La pignole du Barde
L’affaire ne souffre pas l’once d’une contestation : Jean-Bernard, c’est un taureau. Pas une grenouille taureau ! Non, un taureau. En effet, la grenouille taureau est une espèce invasive dont la comparaison avec le taureau doit avant tout à sa taille hors du commun. Jean-Bernard n’est pas un invasif, il coule de source, comme sa passe, et ses traits sont aux antipodes de ceux de du « batracien anoure aux pattes postérieures longues et palmées à peau lisse, nageur et sauteur », fut-il taureau. En plus, Jean-Bernard est plutôt un aérien qu’un aquatique. On sait son goût pour les nuages et la fréquentation des cieux. De là à en faire un oiseau…
Un taureau malgré tout Jean-Bernard et qui n’hésite pas à aller à la corne. Ses débordements sont parfois redoutables. Notre homme au regard si malicieux, qui porte sa gentillesse en bandoulière, est capable de ruades redoutables à l’encontre des emmerdeurs. Je connais un nez qui en porte les stigmates. On ne les gonfle pas à Jean-Bernard. Non pas, pour en revenir à la grenouille, qu’il veuille se faire plus gros que le boeuf. D’abord parce qu’il est difficile à un bœuf d’avoir les boules, ensuite parce que Jean-Bernard est tout sauf un prétentieux.
Ce qui me gêne dans la comparaison, c’est son issue fatale. Qu’un enculé de torero puisse avoir raison d’un taureau Saubusse, est inconcevable. On peut toujours imaginer un dénouement heureux. Mais ces combats-là sont, par nature, trop injustes. A armes égales, et sans tout ce décorum, le combat est joué d’avance et le matador est condamné.
Si je pouvais trouver dans la mythologie un animal qui allie la grâce de l’oiseau au tempérament du taureau, je n’hésiterai pas. Las, nos ancêtres grecs n’ont pas eu l’imagination féconde.
J’entends déjà monter du fond du trou le chant à la gestuelle à nulle autre pareille : mener la vache au taureau, mener la vache au taureau…C’est là aussi se tromper d’adresse. Jean-Bernard est un être tout en finesse qui n’épuise pas ses charmes comme un vague reproducteur. Au chant vulgaire, Jean-Bernard préfère le son du saxophone. Un taureau artiste, de la race des Coltrane, Getz… Un taureau Parker en somme, de ceux que l’on ne parque pas en vue de les livrer à la vindicte des foules. A nous de créer nos propres mythes. Jean-Bernard est un mythe vivant. Heureux les Archiballs d’avoir parmi eux un être béni des dieux. Amen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire