15 juin 2008

Old Coventrians in Bordeaux : « They Singing in the rain »

Par le Toulousain

En ce pluvieux week-end du pourri mois de mai, nous recevions nos amis de Coventry. Le printemps tarde à venir et même notre président a eu le nez suffisamment creux pour partir chercher l’astre lumineux sous d’autres latitudes. Guillaume en tête de pont assura le comité d’accueil à l’aéroport. La partie de golf annulée, la fine équipe ira s’enterrer au Connemara. Comme chez vous Guys, rien d’autre à faire que d’écluser des bières au fond d’un Pub en regardant tomber la pluie.

Vendredi soir, 20 heures, rendez-vous à Musard pour enfin passer aux choses sérieuses : Se fritter avec du rosbif. Dans l’ambiance surchauffée des vestiaires, nous constatons la force de notre paquet d’avants qui plus ça va, plus ça va pas… Pour preuve notre athlétique Perdigue qui se retrouve au poste de pilier, lui qui n’a même pas la circonférence d’un tuteur de fleuriste. Heureusement qu’il a été taillé dans un chêne noir du Périgord sinon nous n’avions plus qu’à en faire des allumettes tant il allait s’en prendre sur le râble. Bref gros paquet d’avants en tête, le match débute sous la direction de leur arbitre. Au bout de cinq minutes une passe décisive de votre toulousain dans les bras d’un Anglais provoque le premier essai sur interception. Pour ma défense, je vous dirais que, sans lunettes et vu la taille de notre Gwenino, je l’ai cru beaucoup plus près qu’il ne l’était réellement. Heureusement les Archiballs sont une équipe soudée et la réplique ne tarde pas à venir. Une belle ouverture vers l’aile droite et notre musculeux Pascal R. file en terre promise. À l’avant, le combat est farouche et vous dire qu’ils sont rudes à l’impact est un doux euphémisme. Walid, Gwen, et le grand Thom, s’en donnent à cœur joie. Quelques faiblesses dans nos plaquages, un 13 adverse insaisissable, et les grands bretons ne tardent pas à trouver par deux fois le chemin de notre en-but.

Pour les gros, devant, ça continue de papouiller gaiement sous le regard d’un arbitre un tantinet chauvin. Une mêlée dans leur 40 m et c’est Malko qui s’échappe, relayé par ma Pomme qui se propose en croisée et file aplatir sous les poteaux profitant ainsi d’honneurs pauvrement mérités. Trois à deux. Le coatching opéré par Coventry dévoile petit à petit l’équipe qui va jouer contre Cadillac le lendemain et la moyenne d’âge s’approche plus des trente ans que des quarante-cinq. Après une série de cartouches, tampons, et grattouillage de baballe au sol, nous encaissons un quatrième essai. Il faut dire que notre pauvre Guigui s’est retrouvé en dernier défenseur face à un pilier anglais de quelque 270 pounds. C’est alors que le président de Cadillac prend les choses en main et part d’une charge rageuse et solitaire aplatir entre les pieds d’un défenseur de Coventry qui, sans doute trompé par un marquage de terrain un peu délavé, l’attendait derrière la ligne d’en-but. Mi-temps Coventry 4, Archiball 3.
Pendant la pause, nous apprenons que nous n’avons pas d’arbitre à nos couleurs, pas de barde ni de Cambo en vue. Perdigue notre pilier de tutelle est à bloc et semble vouloir nous expliquer dans son jargon ponctué de verbes fleuris, que si ça continue comme ça il va ouvrir la boîte à claques. Il en a plein le fondement de se ramasser des sujets de sa gracieuse majesté, lancés à tout berzingue, sur sa modeste carcasse. Y va nous péter une durite Papa. Déjà qu’il fait des nuits courtes en ce moment.

À la reprise plus de doute, c’est contre l’équipe Première de Coventry que nous jouons, les anciens étant tous sur la touche. Devant ça se gâte un peu, sans doute le climat orageux qui échauffe les esprits. Perdigue se rend compte que les Britishs ne saisissent pas toutes les subtilités de sa prose, et préfère en venir aux gestes pour manifester courtoisement sa profonde réprobation quant aux percussions répétées et violentes de nos visiteurs sur son humble personne. Il finit sur la touche pour se calmer un peu et réviser son Anglais. Le grand Thom est aux anges, enfin du contact, pas de la touchette de tafiolles. Il est là, batifolant dans ce fatras avec l’allégresse d’un jeune castor lors de son premier bain. En clair, nous subissons un peu devant et beaucoup derrière. Le match se termine sur le score de 6 à 3 à la faveur des Old Coventrians ou plus précisément des Young Coventrians.

