14 avril 2016

Le Cuistot de Bouffe : Joël cultive un air d’ « OUN NE SOUM ! »

Par Le Barde et Bardibulle

Le temps est capricieux. Le soleil joue les chaises musicales avec à la pluie. Et l’averse nous fait sécher. 19h30, il pleut. Dans ma voiture les essuie-glaces guident ma motivation. A droite, j’y vais à gauche je n’y vais pas. Le rythme est continu et s’accélère. C’est un déluge. Putain, que le temps est capricieux. La décision est mise à rude épreuve, l’humeur sera humide, je penche à droite. Le phare sera le stade. Chouette, l’arrivée est une éclaircie, une couronne nuageuse épargne le stade. Le tarbais et sa relève sont à l’accueil, Croucrou et Hamilton scrutent la compagnie à venir. L’accueil est chaleureux. Putain nous ne sommes pas seuls à avoir une bonne paire… d’essuie-glaces. Jeff est là, les gazelles Thomas, Jean-Phi survivent au déluge et se garent à bon port. Cary Grant vient à pied, il est sec. L’eau ne l’atteint plus. Le sac porté sur l’épaule, la démarche assurée, l’homme détaché ne craint plus la nature, il est nature. L’homme se dirigea le cœur réchauffé par le soleil de revoir ses potes, dans les vestiaires comme si de rien n’était. Un invité pour compléter la troupe et Titi termina la marche. L’homme vient en moto, il n’a pas d’essuie-glace et son choix se limite à sa venue. Il fait l’économie d’un va et vient. Titi vient un point c’est tout. Son crédo tient dans sa moto, plus le pare-brise est réduit, plus les horizons sont grands !

Les vestiaires feront exceptionnellement tribunes. Les maillots verts en partage et nous voilà à se chauffer sur le pré synthétique. Chacun a sa technique. Croucrou court sur deux terrains, le synthétique est trop petit et à contre sens. Jeff court sur place et tape la balle. Il chauffe le ballon. Ceux qui jouent collectifs, ceux qui jouent rapide et ceux qui s’étirent. Titi fuit le grand écart dans tout ça. Et le coup d’envoi est lancé. Les équipes sont réduites, le chiffre est impair par conséquent les gazelles seront séparées.

CrouCrou est un homme de mêlée. Il a ce je ne sais quoi qui le rend indispensable dans l’équipe. Un brin solide, un brin technique et surtout un petit côté Tullius Detritus . Sa ruse tient dans un mot ou un geste pour créer la zizanie dans l’équipe d’en face. L’homme et l’arme sont redoutables ! Le rugby est un sport solidaire, un « d » salutaire pour le solitaire. Et bien ce « d », Croucrou le cible et l’efface. Pourquoi les mêlées se relèvent ? C’est pour trouver le semeur. La tête baissée, il est invisible. Les têtes relevées, il reste invisible mais ce n’est pas pareil. Pour le soir c’est le Tarbais qui se prit au piège et embarqua du coup sa troupe. La zizanie est une arme parfaite de caractère. Elle est travaillée, végétale, insoupçonnable. Elle se cultive en somme. CrouCrou travaille en grand jardinier. Quelques mots bien placés et voilà le meneur de jeu adverse à la ramasse. A partir de là tout est affaire de patience et d’opportunité. L’équipe en face râle et se parle. Le piège en se refermant ouvre les espaces. CrouCrou continue à planter cette fois ci des essais par le biais de Thomas donnant des petits coups de pouces verts. La supériorité numérique ne put résister. L’ennemi est placé dans leur camp. Nous profitâmes de chaque brèche pour pointer la ligne. Et nous marquâmes contre le surplus numérique.

Cary supporte la pluie mais ne put rien devant ce désordre annoncé. Titi tenta de même des percées dont il a le secret, la course est belle, perforante et athlétique. Mais bon, la défense adverse était serrée physiquement et imparable psychologiquement. 21h34, le jeu se termine. Le score est élevé pour les verts. Au final 10 essais pour Thomas (en vert et contre tous) et un peu moins pour les autres. Croucrou a le sourire, celui d’un fameux devoir accompli, toute son équipe aussi. Le temps d’une douche pour effacer la pagaille et nous voilà tous ensemble prenant la direction du trou.

Faute de pré, je vins un peu plus tôt au trou, accompagné de Lolo. La Jacouille était là et avait entrepris une belote de comptoir avec Bernard et Joël qui était de bouffe. Nous nous joignîmes à eux. Le Tcho n'apparut que vers les 9:44, avec le pain mais sans Pépé, retenu par ses petites filles. Peu à peu, le trou se garnit. Chichement. Les vacances ont bon dos et l'histoire se répète. Il n'est que trop temps de recouvrer les vigueurs de nos rites. Après le pré, le trou. Un point c'est tout.

