Par Le Barde et Bardibulle
Le pré n’a pas bougé. L’éclairage et la pelouse synthétique gardent leur constance.
Chasser le naturiste il revient au bungalow. Pour les castors, le naturel lutte face à un chagrin de saison. Le grand galop est une course, trop dans l’innocence. L’hiver dure. Les dix doigts d’une main pour compter les présents ne sont pas de trop pour se compter dans ce monde sans queue ni tête. Dudu, lui est présent. La bête ne craint les péripéties du temps. Il ne sait que trop qu’avec deux tours de terrain, et trois étirements, la gonfle du quotidien se meut en un autre quotidien celui de la gonfle. Ça ne mange pas de pain. L’étymologie pour les nuls accorde les copains avec la gonfle. Con se le dise ! Hamilton est présent aussi. Chacune de ses actions est marqué par des soupirs. Nous l’entendons en tendant en bonne entente, l’oreille « A si Sergio était là, je serai bien reparti à l’intérieur… mieux j’aurai faut une sautée… » . Il joue juste à défaut d’une opposition à contrarier. Ses genoux sont solides et le cadrage à l’aile en arme secrète. Jean Philippe est là aussi. Ses courses se font en traverse. Il a ce côté Spitfire qui couvre les bombardiers quadrimoteurs trop lourds en carburants. Son moteur est léger. Il est partout à l’affût d’une passe. Gare à celui qui prend le trou. Pendant que certains bombardent, d’autres chassent. Le jeu est un intemporel. Piou Piou lui est présent dans sa tête. La cuisson lui prêtera un retard excusé. Il trouve que l’intemporel est un temps qui s’ignore. Christophe assure sa relève qui progresse le bougre. Eric sort de sa scène de ses voisins pour en trouver une autre. Trop de la balle. La nuit suit le jour. Nos courses sont ainsi faites de va et vient entre deux lignes. Le principe entre deux limites est de savoir ce que l’on fait entre. Le sens est dans l’action. Le mouvement ne se pense il s’éprouve. Les automatismes prennent ainsi forme. JB est sur le bord. Il a changé de cahier pour noter les absents. Le carnet « qui pue » est sa manière à lui de tenir des comptes avec des nœuds. Son côté conquistador peut être ou sherpa… allez savoir ? Sur le pré, le maestro ne se fait pas de nœuds dans la tête. C’est une lutte en vain, l’appel de la prise du trou le glisse inexorablement dans le jeu. La comptabilité du coach désabusé ne peut vraiment rien devant l’art d’un éternel joueur inavoué. Il fera la cabriole pour gérer cette inertie d’un passeur en mal d’essai. Il est un Spitfire qui envoie du lourd. Mozart est là ! toujours pas de crampons. Les chaussures de ville font bien l'affaire... Bruno aurait compté un score nul. La victoire était d’un côté comme de l’autre.
La douche sera chaude puis la direction du trou.
Nous étions très précisément vingt-et-un au trou. C’est le printemps. La petite pluie maussade n’avait pas entamé le désir d’être ensemble. Le Tcho suppléait notre Pépé absent pour cause de cataracte. Et tous d’avoir une pensée pour Coco.
La petite vingtaine était sous l’emprise culinaire d’Alain. Une douce emprise. Comme en témoignait cette salade de chou introductive mêlant ça et là quelques miettes de carottes et ce qu’il faut de fenouil. Il y avait du pâté pour ceux qui ne se résignent pas à l’exclusivité du végétal.Point trop n’en faut, n’est-ce pas.
Il faut louer le veau. Le veau mitonné avec des carottes. C’est bon le veau. Et d’un mardi l’autre, nous éprouvons cette certitude. « Entre l’enclume et le marteau, qui doigt y fourre est un vrai veau » (proverbe rimé du comte de Neufchâteau).
Dieu que c’était bon. Nous étions loin de l’axoa assassin du vieux quatre. Le veau est d’or s’il n’est point trop épicé. Amélie appréciait, le Prez dégustait et Hamilton trempait de petits bouts de pain dans la sauce.
Serti dans un tee-shirt moulant, Jean-Phi avait des allures de James Dean. Le chef d’Amelie lui donnait des allures de crooner. JB chantait un air de Rio Bravo. Lors que Léo rappelait les étreintes annoncées de Jane Manson et Julio Iglesias sous l’œil avide de Titi.
Le lancer d’assiettes fut globalement sans bavures. N’étaient de rares mains rétives. Alain a du doigté. Jacouille eut bien quelques frayeurs. En vain. Lolo fut impeccable. Fayou itou.
Un gigantesque reblochon fut déposé à l’extrémité de la table. Près de Pioupiou qui entama notre ode bien connue. A l’autre extrémité un vaste brie. Il fit le chemin inverse. Alain a le fromage généreux et gambadeur.
Enfin, de petites pommes au four fourrées à la confiture. Un dessert d’enfance. Que le petit de Christophe apprécia. De petites pommes rondes et ratatinées par la cuisson, de petites pommes couleur d’or.
Le ciel n’était plus aussi nuageux lorsque nous sortîmes. Et nous distinguions bien la constellation du castor avec ses airs de gitane. Léo fredonnait sa Carmen et Titi se prenait pour Julio sur le chemin de sa Jane. Je sais ce que je vais lui chanter ce soir se dit-il.
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