30 mai 2013

Le cuistot de la semaine, joyeux Joël à tous

Par Le Barde


Je tape délicatement sur les touches de mon Blackberry le 123 afin d'écouter mes messages. Il y en a un de Loulou :
- Salut mon barde, tu peux passer me prendre ? Bises. Loulou.
Je le rappelle et je tombe sur sa messagerie :
- Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie du 06... Après le bip sonore, vous pouvez laisser un message murmure une voix féminine.
Je ne sais pas si je suis bien sur la messagerie du 06..., mais je laisse un message :
- Loulou, c'est le barde (vous vous rappelez la pub pour un parfum de Cacharel sur un air de Chostakovitch ?), on peut passer te prendre avec Eric.
Loulou me rappelle mais il doit se contenter de mon répondeur. A peine suis-je sorti de la pharmacie où je suis allé prendre des vitamines pour assurer sur le pré et du doliprane pour me remettre d'un éventuel mal de crâne au réveil, je fais le numéro de Loulou, le 06... Et je l'ai :
- Mon barde, c'est Lolo qui me prend. Ce soir on va faire chanter le cuir. Alleluia. A tout à l'heure.

A Musard, le pré est parsemé de tentes. Fête de la morue oblige. La morue, le radis et les cheminots, c'est tout Bègles. Il faut, bien sûr, ajouter Musard. Au loin, on aperçoit Guitou, Don, Thibaut, Martin et un autre petit jeune qui trottinent. Pas de vestiaire. On file se changer au tennis. On joue entre les tentes sous une pluie battante. Et l'on file sur le grand terrain. Sans Loulou et Lolo. 
Ca râle un peu, ça courre un peu, ça laisse tomber beaucoup de ballons dans une ambiance bon enfant. Walid a des jambes. Et Croucrou itou (depuis qu'il a un coude tout neuf). On s'amuse sous l'œil expert de JB dont les doigts de fée font merveille. C'est bon enfant, ludique, éthique, ronchonnant, galopin.

Les vestiaires du tennis sont fermés. Heureusement Alain Fajolles est sous la douche, drape ses attributs virils d'un pagne et vient nous ouvrir. Sous l'étroite douche du tennis, nous lavons nos corps superbes et las.

Joël est de bouffe. Un Joël longiligne et sans un gramme de chair surnuméraire. Le trou est garni. Toujours pas de Loulou mais Lolo est là.
Sur la table, les saladiers accueillent des haricots verts, fermes et longs, tapissés de petits éclats de foie gras. C’est rare les haricots fermes et longs servis en entrée. Mais c’est bon. La touche de foie gras rappellent que la diététique, c’est de la foutaise et que le mariage des contraires nourrit son homme. Il y a de la dialectique dans la cuisine de Joël.

Deux marmites. Dans l’une des tagliatelles. Dans l’autre de l’osso buco. De l’osso buco marinant dans une sauce où le fenouil, les carottes se mêlent avec des écorces d’orange. Du très grand art. Ce n’est pas Guitou qui dira le contraire. Un peu d’histoire. Il y a longtemps que je ne vous avais pas gonflé avec mes plongées wikipediatesques.
L'osso buco (à Milan, oss bus – prononcé « osse buse » – et traduit littéralement en français par « os troué ») est un plat traditionnel milanais, très parfumé, réalisé à partir de tronçons (ou rouelles) de jarret de veau et de vin blanc sec. La moelle est cuisinée et servie avec son os. Il est connu depuis le XVIIIe siècle comme étant l'un des plats typiques de la culture culinaire lombarde. Une variante traditionnelle dite à la gremolata sans tomates est agrémentée d'un hachis d'ail, d'un zeste d'orange ou de citron, de noix de muscade râpée et servie généralement avec des pâtes. Un osso buco peut s'accompagner de risotto ou de pâtes fraîches (tagliatelle, penne rigate…). Chaque convive peut prélever la moelle qui se situe au centre de l'os et l'étaler sur sa viande avant de la déguster.
Avouez quand même que faire un os troué au trou relève d'une grâce présidentielle. Joël, ce n’est pas une buse, c’est un aigle. La grâce, cela ne se commande pas. Jansénius et consorts avaient raison. La grâce, on l'a ou on l'a pas. On n'y peut rien. Les jésuites crurent bon de titiller Blaise P sur ses hérésies jansénistes ; ils avaient tort. Joël, par son osso buco, adoubait Les Provinciales et renvoyait les « jèses » à leurs chères études. Il y a une indéniable profondeur de l'osso buco.

Thibaud, manifestement, appréciait l'osso buco. Sous l'œil énamouré de Lolo, il dévorait. « Il est pas beau mon petit » s'exclamait-il. « Il est pas vilain » lui répondit Jacouille, « mais tu dois pas lui donner à bouffer souvent à ton drôle. Il me fait pitié. Mon Pioupiou, il avait toujours la gamelle pleine. » Dépité, Lolo s'abandonna à des pensées de chambre froide, songea à la Genèse et se dit que Jansénius il avait foutrement raison. Il regarda Jacouille droit dans les yeux. La Piballe craignit le pire et se fendit d'un credo. Posément, distinctement, Lolo cita son Pascal : « Nous courons sans cesse dans le précipice, après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de le voir. » « Et toc » dit Jean-Phi.

Quant à Joël, lorgnant son petit monde avec satisfaction, il  déposa  de délicieux fromages sur la table et lança ses assiettes comme qui rigole. Peu de dégâts. Poulet était aux anges. Jacky poussa la chansonnette. Un air louche aux relents ibériques. Puis, ce fut le temps des fraises agrémentées d'une crème chantilly à la vanille malgache. Un avant goût de nos futurs périples?

La soirée touchait à son terme. Arnaud, au comptoir, charmait nos gentils sponsors. Amélie servait des galopins. Dehors, la pluie faisait des claquettes et Léo se prenait pour Gene Kelly. « Je vais rejoindre ma Ginger » me dit-il. Moi, je pensais à Cyd Charisse, à Dancing in the dark. A chacun sa muse.

1 commentaire:

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