La pignole du Barde
Ce serait si facile et, pour tout dire, simplet que de donner du loup de mer en évoquant l’amiral. Bien sûr, bien sûr, Robert (le petit) rappelle que c’est un « vieux marin qui a beaucoup navigué et à qui ses longs voyages ont fait les manières rudes, l’humeur farouche et solitaire. » En cela, notre amiral n’est pas très loin du compte. Sauf que, s’il peut être solitaire, c’est le plus généreux des hommes. Mais le loup de mer n’a rien d’un animal, et l’on ne saurait faire un bestiaire avec de telles incongruités.
La qualité de son organe (vocal) inciterait volontiers à parler du rossignol. Il y a, cependant, je ne sais quoi de déplacé dans la comparaison. Le rossignol a le pépiement aigu, le trille aérien. Féminin en somme. Alors que Roland tient davantage du ténor avec des soupçons de basse. Exit donc le rossignol. Plus un oiseau dès lors pour approcher notre homme. L’issue est maritime. Car Roland toujours en appelle à l’écume. Et c’est à l’ours, sans conteste, que va notre imagination puisque les pandas, jamais, ne taquinent l’océan. L’ours, oui, l’ours, surtout lorsqu’il a des vertus polaires.
Il y a dans cet animal je ne sais quelle douceur qui doit beaucoup à la perception de l’enfant. Le nounours sans cesse sommeille au fond de nous. Comme Roland. On dit la bête féroce, cruelle. Que nenni. Elle va sa vie à sa manière, avec ses armes, ses grosses pattes griffues à l’extrême. Un ours polaire que ne renieraient pas les meilleures scènes du monde. Alagnas n’a qu’à bien se tenir. Même si Roland partage avec lui le goût de la chansonnette, voire de l’escarpolette. Trénet, c’était le fou chantant ; Roland, c’est l’ours chantant et enchanteur. Et en aimé quel répertoire, tout y passe, des filles de la Rochelle à l’orage du regretté Georges. Roland, c’est un hédoniste, un épicurien qui renâcle aux pensées abstraites. Il fait sien ce vers du Brassens : « La vie est à peu près le seul luxe ici bas. » Mais quel luxe pour ceux qui côtoient l’amiral.
Où est ton ours polaire dans tout ça mon pauvre barde soupire le général ? J’en perdrai presque le fil de mes pensées si je n’étais certain d’une vérité. Notre manière de voir les choses l’emportent sur la perception commune que l’on peut en avoir. Je confirme donc mes dires. On a tous besoin d’un nounours, fût-il polaire. Même si Roland est le plus chaleureux des humains. Mais qui a dit que l’ours polaire n’avait pas de cœur.
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