04 avril 2008

Un lapin of course

La pignole du Barde

Corsenac est un oiseau rare : il possède un talent singulier : celui de transformer un poisson d’avril en lapin. La pilule est dure à avaler pour ceux qui n’ont rien à branler ni du lapin ni du poisson et qui se retrouvent au trou gros Jean comme devant. Le propre du lapin, il est vrai, est de ne jamais être là où on l’attend. J’en connais d’ailleurs qui s’impatientent encore. Toutefois, je veux bien avoir un zest d’indulgence pour Jean-Louis et déceler, chez lui, un lecteur attentif de Lewis Caroll et de son incomparable Alice. Il n’a rien à voir, par contre, avec le délicieux Panpan de Bambi (ce qui ne l’épargne pas d’avoir sa bibiche à lui comme l’aurait grimacé Luis de Funès).
En fait, je soupçonne Jean-Louis d’avoir voulu niquer notre train train quotidien et ses pauvres chimères. Ainsi du poisson d’avril ! Avouez qu’un lapin d’avril a plus de gueule…Lapin donc, notre Corsenac. Mais lapin de garenne, lapin buissonnier ou lapin de choux ? Dans tous les cas comme l’écrit Robert (le petit), « petit mammifère rongeur à grandes oreilles, à petite queue, très prolifique, répandu sur tout le globe ». Robert exagère, de lapin, il n’y en a qu’un. Du moins chez les castors, autres rongeurs dont la queue, à défaut d’être petite, est plate. Nous, au bout du compte, on l’aime bien, notre lapin. D’abord, parce qu’il est fameux, c’est-à-dire gaillard. Ensuite parce qu’il est resquilleur et que l’on ne goûte guère ceux qui obstinément s’en tiennent à la règle : non seulement Jean-Louis pose des lapins par amour pour ses semblables mais en plus il monte en lapin comme personne. Est-il chaud pour autant ? A n’en pas douter. Mais c’est toujours après Alice qu’il en a. Il se dérobe à elle pour mieux se faire désirer. Jamais Caroll ne nous délivra la suite attendue. A toi de Jean-Louis, de la révéler enfin. Alice deviendra lapine, et Alice deviendra mère. Ainsi, la boucle sera bouclée.
A tout péché miséricorde, et nous te pardonnons. Et, à l’instar de Zola (Emile), je t’en conjure : « N’aie pas honte, mon petit lapin. » Tu sais, par contre, que toute absolution a ses limites et ne saurait être féconde. Au trou donc, et dare-dare, pour un lapin chasseur…

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