30 novembre 2007

Delage, c’est une coccinelle

La pignole du Barde

Il fut un temps où les belles voitures s’appelaient Delage, de Dion Bouton. Ce temps-là est révolu. Notre époque manque de poésie et confine la beauté dans des mots ordinaires. Heureusement, nous archiballs, gardiens d’une certaine tradition, nous avons notre Delage. D’accord, il n’est pas aussi rutilant que ces beautés d’alors, et côté carrosserie, l’embonpoint nuit à la pureté des formes attendues. Par contre, le moteur est encore redoutable. Notre Delage a des cannes même s’il est parfois manchot. Normal, il fut formé à ce sport pour orphelins de la main : le football.
Il s’emploie, cependant, à tenter de beaux gestes avec ses menottes. Il n’hésitera pas à tenir pour rien un deux contre un d’école pour oser une passe dont l’esthétique ne souffre pas la moindre objection même si l’efficace n’est pas au rendez-vous. La beauté se moque de l’évidence. En fait, Delage, il a un côté coccinelle ; ses rondeurs naissantes cachent une rare énergie. En sorte que mes affirmations du début sont réduites à néant. Qui dit coccinelle dit voiture du peuple. Delage, il donne des ailes au peuple. Ce n’est pas donné à tout le monde. Regarder le trotter à Musard et vous comprendrez l’incompréhensible, la rédemption par l’ovale et ce délicieux mystère qui rend les contraires conciliables.

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