30 novembre 2018

Régis à la mêlée des saveurs

Par le Barde et le Bardatruc

L'oeil averti du castor remarquera le Castor sculpté dans la pâte

La pluie jouait au chat et à la souris. Pas une goutte ne tomba. Tant pis pour la pluie et tant mieux pour nous. La garce n’allait pas ajouter son grain de sel à nos maladresses coutumières.

Il y avait encore beaucoup de jeunes pousses. Ça gambadait. Les vieux faisaient contre mauvaise fortune bon cœur. Et tirèrent leur épingle du jeu. A l’exception de Dudu. Il n’avait pas choisi le bon camp.

JB observait du bord de la touche. Encore quelques mardis, et il rejoindra le centre de l’attaque. Hamilton aussi. Un rééquilibrage générationnel en somme. La bande à Sergio l’emporta. Sans tarbais. Mais avec le Poulpe. Et le fruits des amours de Lolo et Caro : Thibaut, entiché du fils de Pinpin. Ce petit côté famille avait bien du charme.

Nous avons enfin l'explication à la présence de JB sur les bords du terrain le mardi soir. La raison est malheureusement médicale, il souffre de sécheresse oculaire. Son ophtalmologiste lui a donc prescrit une hydratation hebdomadaire. Plutôt que de prendre un rdv contraignant, il a trouvé cette solution qui joint l'utile à... l'utile, à savoir nous regarder jouer. Vu le niveau d'hier soir, il a dû écourter la séance !

Au trou nous attendait Régis, expert en mots mêlés, il emmêla s’en s'emmêler les mets à se pamoiser. A commencer par une soupe marocaine qui lui rappela son adolescence aux émois censurés. Si celle-ci fit le bonheur de Pépé qui en mange midi et soir, elle fila également la banane à tout le monde car l'harira bien qui rira le dernier.

Une soupe de pois chiches et de lentilles avec sa touffe de coriandre. A la vue de la touffe de coriandre, le regard de Peter s’illumina. Pour le coriandre bien sûr. Il n’aime rien tant que ces pincées de tendre qui épicent la vie. Mais pour en revenir aux pois chiches et aux lentilles, leur mise en soupe était parfaite. Chacun de savourer. Lentement. Il y avait du velouté dans cette entame. Regis, tout de noir vêtu, le crâne ceint d’une toque noire, souriait.
Puis vint le plat de résistance. La tablée entonnat donc le tube du mois "Rougail, le mardi..." mais ce fût un plat québécois qui arriva copieusement sur la table : une tourtière du Lac St Jean.

D’un continent l’autre. On sait l’amour de Régis pour le hockey sur glace. Il rend à César ce qu’il lui a donné. Ce César-là est fils de l’érable. Pas de la coriandre, de l’érable.

La tourtière est un met folklorique québécois de la famille des tourtes, associé à la région historique et culturelle du Lac-St-Jean. Plat roboratif à base de viande cuite dans de la pâte, la tourtière dite du Lac-St-Jean se diffère au moins par sa pâte plus épaisse, la présence de cubes de pomme de terre et de viandes et de bouillon. Cette tourtière se distingue également du cipaille de la Gaspésie par le fait que ce dernier possède plusieurs couches de pâte à l'intérieur du plat. Cette parenthèse culturelle a été rédigée par mon fils qui me jure qu’il n’a pas plagié wikipédia, p’tit con !

Assez peu de commentaires sur la dernière prestation de l’équipe de France finalement très mal nommée puisque d’équipe il ne peut être question.

Jeff nous parla de carrosserie et déclara sa flamme pour Pininfarina, celui qui sut donner de l’élégance à tant de cabriolets et de coupés. JB opinait. Il y avait de la nostalgie dans les propos de Jeff. Les courbes d’alors avaient une autre gueule. Une affaire de ligne. La ligne est tout. Il s’y connaît en ligne Jeff. Qu’elle soit carrossière ou rugbystique. Ah ! Si j’étais carrossier chanta-t-il sur l’air de Ah ! Si vous connaissiez ma poule. Et d’imaginer des véhicules recouvrant les formes d’antan. JB versa une larme.

Poulet, lui, papotait avec Hamilton. Amélie déclarait sa flamme au jeu des fidjiens. La Jacouille allait son coup de fourchette et trempait ses lèvres dans un Saby rosé. « Tu devrais remplacer Brunel » dit-il à Amélie. « Avec Cambot, le renouveau !» ajouta-t-il. Mais Amélie n’a pas l’âme au coq ; il est tout à ses six poules. Demain, il ramassera ses œufs. L’avenir se tient là.

Régis a le cœur sur la main. En sorte que son lancer ne fut qu’altérité. Les assiettes traversaient le trou avec une grâce indescriptible. Les mains se tendaient avec volupté. Point de casse. JB versa encore quelques larmes. Le Bardatruc aussi, sis en face de Pépé, à la place du Tcho.

Trois fromages. Un trio de fromage. Tous à point. Munster, camembert et consorts.

La culture basque conclut nos agapes. Deux gâteaux éponymes. Qui a la cerise, qui a la crème pâtissière. Trois continents en une seule soirée. Ce goût du mélange honore notre bardibule. Un hommage à Montaigne : « On dit bien vrai qu’un honnête homme est un homme mêlé. »

La belote de comptoir vit une victoire sans bavures d’Hamilton. Sa main fut heureuse. Celle de Dudu itou. Le Tarbais eut des audaces à succès. Sergio et Jeff ramaient. Ils s’affrontèrent pour la dernière place. Peu nous chaut le vaincu.

La nuit était paisible. La pluie était toujours réticente. Le bardibule sourit à la nuit. Le vieux quatre grommelait contre les nuages. Peter arborait une touffe de coriandre.

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