La pignole du Barde
Certains êtres sont prédestinés. On ne saurait porter un nom par hasard. Jouer au rugby et s’appeler Apercé, c’est être béni des dieux. Pour ceux qui taquinent la béchigue à Musard, l’évidence saute aux yeux. Pascal n’a de cesse de vouloir transpercer la ligne adverse. Son arme favorite : la feinte de passe. La répétition du même a ses limites et les habitués déjouent, par habitude, cette propension à l’entourloupe. N‘importe, le balancement des bras et l’ultime retenue sont pratiqués avec tant de grâce que le résultat ne compte pas. Chez Pascal, à défaut d’être efficace, la grâce est esthétique.
D’aucuns affublent notre esthète du surnom de Malko. Notre homme est un nomade, un Barnabooth des temps modernes. Il s’est promené aux quatre coins du monde qui en smoking, qui en Breitling, qui en Weston. Nul doute qu’il a versé une petite larme à l’annonce du décès d’Yves Saint-Laurent. Pascal, c’est notre ambassadeur. Et je préfère en faire le fruit de l’imagination de Valéry Larbaud que celle de Gérard de Villiers. Mais Barnabooth, n’est pas un animal ; rien qu’un être en chair et en os.
Un félin Pascal ? Pourquoi pas puisque, Malko oblige, ce serait un prince. Toutefois, le lien entre le félin et le prince est péremptoire. Je connais des princes à la félinité économe et parcimonieuse. D’aucuns tiennent même de l’hippopotame, voire du koala, du lama ou du chien. Le chien justement. Walid (Salem) me susurrait que Pascal, c’est un chien dans un jeu de quilles. Pour ceux qui l’on vu lancer l’assiette à l’approche du dessert, la chose est entendue. Mais, fut-il de haute lignée, le chien ne va guère à notre Barnabooth. Et puis, ce mammifère domestique est plutôt de nature sédentaire.
Je ne sais pas pourquoi, mais je suis tenté par le zèbre. Notre homme n’est-il pas un drôle de zèbre et ne s’acharne-t-il pas à courir comme cet équidé d’Afrique ? Je l’avoue humblement, ce soir, ma lycanthropie est lasse. N’empêche, pour moi, le zèbre possède une indéniable classe. Et peu me chaut qu’il soit la victime des félins auxquels j’entendais, de prime abord, apparenté notre castor. Un zèbre barnabooth donc. Advienne que pourra.
1 commentaire:
"Sans l'élégance du coeur, il n'y a pas d'élégance"YSL
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