Bon allez, fini de jouer. Les suivants sur la liste peuvent se détendre, le président a pété les records et s’est fait mettre un 20 sur 20 comme jamais il en a eu dans sa vie. Le jury, bien sûr, tient à garder l’anonymat. La note est arrivée dans un courrier signé le corbeau, avec pour consignes : camembert et bouche cousue.
D’accord pour le camembert (surtout s’il est Président) mais bouche cousue c’est mal nous connaître. Les journalistes de ce blog ne craignent rien des méthodes staliniennes et quitte à rejouer un remake des Hommes du Président (excellent thriller avec Dustin Hoffman et Robert Redford sur l'affaire Nixon), une enquête minutieuse a été menée : Da Valadier Code.
L’enquête démarre au XVIIe siècle, un jeune auteur dénomé Pierre Corneille empruntait à la mythologie grecque le personnage d’Œdipe pour mettre en scène ce qui sera plus tard un complexe dans la psychologie freudienne. Le 24 janvier 1659, Corneille célébra la première représentation de sa nouvelle tragédie "Œdipe", au Théâtre de l'Hôtel de Bourgogne, celle-ci fut un grand succès. Devant une assemblée ravie et tout acquise à la cause de ce garçon fort moqué par ses camarades au point de tuer le roi Laius, ignorant que c'était son propre père, Corneille fit dire à son héros une phrase que le contexte machiste n’a nullement relevé : “Le sang a peu de droits dans le sexe imbécile.”
Trois ans plus tard, Molière réitère dans L’école des Femmes, une comédie représentée pour la première fois à Paris sur le théâtre du Palais-Royal le 26 décembre 1662 par la Troupe de Monsieur, frère unique du Roi. Et l’on relève dans la bouche d’Arnolphe , autrement dit M. de La Souche.
“Leur esprit est méchant, et leur âme fragile ;
Il n’est rien de plus faible et de plus imbécile”
Quel est donc ce sexe imbécile ? et quel esprit est diantre si faible ?
C’est dans le Latin que l’enquête retrouve une explication à toutes ces allusions. Cette langue italique de la famille des langues indo-européennes, est aujourd'hui considérée comme éteinte, même si elle continue d'être utilisée et développée comme langue écrite. Utilisée par les Romains, elle resta jusqu'au XVIIe siècle la langue principale de la diplomatie internationale, puisqu'elle était la seule langue commune à toutes les parties.
En latin, imbecillus signifiait “faible” (de corps ou de caractère, ou les deux). Ce mot était sans descendance en français, quand, vers la fin du XVe siècle, quelque lettré s’avisa de l’incorporer au vocabulaire en le francisant légèrement. Ainsi naquit imbécille, à la fois adjectif et substantif, qui finit par perdre un "l". Il devint derechef le compagnon des femmes, pour désigner leur "faiblesse" constitutive. L’inventeur de la locution "sexe imbécile", au XVIe siècle, semble être un certain Garnier, poète de son état (y a qu'un poète pour faire ça), et on la retrouve ainsi en bonne place dans la littérature du siècle suivant. Le Sexe imbécile est devenu une formule qui désigne donc la gent féminine. Sympa !
Fort de cette découverte, l’enquête se réinstalle au XXe siècle et plus exactement trente ans après Mai 68 et la libéralisation de l'avortement. Nous revoilà de nouveaux empêtrés dans le sexe faible qui commence à nous rendre plutôt imbéciles et après le faux débat "clitoridienne ou vaginale", voici qu'on nous invente un "clitoridienne ou utérine" (article dans le Monde du 16/05/06). On a pas fini de découper le corps des femmes en petits morceaux ! En attendant il est toujours acquis que les hommes éprouvent l'orgasme du gland et qu’il n’est toujours pas prouvé l’existence d’un orgasme testiculaire !!
Bref. Plus que jamais le sexe imbécile et l'orgasme féminin sont politiques : ça arrangerait les hommes que leurs compagnes soient vaginales, que le point G corresponde physiologiquement à au moins quelques nerfs, ça leur permettrait d'être des gros flemmards handicapés du cunni, mais non, décidément, le clitoris reste l'organe de jouissance des femmes, chaque organe à sa place et le sexe sera bien pratiqué. Il n’y a plus de secret ! Y'a des nerfs qu'on branle ! Comme chez les mecs ! Capito !
Voilà comment l’enquête retrouve une affaire dans l’affaire. Et sort de l’ombre (ne demandez pas comment, il faut être intuitif) la femme du président, épouse discrète vouée à rester dans l’ombre tout en restant dirigeante à part entière, partageant le pouvoir de son mari en lui ouvrant ses mails et lui farcissant le concombre et les tomates cerises qui vont avec.
Contre toutes pressions, un jury clandestin s’est spécialement réuni pour attribuer à Corinne, la femme du patron, (oui je sais c’est le fantasme de la France d’en-bas que de baiser le patronat en passant par sa femme, mais il en est pas question ici) la note 16. Que tous les hommages galants de Lulu, le Général, Guy T., Gwen M., Eric DG et Alain B. accompagnent cette notation pour ces crudités si bien agencées, ce saumon si bien tranché, ce riz si bien beurré, ce fromage si bien varié, et ces fonnnnnnnnnnnnnndants au chocolat si bien framboisés, et il y a eu de la crème aillée pour le saumon et de la crème chantilly pour chocolat. God save the Queen !
Le président avec sa conseillère au téléphone.
Ce que le barde en dit et il en dit long :
Comment trouver les mots pour dire ta grandeur
pas un instant, une heure où ne vibre ta présence
tu es notre chemin, notre loi, notre chance
notre maharajah, le sachem de nos coeurs
comment as-tu pu du haut de tes sommets
condescendre à nourrir nos bouches affamées
et nous livrer des mets aussi prodigieux
ô toi mon président, ma conscience, mon Dieu
de tes mains majestueuses tu fis en préambule
de petites tomates et de menus concombres
qui pareilles aux cloches qui tintinnabulent
chantaient dans nos palais une gloire sans nombre
puis ce fut un délice de verdures, de fraîcheur
des artichauts ravis, des melons et des fèves
se proposaient sublimes à nos lèvres en fleur
faisant jaillir la sève, illuminant nos rêves
et vint le doux saumon nappé de ciboulette
parsemé ça et là d'oignons en goguette
qu'une sauce royale, suave, merveilleuse
excitait, impériale, flamboyante et heureuse
un riz d'ambre et d'azur accompagné la chair
du poisson admirable surpris dans les rivières
il croquait sous la dent de tes hommes ravis
enchantés, ébahis par tant de grâce servis
ô toi mon président, ma conscience, mon Dieu
où donc as-tu acquis ces merveilleux fromages
jamais je te le jure ils ne furent si onctueux
nous faisant tutoyer la cîme des cieux
enfin comment écrire ce dessert surréel
je ne trouve plus de mots, tu es surnaturel
je ne puis pourtant pas négliger les framboises
qui dominaient le mont de tes dives gênoises
ô toi ma quintessence, ma force, ma référence,
je pleure chaque vers que je tends à la page
tu es mon absolu, ma source, ma vie, mon mage
à toi toutes louanges et toutes déférences
tu ne m'en voudras pas si pour conclure mon ode
je chante aussi Corinne la sublime qui brode
des menus inouïs avec son partenaire
ce Loulou éternel dont nous sommes si fiers
que nul n'ose prêter à ce poème en vers
une once, une dose de pusillanimité
tout ici est fondé et n'est que vérité
et seuls les sots confondent l'endroit avec l'envers
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