03 mai 2008

Suisse et cherche-midi...*

La pignole du Barde

Qui se souvient des cinq dernières minutes ? Qui se remémore la phrase fatidique que Raymond Souplex délivrait, sans la moindre ostentation, sans le plus petit sourire de satisfaction, à la fin de chaque épisode : « Mais oui, c’est bien sûr. »
J’en conviens, je n’ai que peu de ressemblance avec Raymond Souplex (auquel, dans mes vieux jours, je consacrerais, peut-être, un dictionnaire si Miguel le juge nécessaire) mais je n’irai pas jusqu’à dire que la beauté de Raymond Souplex, c’est lui-même car ce serait faire injure à la beauté). Et pourtant, comme lui, tout est devenu clair, limpide, évident. En fait, je n’ai pas eu à chercher très longtemps, et j’ai trouvé mon Holmes en Perdigue. Souplex, certes, n’est pas Watson, mais il est encore moins Sherlock. Donc, je tarabustai mon Holmes en vue de mon prochain bestiaire et, sans le moins du monde manifester quelque sentiment que ce soit, il me dit : « Guigui, c’est un gendarme. » Seuls les crétins penseront tout de go au funeste de Funès et pas un ne jouera l’indispensable entomologiste de service. Bien à tort, cela va de soi. Un gendarme guigui, oui un gendarme.
Robert (le Petit) ne m’aide guère et néglige l’insecte au profit du hareng saur. Puis, il expédie l’animal en le mêlant à d’autres : « Poisson (vairon en Lorraine), oiseau, insecte (punaise des bois), plante. » Entomologie exige, c’est l’insecte qui compte. Perdigue Holmes après avoir placé son gendarme devint beaucoup plus prodigue et, après avoir requis mon consentement, évoqua le coït des gendarmes. Pour des raisons obscures, il ne pouvait effacer de sa conscience la scène si étrange aux yeux de l’enfant du gendarme recouvrant la gendarmette. Perdigue Holmes devrait s’effacer derrière Perdigue Freud. Mais bon, on ne va pas emmerder ce pauvre Conan Doyle pour si peu. Car l’enfant, mon cher Perdigue, peut aussi s’émouvoir de cette alliance de rouge et de noir sur la punaise des bois. Une coccinelle en somme qui aurait omis ses rondeurs. Et là, on est au cœur de Guigui. Pourquoi être coccinelle lorsqu’on peut être gendarme. La poésie, la vraie se moque des idées reçues. Il y a une poésie du gendarme qui vaut largement celle de la coccinelle. Imaginez Crucheau en coccinelle ? D’autant qu’en France, la coccinelle a des allures de 4L . De là à dire qu’il y a plus de poésie dans la 4L que dans la coccinelle.
« Putain, mais arrête tes conneries le barde ! » me souffle Perdigue. C’est vrai, je me disperse, je ne tiens pas ma pensée qui va comme un chien sans collier. D’ailleurs, la pensée est une chienne. Il faut prendre la vie comme elle vient. Ce n’est pas le gendarme lutinant la gendarmette qui me dira le contraire.
Donc Guigui est un gendarme, un vrai, celui des yeux de l’enfant. Ce sont les yeux les plus sûrs. Là tout prend source, tout est « calme, luxe et volupté. » Faire du gendarme un trésor, seul l’enfant peut en décider ainsi. Et il a mille fois raison.

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