07 novembre 2007

Le cuistot de la semaine et les vertus du petit Kiki

par le Barde


Kiki, il est unique ! Bien sûr nous sommes tous uniques, mais certains sont plus uniques que d’autres. Ceci n’est pas un sophisme qui « se dit d’un raisonnement conforme aux règles de la logique mais aboutissant à une conclusion manifestement fausse ». Il s’agit, en réalité, d’un truisme : « Vérité d’évidence ». Ce n’est pas donné à tout le monde d’être plus unique que les autres et l’on conviendra qu’il est inique d’être unique à ce point. Mesurons-nous notre chance, nous autres archiballs, de compter parmi nous un être d’exception ?
Mais trêve de philosophie à la petite semaine et passons au roman. Qui contestera que la vie de Kiki est un roman, qui ? Et pourtant, tout est vrai. Il n’y a pas une once de fiction dans ses aventures. Kiki est un roman vivant et tord le cou aux plumitifs qui s’acharnent à créer des personnages imaginaires. Kiki, c’est Tolstoï et Rabelais réunis, san Antonio et Faulkner. S’il est un mot qui le qualifie, c’est bien fureteur : « Qui cherche, fouille partout en quête de découvertes. » Notre homme, bien sûr, ne parvient pas toujours à capturer sa proie ; ce serait trop facile et à vrai dire inespéré. Et pourtant que de kilomètres aura-t-il parcouru pour approcher l’oiseau rare. Cet aventurier du bitume, ce fouineur de l’âme sœur, ne fut-ce que pour un soir, ce dénicher d’enfonçures providentielles est un arpenteur devant l’éternel, un nomade perpétuel.
Pourtant notre homme sait prendre son temps et confectionner à ses pairs des repas qui sortent de l’ordinaire. Kiki a horreur de l’ordinaire. Pour ses chers castors, il proposa en entrée une espèce d’huîtres du bassin d’une rare finesse. L’huître « ce mollusque lamellibranche, à coquilles feuilletée ou rugueuse, comestible ou recherché pour sa sécrétion minérale », va si bien à Kiki. Puis, il déposa sur la table et sur le comptoir, une volaille marinée dans une sauce au vin de première grandeur. Nous étions aux anges, et Kiki loin d’afficher un quelconque contentement, faisait comme si de rien n’était, passant près des uns, s’attardant près des autres. Vint le temps d’un camenbert hors normes. Et celui du dessert : tarte au flan ou gâteau au chocolat d’une exceptionnelle suavité.
L’animal nous avait gâté. Le jury hébété y alla d’un 17 bien mérité. Mais peut-on noter Kiki, peut-on le livrer à la vindicte de chiffres si artificiels ? Loué soit le premier des nôtres et foin des patenôtres.

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