12 mai 2008

Le corps beau est le renard

La pignole du Barde

Comme je demandais à Zeille à quel animal lui faisait penser Hervé (Cambo, pas Delage), il ne transigea pas: « A un singe ! ». Je l’exhortais, cependant, à développer son propos. (Savez-vous, à cet égard, que le plâtrier, chez les archiballs, développe son propos comme nul autre : il philosophe, il rime à comme aucuns, laissant son interlocuteur sur le cul. Comme quoi, il n’y a que les cons qui ont des idées toutes faites et c’est d’ailleurs l’une de leur caractéristique.)
Les arguments de Zeille s’appuyaient sur notre périple guyanais. Et plus particulièrement sur un événement dont Hervé (Cambo, pas Delage) fut le seul et unique acteur. Comme de charmantes autochtones se livraient à des exercices physiques, elles aperçurent en haut d’un arbre, un étrange animal dont les couilles pendaient ostensiblement. L’animatrice, de dos, n’y voyait que du feu et s’étonnait des regards toujours plus distraits de ses élèves. L’animal en question gesticulait, poussait de petits cris à la mode Chita, criait « Jane, Jane », passait ses mains velues sous ses aisselles velues. C’était Hervé, bien sûr, (Cambo, pas Delage). La confusion fut bientôt totale et au moment où les donzelles voulurent capturer ce singe inconnu, il s’en fut rejoindre les siens.
A vrai dire, cet épisode ne me contentait pas le moins du monde. Nul ne peut réduire Hervé (Cambo, pas Delage) à un singe. Il y a du renard chez notre homme, de la fouine, de la belette. On admettra que le singe ne saurait, dès lors, être de mise . Car le singe n’est pas aussi malin que le renard, la belette ou la fouine. Mais foin de la fouine et de la belette, Hervé est un renard. Robert (le petit) le confirme : « Mammifère carnivore (canidés), aux oreilles droites, à la tête triangulaire assez effilée, à la queue touffue, au pelage fourni. » Et quelques lignes plus loin : « Personne fine et rusée, subtile. » Ce n’est pas le merveilleux La Fontaine qui dirait le contraire ! Il lui consacra plus de vingt fables. Citons : Le Renard ayant la queue coupée, Le renard et le bouc, Le renard et le buste, Le Renard et les poulets d’Inde et l’incontournable Le corbeau et le renard. (Je ne saurai trop vous recommander Le renard et le buste). Messieurs à vos fables !
Mais je ne résiste pas au plaisir de grapiller, ça et là, quelques vers : « Et que me sert ma queue ? est-ce un poids inutile ? » (Le renard, les mouches et le Hérisson). La queue du renard semble être, d’ailleurs, un sujet particulièrement sensible chez Jean de La Fontaine. On retrouve ainsi dans Le renard ayant la queue coupée, à peu de choses près, la même interrogation : « Que nous sert cette queue ? il faut qu’on se la coupe. »
Mais la queue du renard n’est pas celle de l’homme. (Ne pas confondre la queue du renard avec la queue-de-renard qui est une espèce d’amarante). Ni la queue du renard ni celle d’Hervé (Cambo pas Delage) ne sont des fleurs. Et l’on ne saurait réduire la beauté des fleurs à leur seule tige. Si l’on devait oser une comparaison, ce serait davantage vers la queue de cheval qu’il faudrait tendre. Non pas qu’Hervé (Cambo, pas Delage) soit un cheval puisque c’est un renard mais il arbore une queue de cheval. Une queue qui fut menacée d’ailleurs par ses cadets si d’aventure, ils avaient remporté le trophée auquel ils aspirent. Hélas les protégés du goupil de Musard ont été éconduits par Massy en demi-finale.
« En toute chose il faut considérer la fin » est-il écrit à la fin de la fable Le renard et le bouc. Hervé (Cambo pas Delage) n’ignore rien de cet adage passé à la postérité. Si rusé que soit le renard il n’en est pas moins homme. Mais quel homme !

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