Par le Barde (avec une photo recyclée)
Jérôme est douanier. Un douanier fou de poissons. Cette passion est si forte qu’il n’a de cesse d’en faire profiter ses semblables. Il n’est qu’à se mettre à sa table pour s’en rendre compte. La mer est son domaine. Il lui voue un culte exclusif. Rien n’échappe à cette passion dévorante. Pas le plus petit crustacé, le moindre mollusque, le moindre bar. Jérôme est excessif mais c’est ainsi qu’on l’aime. On l’imagine tapinant le maquereau au large d’Ouessant, harponnant de mythiques baleines au large du Japon, titillant l’anchois en bordure de Fort Boyard. On le devine, guettant quelques crevettes fatales à l’orée des plages, ramassant des pelletées de crevettes, par filet interposé, sur l’estuaire. Jérôme est pécheur. Rien ne le ravit tant que de capturer les fruits de celle qu’il chérit.
Ce tempérament maritime aime assez peu prendre l’air. Au point d’en oublier de vérifier la validité de son passeport lorsqu’il est amené à voyager avec ses pairs. Ça la fout mal pour un douanier, mais ça la fout quand même. Nul ne lui en tiendra rigueur. Ce Gabelou est imparfait et cela ajoute à ses charmes. Par contre, sur le pré, il est redoutable. Passé le temps des menues maladresses, il excelle à chaque poste. Notre homme a du caractère. Derrière la moustache licencieuse, se cache un buffle, un taureau. Encore que ce petit côté fin de siècle lui procure un air intellectuel dont les taureaux et les buffles sont dépourvus. Il y a du romantique chez Jérôme. Jusque dans le risotto qu’il sert à ses semblables.
Pas à dire en ces temps de crise, Jérôme c’est un tout bon, un comparse comme on les aime.
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