18 mai 2008

Un premier mai à Venise

Par Le Barde

Lors que le muguet titillait la France, sur les routes, sur les boulevards, quelques castors accompagnés de leurs épouses prenaient le train pour Toulouse via Venise en ce jeudi premier de mai. Dans un compartiment qui leur était tout acquis, à l’exception de quatre chinois, ils prirent d’emblée les affaires en main : vin de haute tenue (merci Eric Léonard), pâtés à gogo (ah ! la terrine de boudin d’Hervé Cambo) et saucissons d’exception (Escassut oblige). De contrôle, il n’y eut point. La contrôleuse et ses comparses mâles (habillés par Christian Lacroix que l’on connut plus inspiré) préférèrent les charmes étalés sur une table de circonstance au son triste du poinçon. Les chinois ne furent pas en reste. D’aucuns cherchèrent des marchés hypothétiques. En vain.

L’ambiance monta d’un ton. Quelques chants montèrent dans le TER en goguette. Mener la vache au taureau, je mets le doigt devant et j’en passe. Puis Toulouse vint. Mais sans Bonnet taquinant sa Cécile en hommage à Nougaro. La navette passa devant le stade du stade avant de s’immobiliser à Blagnac où les buildings, paraît-il, sont si hauts. Repus, les voyageurs firent un somme avant d’atteindre les faubourgs de Venise. Ils gagnèrent leur hôtel, à Mestre, se mirent à table, firent un petit tour en ville avant de rejoindre leur couche où les attendait leurs promises.
Le 2 mai fut vénitien. Par petites bandes, les castors et les castorettes déambulèrent dans la cité des doges noire de monde. Le soleil dardait ses rayons triomphants sur leurs corps en feu. Ils se retrouvèrent dans un restaurant cher à cet enculé de Jean d’Ormesson. Sous la treille et une lumière bénie des dieux, ils mangèrent vénitien, burent italien de longues heures durant. Les rétifs avaient tort. Ces moments-là n’appartiennent qu’aux conquérants. Puis, c’est ensemble qu’ils arpentèrent le pavé de Venise où Marcel (Proust) se cassa la gueule et retrouva sa madeleine. Ils se payèrent un petit musée où un Matisse leur était promis. Ils n’eurent droit qu’à des Picasso, un Balthus, des Kandinsky et autres freluquets du pinceau. Déçu, le barde s’en prit à la présidente et glapissait des « Il est où mon Matisse Coco ». Certains désirèrerent taquinaient la gondole. La troupe se sépara et se retrouva à l’hôtel per mangiare. La pression montait chez les joueurs. Un bref petit tour au bar et tout ce beau monde alla se coucher.

Le 3 mai quelques inassouvis reprirent le chemin de Venise pendant que d’autres découvraient Mestre. A 13heures, le bus partit pour Rovigo. Nul ne savait encore que l’une des plus belles pages de l’histoire des archiballs allait s’écrire. Déjà dans les vestiaires, on pressentait l’exploit. On entendait au loin la voix de Pépé : « Vous allez pas vous laisser bouffer les couilles ! ». Les castors étaient blêmes, ruaient, transpiraient tout leur soûl. Jean-Bernard, Eric (s) (Léonard, Crouseilles et des Garets), Bernard, Jérôme, Jean-Pierre, Titi, Loulou étaient remontés comme des pendules. Il fallait voir leur échauffement, leurs étreintes sauvages, leurs étirements superbes. La bave coulait sous leurs lèvres, c’est à peine s’ils parvenaient à prononcer un mot. L’équipe de Bègles de 91 n’était rien en comparaison.

Rien ne leur résista. Trois matches de 20 minutes. Trois victoires. Ils bousculèrent du rital, du bock et du black. Ils transpercèrent les lignes ennemies pareils à des condotieres. A ce jeu-là, Bernard (Palanques) fut tout simplement sublime. Cadrages débordements à la pelle, courses folles, remises à l’intérieur pour autant d’essais. L’âge n’est rien, l’âge n’est qu’une vue de l’esprit. A lui le castor d’or. Mais tous, oui tous, furent exceptionnels.

La première équipe prit une branlée mémorable et ne parvint pas à marquer le moindre petit essai. Jerôme à maints reprises se gaussa de leurs fadaises. Et Titi gambadait comme gambade les dieux. Lors que Jean-Bernard sans cesse haranguait ses troupes. 9 essais à zéro. Le deuxième match fut encore plus grandiose. Bernard assomma l’équipe des Sharks de toute sa classe. Les pauvres sud-afs en n’en pouvaient mais. Gros, immobiles, sans réaction face au talent de leurs adversaires, ils subirent un retentissant 6 à 0. Trois essais de Bernard, un de Saubusse et un de Campech puis de Loulou dont la course chaloupée fit merveille.


