérons qu'il aura changer de recette…
Au trou, il y avait Maxime. Maxime, il faut son devoir. Et ce ne sont pas ses deux Sèvres qui l’en empêcheraient. Pour nous mettre en appétit, sitôt descendus l’escalier, nous pouvions voir nos assiettes garnies de tranches de tomates, de salades et d’une fine galette d’omelette. Une mise en bouche délicate et soignée.
Pépé tonna. Tous de se mettre à table sagement. Le Prez était là. Il se remet de ses affres ligamentaires peu à peu. Jacouille psalmodiait les bienfaits des beaux jours. Le vieux quatre murmurait sur le monde. Le Prof, digne, susurrait en alexandrins les grâces du temps qui passe.
Vint l’aligot et ses saucisses. Maxime a une conception hivernale du plat principal. Il se fout des saisons. Et il a raison.
Aligot est une graphie francisée du mot rouergat alicouot (ou aligouot) désignant le plat fromager à base de pommes de terre et de tome fraîche. L’origine de ce terme donne lieu à plusieurs interprétations. Dans le Trésor du Félibrige, Frédéric Mistral fait intervenir la racine latine aliquid, signifiant « quelque chose »tandis que Robert A. Geuljans dans le Dictionnaire étymologique de la langue d’oc propose le verbe français ancien haligoter, signifiant « déchirer, mettre en lambeaux », lui-même dérivé de la racine bas francique harion « gâcher », qui a également donné haricot, au sens de « ragoût » dans haricot de mouton.
Il resta quelques saucisses. La faute à une assemblée trop restreinte. Pas à la saucisse qui était ferme et bonne. Il était été mis de passer au fromage bien qu’on ne l’eût pas quitté, aligot oblige.
Mais, auparavant, il fallait bien lancer l’assiette. La première ne trouva pas preneur et s’affala sur le carreau du trou. Puis tout revint dans l’ordre. De petits chèvres et un Cantal firent l’affaire.
Restait le dessert. Toute la générosité de Maxime s’exprima dans la variété qu’il nous proposa : tartelettes, flans, gâteaux basques. Nous étions repus à souhait.
La belote de comptoir pouvait se dresser. Sergio l’emporta. Les mains étaient faibles. Il y eut un perdant ; peu importe son nom. Était-ce Jeff ? Était-ce le tarbais ?
La nuit nous attendait. Un ciel immaculé ponctué d’étoiles. Hamilton partit une baguette à la main vers sa rue musicale en sifflotant du Haendel. L’ode à Sainte-Cécile bien sûr. Tandis que le vieux quatre demeurait fidèle à son Schubert. Plus qu’un mardi avant la par-là ou la pétanque. Et c’est notre Don qui sera de trou. En conclusion d’une saison de plus. Une belle saison.
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