29 juin 2008

Poulet le tuktuk

La pignole du Barde

Jacques est un poulet, tout le monde le sait. En sorte qu’un lycanthrope de mon espèce n’a pas à déployer des trésors d’imagination pour lui trouver un pair dans la gent animale. Sauf que je déteste me plier au bon vouloir des habitudes. Ce n’est pas parce que Poulet est un poulet qu’il doit demeurer poulet. La fatalité du gallinacé ne doit pas nous aveugler. D’autant qu’elle n’est pas, a priori, des plus flatteuses. J’en conviens, on compte parmi les gallinacés la bartavelle, le ganga, la gelinotte, le hocco, le lagopède ou le tipamou. Jacques, pour les mauvaises langues pourrait relever du hocco dont la partie arrière du ventre est blanche et les petites plumes au sommet du crâne bouclées. Mais c’est sans doute le cri du hocco qui alimente la comparaison puisque notre oiseau galliforme pousse un long cri strident suivi d’une strophe série de cinq ronflements à basse fréquence, cadencés et se répétant. Par contre, lorsqu’il mange au sol, il est familier de borborygmes particulièrement bruyants. Là, rien à voir avec notre Jacques. Exit le hocco. Et les vrais dindons (n’est-ce pas Perdigue) ne sont pas ceux que l’on croit.

Pour moi, Jacques, c’est un caribou. Il tire son nom du substantif « xalibu » qui était utilisé par les indiens Micmacs. Son nom latin est Rangifer Tarandus. Les Inuits le nomment Tuktuk. Grâce soit rendue aux Inuits ; ce n’est que trop évident : Jacques, c’est un tuktuk. Si le tuktuk, quand on l’examine, peut sembler très volumineux, en réalité son corps ne l’est pas. Ce sont ses poils qui grossissent la silhouette. Il n’y a plus l’ombre d’un doute. Sachez, en outre, que le tuktuk est doté d’une ouïe très fine et d’un odorat très développé. Et que même dans un territoire ouvert, la myopie du tuktuk ne le dispense pas de détecter aisément le moindre mouvement lointain. Il n’y a que les boulettes de pain qui échappent à la règle.

Une chose est certaine, il faut toujours avoir un tuktuk chez soi. Car la gentillesse de notre algonquin est légendaire. La gentillesse, est, peut-être, la plus belle des qualités. Il n’y a que les sots pour utiliser ce terme de manière péjorative. Et puisque de la gentillesse à la bonté, il n’y a qu’un pas, je le franchis avec ce bon vieux Joubert : « L’extrême bonté est un véritable génie. » C’est tout notre Jacques of course.

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