La pignole du Barde
O seigneur du trou, monarque de Musard, prince de Rovigo, l’angoisse, cette garce, m’étreint comme jamais. De quel nom d’oiseau puis-je bien t’affubler ? L’aigle ? Ce serait si facile, et, pour tout dire, inconvenant. Pourtant que d’Austerlitz aurons-nous vécu ensemble ! De Casablanca à Connacklity, de Courou à Paris. Et ce n’est pas Grognard, ton fidèle Grognard qui me contredira. O seigneur du trou, toi le premier des nôtres, comment oser te comparer à quiconque et, d’aventure, à un animal, fut-ce l’aigle qui ornait l’étendard de César. Mais tu es unique, et que tant de gloires aient pu choisir le même emblème réduit à néant cette odieuse tentative.
« Te casse pas les couilles, le barde, Loulou, c’est un sanglier » me souffle la Piballe. Cela saute aux yeux sur le pré ». Le gueux, le manant, le mécréant ! Qu’on lui tranche la tête ! Sans doute faisait-il allusion à tes courses furieuses qui laminent les malheureuses touffes d’herbe et les mottes étourdies qui se dressent sur ton passage. Mais diantre, quelle imagination vile, te comparer à un porc, fut-il sauvage. Pourquoi pas un lapin blanc, un Lori ou un Dodo ?
« Et le lion pauvre con » éructe Garabos. Les plâtriers, toujours, sont d’excellent conseil. Et s’ils n’y mettent la forme (Zeille excepté), ils y mettent le cœur (Zeille toujours). Donc, Loulou, c’est un lion. A quoi bon chercher, tordre le cou aux évidences, faire le fanfaron, à quoi bon. Je m’en veux, malgré tout, de céder à l’ordinaire. Fût-il royal. De guerre lasse, je m’en remets à Robert (le petit) : « Grand mammifère carnivore, grand félin, à pelage fauve, à crinière brune et fournie, à queue terminée par une grande touffe de poils… » Oui, c’est bien toi, mon suzerain magnifique, toi « mon lion superbe et généreux » loué par le père Hugo. Tout concorde, tout coïncide. Tout. Pas une expression qui ne soit conforme : avoir bouffé du lion, tourner comme un lion en cage, se défendre comme un lion, se tailler la part du lion…Et comme la vox populi a raison lorsqu’elle évoque la lionne, « femme fière, fougueuse », ô Coco. Vois comme je m’exécute, moi ton petit lionceau.
« Ta pusillanimité me les broute » s’écrie Walid, « pour moi, Loulou, c’est un panda, ce voisin du kinkajou ». Il m’interpelle le Libanais. Perfide, il instille le doute. Il me reste de couper la poire en deux. Loulou, c’est un lion kinkajou (« petit mammifère carnivore au pelage gris-roux, à longue queue prenante ». Et voilou.
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