Joël avait pris sa trompette. Comme d'ordinaire. Si l'amiral vint, ce fut sans biniou. Pas de duo en perspective. Le Poulpe se mêla à nous avec sa sciatique. La faute au demi-marathon. Même si le ver était dans le fruit. Peu à peu, ceux du pré arrivèrent. Le Tarbais, Titi, Jeff, Jean-Phi, Régis, Hamilton, Cary Grant...
 
 

Pépé n'étant pas là, je le suppléais. On ne remplace pas Pépé, l'on prend sa place avec beaucoup d'humilité. Jacouille m'accorda son béret et je sonnais l'heure. Il n'était que trop temps de se mettre à table. "A table" hurlais-je sans grand succès. N'est pas pépé qui veut. Nous commençâmes donc avec quelque retard. Comme de coutume.

Dans une grande marmite en alliage gris, il y avait une soupe, une soupe de légumes. Avec beaucoup de choux de choix, des carottes, des navets peut-être, quelques oignons, de petits bouts de viande ovine, le tout marinant dans un bouillon mordoré. Une réussite. Joël prenait une mine détachée comme pour dire qu'il n'était pas pour grand chose dans cette réussite. Et pour ne pas s'attarder sur les vanités qu'il sait futiles, il se leva, empoigna sa trompette et lança un doigt qu'il demanda à Pépé de conduire, en l'occurrence moi qui ne suis pas Pépé et ne peut en aucune manière jouer les trompe-l'oeil. Ce fut un doigt bref. Mais un doigt quand même. Un doigt respectueux du trompettiste dont le visage rougissait à proportion de ses efforts. Puis, cramoisi, joël vint achever sa soupe.

Dans l'attente de la suite nous disputâmes du couple que forment la truie et le cochon. Pourquoi ? Et du masculin de pintade. Pourquoi ? D'autant que la suite consacrait le mouton. Un mouton mitonné avec ses pommes de terre et force romarin. Ce qui ne fut pas pour nous déplaire. Le romarin avait cette petite touche qui sépare le tout venant de l'élégance. Joël en quelque sorte était au diapason de son mouton. Et nous au diapason de Joël. Sitôt le mouton dégluti, il (Joël) reprit sa trompette et, sur ses propres paroles, et sous l'air de l'hymne bayonnais, nous fit chanter nos mardis. Sa trompette parfois sortait de son lit. Le chœur du trou mettait du cœur à l'ouvrage. Ce fut un moment d'une rare communion. Nous débarrassâmes les assiettes avec précipitation. Tant pis pour la salade. Elle serait servie après le lancer des assiettes à dessert. Qui servent également au fromage et, ce soir-là, à la salade.

Joël fait un sans-faute, sa partition est rodée. Il pointe le score parfait. En technique et en artistique, le castor en chef est au sommet. Pépé n’est pas là pour noter. En revanche le Tcho et Jacquot vivent la symphonie et pointent sans délibération. La question se pose au milieu de la table puisque l’autre bout est vide. Y-a-t-il une grille de notation différente pour la présidence ? Sur ce, Jean Pierre répondit 1-0 pour Manchester. Il fait le tour de Bouffe, il ne peut être partout ! Y-a-t il un championnat à part pour les hommes de tête ? Jeff en bon stagiaire soupire la réponse. Mes carbos ont bon dos et on ne m’avait pas dit qu’un coup de trompette, de cor ou de biniou assaisonnent les scores… Ne sont pas Prez qui veut ! L’Amiral est au-dessus de tout ça. La musique il connait. Il chante le fromage, la salade, la tarte aux pommes, tous les bonheurs du trou. Même s’il trouve pour sa part qu’il manque de chaleur marine, et des marins en nombre sur le bateau et surtout une pointe de morue à ce menu. Le marin est exigent comme la mer qui le porte. Tout se maitrise à table, par conséquent le hasard se fera au bout du bar dans une belote de comptoir. Dans l’atout, est-il obligatoire de monter ? Les règles du trou sont souples. Hervé en phase finale se désespère de la question. Les cartes du soir ne lui offrent que peu de providences au plus grand bonheur de Bardibule. Son dé aura vite fait le tour. Le dernier dé en course fut pour notre hôte. Il ne commande pas le hasard des cartes.

La météo est restée clémente. Les rites de l’ovalie et de notre cène veillent à l’équilibre de notre trou. Du coup, les essuie-glaces sont inutiles pour le retour. Le chemin se réconcilie dans leur destinée. Au-dessus les étoiles survivent aux nuages, la lune n’est pas encore complète et poursuit sa course pour l’être.

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