13 octobre 2008

Dudu, le dandy

La pignole du Barde

Dudu, c’est un dandy. Un dandy des près. Dans le rugby moderne, l’espèce se fait rare. Le geste juste, au moment juste. Un point c’est tout. Cet art minimaliste est l’apanage de peu. La passe de Dudu se rapproche du haïku. Et de Montesquieu. Je l’imagine en lecteur assidu de l’hôte de La Brède qui écrivait dans ses Cahiers : « Ce qu’un orateur vous donne en longueur, il le perd en profondeur. » La profondeur justement. Dudu est un classique (sans quoi il ne lirait pas Montesquieu et n’inspirerait pas mon rapprochement avec le haïku). Donc Dudu est un adepte de la profondeur que nos temps modernes (Dudu n’est pas un charlot) dédaigne. Mais Dudu est aussi un libertaire : il abhorre l’exclusive contemporaine de la passe vissée. Il sait la justesse et l’efficace d’une passe tout en douceur, caressée, de ce don délicat qui ne souffre pas l’uniforme. Et grand Dieu, il n’a pas tort.
Qui n’a vu Dudu le dandy dodeliner sur l’herbe de Musard avant de s’exercer au toucher avec ses pairs n’a rien vu. Dudu prépare son corps avec une minutie extrême. D’aucuns l’accuseraient de dandiner. Ce serait lui faire affront. Notre homme connaît son corps puisqu’il est médecin et, mieux, radiologue. Un dandy vous dis-je.
Drôle de dandy ton Dudu me dira-t-on en faisant référence à sa mise. Dudu arbore, en effet, des tenues d’un autre âge. C’est sa manière à lui de se distinguer. Dudu, c’est un musée. Il n’aime rien tant qu’exposer les traces de son passé. Mauvais goût affirmeront les uns. Baudelairien avanceront les autres (dont je suis). En quoi décidément Dudu est bel et bien un classique.
Le temps qui ne fait rien à l’affaire marque chaque jour davantage le corps de Dudu le dandy. Il paraissait épargné par les affres de la clepsydre. Le voilà semblable aux autres. En quoi dodeliner ne suffit pas à réparer des ans l’irréparable outrage. Semblable aux autres Dudu ? J’exagère. Il est unique. Et c’est pour cela qu’on l’aime.

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