La pignole du Barde
Alors de Carvalho et Gruneinsen se considérèrent. C’était à Silkirk dans les faubourgs d’Edimbourg. Denis (Gruneinsen) arborait un chapeau claque suivi comme son ombre par Jérôme (de Carvalho). Non pas pour aller dans je ne sais quel claque mais pour deviser ensemble sur le devenir du monde. La journée avait été rude ; le combat âpre. Nos deux hommes déjà s’échappaient du clic-clac de la vie ordinaire pour rêver un avenir radieux. Nous n’eûmes pas droit à leurs confidences. Mais une idylle était née, jamais démentie depuis lors.
L’un est tout en rondeur, l’autre sec comme une trique. Quel est l’imbécile qui a dit : qui se ressemble s’assemble. O vertus du rugby qui marie les contraires. Le corps, il est vrai, n’est qu’un masque ; c’est l’esprit (l’âme prétendront certains) qui nous unit. M’étant déjà étendu sur Jérôme, j’entends m’étendre désormais sur Denis. Seuls les sots y verront l’influence du Malin. Pour moi, je n’ai qu’un Dieu : Robert (le Petit).
Si Denis est tout en rondeur, il est tonique et étonnant. Lorsqu’il maîtrise ses ardeurs, c’est un taureau des plus efficaces. Denis se dépense sans compter et n’aime rien tant que bousculer celui qui se met sur son passage. Au risque parfois d’oublier son comparse. Sa générosité est seule responsable de ses oublis coupables. Mais Denis a changé. La fréquentation de Jérôme l’a transformé. Il ne cesse depuis lors de chercher des mains charitables pour leur confier la béchigue. Je le soupçonne de n’attendre que celles de son alter ego. Force est de constater que hors Jérôme, son offrande souvent ne rencontre que le vide. En somme, il y a anguille sous roche. Ceux de Silkirk pouvait espérer un lapin. Mais la roche n’est pas un chapeau. Quand Loulou pacsera-t-il nos deux tourtereaux. Car à Silkirk, dans les faubourgs d’Edimbourg, je suis certain que Denis fit à Jérôme le coup du chapeau et que, derrière les tribunes où se jouent des amours adultères, c’est un pigeon qui sortit de sa « coiffure de forme assez rigide ».
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