La foule en nombre se pressait incrédule. La rumeur se répandit. Les frenchies étaient à leur apogée. Les femmes se pâmaient devant leurs corps ruisselants à la musculature sculpturale et si fine. Pour leur dernier match, les castors étaient ceints par des spectateurs en folie. Ils récitèrent de nouveau leur leçon. Les Néo-Zélandais de Christchurch plièrent à leur tour. Le combat fut un plus rude. N’empêche, quatre essais vinrent conclure cette après-midi de rêve. Le Barde, Titi, Loulou (encore) et Jean-Bernard déposèrent la béchique sur cette terre que l’on dit promise et qui n’appartient qu’aux anges. On crut que les Blacks allaient marquer un essai à la toute dernière minute. Mais Loulou, revenu du diable vauvert, expédia l’impétrant en touche et tendant ses bras vers le ciel haranguait le tout puissant. Ivres de joie, les castors se congratulèrent au coup de sifflet final sous une ovation taurine. Indescriptibles moments de bonheur. Une légende venait de naître. La grande épopée des archiballs s’inscrivait sur la terre âpre et brûlée d’une province italienne.

La soirée fut paisible ; les castors étaient épuisés. Les Ecossais qui n’avaient pas goûté l’opposition de frenchies insatiables donnèrent de la voix. Les Italiens entonnèrent un Nabbucho d’anthologie qui fit pleurer Eric (Léonard). Et La salle debout chanta la marseillaise. O peuple né des entrailles gauloises, ô descendants des guerriers d’Arcole et d’Austerlitz, quel hommage. Puis, les castors partirent vers leur penate. Ils fêtèrent leur triomphe au bar de l’hôtel. La soirée fut grande avec Léonard en point d’orgue. La bière coulait à flot, les chansons pleuvaient. Trop ému, Zeille, oui Zeille versa une larme sur l’épaule du barde.

Le lendemain, après une promenade vénitienne, ce fut le retour. Les castors retrouvèrent la rugueuse, l’impitoyable réalité. Il leur fallut un temps fou pour embarquer. Question efficacité au guichet, Italowcost, c’est de la daube. Alors qu’il restait encore quelques castors, on leur signala que l’enregistrement était achevé. C’est alors que dans un anglais shakespearien, et en tapant sur la table, Zeille dit : « What happens ! ». Un silence inouï enveloppa l’aéroport. Zeille, n’est pas un homme comme les autres, il sait tout faire et il eut raison de l’inertie de pauvres filles que l’on avait commises à des taches qu’elles ne maîtrisaient pas le moins du monde.
Ainsi, après s’être gonflés deux heures au comptoir, les castors embarquèrent. Après une halte à Nantes où il ne pleuvait pas, ils filèrent vers Toulouse. Puis ce fut encore la navette et le train. Et là, de nouveau, pâtés, saucissons, vins, brie et chocolat. La bande eut même droit à l’air de la Castafiore par Denise. Sublime, tout simplement sublime. La Tebaldi, la Schwarzkopf, ce n’est rien à côté. Ah ! Denise ! A Bordeaux, un crachin timide signait la fin du périple. Bouleversés, les archiballs se séparèrent. La vie, cette gueuse, allait reprendre son cours ordinaire. L’ordinaire, c’est ce qui répugne le plus aux castors. Et dans le ciel gris d’un Bordeaux peu disert, la nuit fut étoilée. On raconte qu’à Rovigo, l’on a débaptisé les étoiles. L’une s’appelle désormais Palanques, l’autre Saubusse. Et la grande ourse, à présent, a des allures de castor.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Putain, queue d'émotion.
Vraiment, ça donne envie.
Encore bravo d'avoir porté si haut les couleurs des Archis, d'avoir pu décrocher les étoiles pour le reste de la troupe et vos douces.
Un petit rectificatif cependant.
Nous avions eu une conversation concernant le Harry's Bar de Venise.
Malko nous disait que Giuseppe Cipriani, son fondateur en 1931, avait inventé le Carpaccio et non pas la cyprine, bande d'obsédés.
Je lui rétorquais que ça avait à voir, mais que se n'était pas ça.
Ben, il avait raison.
En effet, le Carpaccio a bien été inventé par le Sieur Cipriani en 1950, pour le régime spécial de la Contessa Amalia Nani Mocenigo à qui toute viande cuite était interdite.
Mais ma méprise vient du nom en lui même. Le nom de Carpaccio fut donné en hommage au peintre Vittore Carpaccio (env.1460-1525) pour ses oeuvres aux rouges vibrants.
Gloire à toi Malko et portons haut l'exploit de Rovigo.

Con se le dise!

Franco a dit…

Bonjour amis,

je suis Franco Lancellotti et je joue dans l'equipe de la OLD LAZIO RUGBY de Rome.

Je vous ecris au nom de mon equipe OLD LAZIO RUGBY Rome.

Nous nous sommes connus au tournoi de Rugby de Rovigo et nous avons un bon souvenir de vous.

Nous voudrions organiser une partie de rugby chez vous à novembre.

Un week-end pour partager notre commune passion pour le rugby.

La date pourrait être entre le 13 et le 16 Novembre prochain.

J'attends avec impatience une votre réponse pour avoir le temp de bien organiser pour toute l'equipe le vojage et le sejour a Bordeaux.

Il reste entendu que nous serions heureux de vous recevoir à notre tour ici à Rome pour une autre partie.

Avec nos sincères amitiés

Franco

"OLD LAZIO RUGBY"