La soirée comme prévue se prolonge au trou, dans une ambiance détendue. Quatre fûts de bière et quelques caisses de vins se font essorer à la vitesse de l’éclair, quant au buffet, il ne ferra pas un pli. Et ça chante et ça braille et ça baragouine en Anglais. Échange de fanions et de maillots, puis discours dans un accent impeccablement landais de capitaine Thom relayé par la classe internationale de notre Coco, président honorable pour l’occasion. Soucieux de faire découvrir nos coutumes aux Anglais j’arrive à leur faire comprendre le mot Pastis, mais butte sur la traduction du mot Yaourt. Du coup je ne réussi pas à leur faire saisir toute la subtilité de l’épais breuvage anisé que nous nous appliquons à leur servir avec Dudu. Puis c’est le passage au Blarney Stone, puis à La Distillerie pour finir vers quatre heures du matin. Il faut dire que le Libanais avait donné pour consigne de les fatiguer avant le match organisé à Cadillac le lendemain. Il en fut ainsi fait.

Le Dimanche à Cadillac. L’équipe des cadres dirigeants de l’UAC, menée par son dynamique président aussi efficace qu’un Mourad Boudjellal au RCT, a préparé une Garden Rugby Party sur les berges du fleuve Garonne. À 15 heures, après une petite ballade en terre de Graves, nos invités débarquent deux fois plus nombreux que la veille au Trou, sans doute appâtés par l’affiche du jour présentant deux matches de finale de coupe d’Europe.
16 h : Cadillac/Coventry sur le légendaire terrain de Cadillac, son château en arrière plan et son coucher de soleil entre les pins maritimes qui se découpent en ombres chinoises dans les reflets scintillants du fleuve Garonne. C’est beau ! Le « spot » absolu dixit le président Libanais.
18 h : Stade Toulousain/Munster dans le légendaire stade couvert de Cardiff et retransmit en direct sur grand écran à Cadillac, son château en arrière plan et son coucher de soleil entre les pins maritimes qui se découpent… Je sais, je vous l’ai déjà dit, mais c’est tellement beau.
Pour avoir assisté aux préparatifs, je peux vous dire que l’on ne plaisante pas avec les réceptions officielles à Cadillac. Une volée de bénévoles s’affaire, installant par ici une tente au cas où (La pluie les gars, la pluie tout le week-end), par là quelques brouettes de sable (celui de la baie du mont Saint-Michel, putain y’en a deux qui suivent) pour drainer les abord du Club House, un soupçon gadoueux. D’autres s’activent à préparer les tables, la garbure est déjà en train de mijoter et les 1200 huîtres du Bassin fraîchement convoyées en Audi climatisée le matin même, attendent patiemment leur destinée finale. Bref, à 16 h, tout roule sauf le grand écran. Allez va, tant pis pour le grand écran ! Mes héros toulousains seront plus petits que d’habitude, mais bon ! À la bonne franquette ! Quelques trop rares archis, Gwenino, Hamilton, Zeille et Kiki, ont fait le déplacement et prêtent main-forte pour les derniers préparatifs. L’ambiance est festive, le soleil enfin de retour. L’animation et l’effervescence qui règnent autour de la modeste cabane du Club House procure à l’ensemble des allures de film d’Emir Kusturica. Le match au sommet débute dans une ambiance de kermesse très familiale et bon enfant.

Sur le terrain, Cadillac en bleu et blanc engage la partie face à Coventry en noir et orange. Les forces sont équilibrées, et bien que le langage des gestes prenne quelques fois le dessus sur la langue de Shakespeare pour deux ou trois explications techniques dans les rucks, le match se déroule sans heurts et se termine sur le score équitable de 12 à 12. Il est vrai qu’un arbitre officiel français, saisi pour l’occasion, ça aide un peu et ce ne sont pas les joueurs du Stade Toulousain qui me contrediront.

Nous quittons les abords du terrain car c’est enfin l’heure de la finale de la Hcup. Fébrile, j’installe une chaise à 30 centimètres de l’écran 16 pouces et essuie par deux fois mes verres correcteurs. Face à moi un British porte crânement le maillot du Munster. Je décide, pour faire front, d’enfiler celui du Stade qui m’est si cher. Il n’y suffira pas et mon équipe adorée s’incline face à une équipe d’Irlandais plus habile dans le jeu de taupes. Profitez messieurs les Irlandais tant que les règles vous l’autorisent, mais sachez que vous rendez ce jeu particulièrement ennuyeux. Heureusement les gars de Cadillac sont là pour me réconforter et après le discours impeccable du président Libanais, l’ambiance joyeuse reprend le dessus. La bière et le vin coulent à flots. Dans un régal d’huîtres, de pâté, de garbure, de viande grillée à la plancha et de frites maisons, nos amis anglais reprennent vigueur et lancent chants et sketches. Ils miment une satire des tribunaux anglais particulièrement originale et ne pouvant jaillir que de leurs esprits féconds (Pépé adore que l’on dise de l’esprit Anglais qu’il les faits cons). Dehors juste après le « coucher de soleil » la pluie s’est remise à tomber, mais il est trop tard, et ce diable de mauvais temps n’aura rien pu contre la bonne humeur et les plaisirs de l’Ovalie. Comme il est doux d’être Archiball en cette fin de mois de Mai.

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