05 février 2019

50 ans de Bouffe: Leo des hurlevents...

Par Le Barde et Bardibulle



La tempête balayait Musard. Des rafales cinglaient leurs corps dressés, fiers, indifférents aux caprices du temps. Le ballon était balloté par les sautes de vent. N’importe, ils le saisissaient comme si de rien n’était. Ils avaient pris la mesure de Gabriel. « Ce n’est qu’une peccadille » leur avait dit Perdigue dans les vestiaires, « Le pré nous appartient, et rien ne nous empêchera de taquiner la gonfle. » Flo demeura dubitatif, mais suivi ses pairs. Pour sa plus grande joie. Jamais il ne fut aussi aérien sur son aile. Certes, il courrait vent arrière, mais le vent arrière ne saurait expliquer à lui seul la grâce d’un soir. Les éléments ne sont jamais contraires lorsque l’on aime.


Le contraire s’oppose à l’évidence. « Le ballon n’a qu’à bien se tenir » souffla un gros en canne. Les gros dans les rafales font l’avantage sur les maigres en gardant les pieds sur terre. Pour l’identifier le gros dans la poussière soulevée, il faudra une éclaircie qui ne viendra pas. Le relief n’a pas de limite pour transpercer les nuages, mais là le vent fait loi. Tiens dans la volée des feuilles mortes un maillot d’Arlequins, va courir, toi en nocturne, aveugler par des lunettes de feuilles d’automne en résistance. Une volée de branches s’éclataient devant nos castors aguerris, les flèches tordues se rompaient devant nos lignes acérées. Les castors ne craignent pas l’averse citée. Leur ambition ultime est dans l’aplatir ! « Pleuve qui voudra ! » gémit Perdigue sa barbe enchevêtrée dans des branches en barbelés. Piou Piou nomma le comble de la barbe et mis un sens poilu dans les barrières qui piquent.

Heureusement notre Barde se dégagea de la tumulte, et nous trouvâmes une lumière dans son panache. « Castors ! Il fait sombre ! Suivez-moi à la voix ! ». La boutique sur ces propos opta plus pour un chech que pour le panache. Le blanc dans le noir c’est noir. Il n’y a plus d’espoir…

 « C’est le vent qui parle ? » douta aussi Peyo. « Putain les gars suivez ma voix ! » Cria de nouveau le vent. L’esprit du temps pète les gloires à venir en absence de voyelles et bégaie les consonnes à la hache. Le « Chech qui m’aiment me suivent ! » nous ramena à notre chevelu préféré même dans l’adversité sa coupe est pour nous un trophée.

Il fallait voir Titi délivrant des passes millimétrées, comme s’il avait apprivoisé le vent. Perdigue libéré se prenait pour Campese et le doc lacérait la bourrasque de ses courses tranchantes. Le bardibule jetait un œil goguenard au ballon avant que d’entreprendre les interceptions dont il a le secret. Et Christophe imposait sa masse aux intempéries accessoires.

Non, ce n’était pas l’apocalypse ; c’était un soir d’hiver courroucé, venteux, hostile qui voulait faire la nique aux castors. Mais de nique, il n’y eut point. Une petite pique aux éléments contraires en somme, une leçon de vie.

Léo était de trou. Des plateaux d’huîtres effilés parsemés la nappe. Le Sabite était dressé. Comme la première belote de comptoir. Le Prez, Pépé, Lolo, la Jacouille se pressaient l’un contre l’autre. Il ne resta que des coquilles vides.
Elles viennent de la Mer nous rappela le cuistot qui douta de nos papilles. Elles portent un point G plus facile à trouver sur l’huitre qu’ailleurs. La perle du féminin sacrée. On dit un huit et une huitre. Il n’y a pas de hasard. Il y a du féminin dans cette entrée où je ne me trompe pas. Les huitres sont de renom. Il y aura deux sortes. Les ouvertes ou bleues. Elles sentent bon l’île d’Oléron. La précaution est pour Pépé.

Et ainsi naquit la Gillardeau :
 
 
Le poulet et flageolets pour retrouver l’ambiance de la terre.

Un lancer d’assiettes sobre et juste. Pas une ne chut. Pour ne pas sombrer dans la perfection, Léo adressa un ustensile en direction. du vide. Le fromage ne fut qu’une formalité.

Comme le mardi précédent, nous eûmes droit à des galettes. L’une parisienne, l’autre pas. Pépé fut le roi, cela va de soi. Il goûta des deux en bon souverain. Puis reprit quelques uns des épisodes de sa légende. Nous étions tous bouche bée. L’anglois en prit pour son grade. Nous eûmes droit, en effet, à des périples d’outre Manche.

L’ultime belote d’un soir délivra un verdict ordinaire. Le barde, la main pauvre, en fut pour ses frais.

Il crachinait. La nuit était tristounette. Perdigue se lança dans un pas de danse d’abord hasardeux puis de plus en plus léger, astairien. Le barde chantonnait les demoiselles orphelines. Il faut enchanter le monde. Avec ou sans pluie.

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