14 avril 2016

Le cuistot de bouffe: Ka matet ka matet KAAAA!!!

Par Le Barde et Bardibulle


L'heure d'été au printemps est toujours un peu avant l'heure. Quelle drôle d'idée que de ne pas laisser le temps aller son cours. Certes, le temps est une vue de l'esprit, une cadence imaginaire ; il n'est qu'un mot.

Le temps du rugby, c'est le pré, le kairos en somme. Et, il se branle de l'aiôn. Enfin, pas tout à fait. Car les saisons ont leur mot à dire dans l'exercice de ce kairos à nul autre pareil. Sur le pré, on éprouve le temps dans toute sa substance. Par le pré, le kairos et l'aiôn vont l'amble. ( l'on doit tout, ou presque, aux Grecs. Le kairos est un temps sans rapport avec la notion linéaire de chronos (temps physique). Ce n'est pas la montre qui le mesure mais ce que l'on ressent à un moment précis lorsque l'on se livre à ce qui vaut : le pré, l'art, l'amour. Sachant que l'amour du pré est la forme supérieure de l'art. L'aiôn, ce sont les saisons.)

Je dois à Perdigue ces pensées. Il me les confia lorsque nous nous croisâmes sur le parking de Musard. Il arrivait, je partais plus tôt que de coutume, par la faute d'une musculature vacillante. Mon kairos avait fait long feu. Le sien allait débuter. Je laissais mes compagnons taquiner le ballon.

Le mythe est à la rescousse quand la balle fout le camp. La balle tombe et la passe n’arrive pas, tout joueur se lamente et chacun joue du coup les Chronos. Le temps des anciens est comme pour les plus jeunes bien relatif. Sa perception diffère au gré du plaisir retrouvé. Son côté sadique est fait pour alimenter tout masochisme existentiel. Quand c’est bon, ça passe vite. Quand c’est chiant, le temps est long. Certains trouvèrent le temps trés long. Serge souffrait de tant d’imprécision. Il ne rigole pas à Lourdes. Le miracle se prie et se vénère au quotidien. Il ne remit pas en question sa foi mais seulement l’inconstance de ses paires. Le Barde prétexta une horloge musculaire pour se plier au trou. L’en avant se répète et pourrait s’entendre dans l’ordre de marche pour tout conquérant qui compte ses heures en soi. Que nenni ! Le général est absent même si le doc qui en a traversé des campagnes est bien là. L’en avant est dans le jeu nocturne une marche arrière. Et ce soir nous avons beaucoup reculé. Seul le ballon avance au dépit de toutes convenances. Question de vents, d’aléa ou de volonté divine, seuls les opportunistes prirent le trou. Le temps d’un mauvais repli, ou d’une défense endormie.

Les castors se plièrent à toutes ces règles. Le jeu du soir fut donc décousu. Le doc de son côté est philosophe. Il sait que le temps ne se mesure pas mais se vit. Il court pieds-nus et sans montre. Belle preuve de sa distance aux dieux du temps. Point de bracelets d’appartenance. Le temps pour se chausser est pour lui bien révolu. Il n’a plus la tête dans le ciel pour mieux garder les pieds sur terres. Domi fut en bourre de l’autre côté. Il n’accepte le temps qui l’effleure et se désespère des en avants perçus au loin. Pour lui l’en avant est un trouble de la perception. Quand le ballon tombe c’est simple. Nous l’aiôn tous fait ! Mais quand la passe est faite en avant pour celui qui le réceptionne la passe vient de derrière et ça complique tout. L’inversion du porteur peut être source de confusions. L’en avant du lanceur est un en arrière pour le receveur. Domi contrôle le temps, il potasse à ses heures et poursuit Céline dans son voyage au bout de la nuit. La règle pour lui reste une passe en arrière et dans le mouvement mais en fonction du repère prédéfini, sa vérité est bien parlante. La vitesse lui joue des tours. Son abnégation le rend malgré tout philosophe. Les joueurs à la ramasse pensent que la passe est mauvaise puisque ils sont sur des points de récupération, et espèrent l’en avant comme ultime rempart à leur ligne lamentée. Le fantasme est si fort qu’il se réalise dans la faute énoncée. Domi s’en fout quand il court il devient sourd.

Yves, au trou, était de bouffe. Des plateaux d'huîtres étaient disposés sur la table. Yves est fidèle à lui-même. Et c'est ainsi qu'on l'aime. Une fidélité généreuse. Une manière de ne pas rompre avec le temps. L'assemblée se garnit peu à peu.

Les derniers arrivants du pré arrivèrent après les dix coups de l'horloge. Pépé resta de marbre. Il y avait des huîtres à profusion. Titi les enquillait comme il enquille les essais. Il proposa de rebaptiser l'espèce que nous dégustions les Aguilera. Comme de bien entendu, des saucisses accompagnaient les mollusques bivalves. Elles étaient au goût d'Amélie et de Bernatetchate. Dommage que le barde des huîtres n'était pas des nôtres. Je veux, comme il se doit, parler de Walid. Ça et là des bouteilles de blanc suppléaient le Hauchat.

La marée se fit en plusieurs vagues. Les castors bons mangeurs nagèrent le papillon sur tous ces délices marines. Le petit beurre, le petit blanc, la petite saucisse, les petites huîtres l’en avant est dans la conquête et non dans la marche arrière. Comme quoi l’imprécision du pré reste au pré. Les coups de fourchettes sont précis et peu de maladresses sont à déplorer.

Yves enleva la buée sur ses lunettes. L’ambiance est chaude auprès des anciens. Il ôta ses coquilles et annonça la suite. Confit de Poule et sa pâte à la sauce bolognaise. Pépé eut des vapeurs, Tcho une bouffée de Tcholeur, Jacquot dénoua son cheuch. Yves posa ses lunettes. La quantité est présente. Le plan est bien construit n’est pas Archi qui veut. Le plaisir est dans le trou. Toute la table est en silence, la bouche pleine fait le respect, son silence sa parole !

La seconde de silence reste éphémère, le temps d’une bouchée et voilà la troupe à retrouver leurs joutes verbales et pousser la chansonnette. Le « la » est donné pour la voie lactée.

Le lancer d'assiettes fut douteux. Yves a du tempérament. Son lancer en fut l'illustration. Chacun d'être effrayé lorsqu'il armait son bras. Pépé resta de marbre. Le carreau, lui, était jonché de débris. Le fromage vint. Juste. Évident. C'est alors que le Tcho décida de nous proposer un rébus et d'ouvrir une nouvelle page du blog. Il n'en délivrera l'issue que lors du prochain blog. Sauf à ce que vos commentaires apportent la réponse :


Pour le trou, point d’énigme. Les castors quittèrent la table. Les rencontres en poursuite autour d’un verre, de dès, des escaliers, il faut peu de chose pour prolonger les plaisirs de la nuit. Yves serein navigue dans  cuisine, le sourire est de circonstance, la tâche est accomplie, son lancer sans blessé à déplorer et son orifice adoré bien comblé.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

j'ai remarqué qu'il manque "ule" sans un coin ...
le doc