24 décembre 2019

50 ans de bouffes: Polo Popeye Polo Polo Popeye Polo (El porompompero)

Par Le Barde et Bardibulle


C’était une soirée de fin d’automne ; à quatre petits jours de l’hiver. Le temps était propice au rugby. Nous jouâmes d’abord à six contre six, puis à six contre sept, puis à sept contre sept, puis à huit contre sept avant que des abandons successifs ne nous réduisent à la portion congrue ; le rythme était vif. La partie ne fut guère équilibrée dans ses débuts avant que de recouvrer un semblant d’équilibre vers sa fin. Disons qu’une équipe bénéficiait d’un régime spécial et l’autre d’un régime universel. Le régime spécial l’emporta mais fut à deux doigts de rompre. Notre cheminot de Yann excella. Il était tout feu tout flamme et nous fit la leçon. Tourner à plein régime est un art qu’il possède à la perfection. Comme notre retraité sur qui le temps glisse sans prises. Qu’elle passe ce Sergio. Titi, lui, y alla crescendo ; il n’est pas pinson pour rien. Sa ressemblance sauta aux yeux avec le bardibule. Une affaire de rouge. Jean-Phi, lui, gambadait. Et Perdigue filait droit.

C’était une soirée de fin d’automne, douce et sans pluie. 

Le terrain fait des siennes. Il se la joue toujours synthétique. L’hiver arrive ! L’éclairage ne nous restreint plus à la surveille du temps. Nous jouons sans compter. Quand Pépé est parti les castors dansent ! Le jeu en libère pousse Sergio à briller par habitude. Le beau est là ainsi que le gros. Le gros je parle en solide. « Un Crou Crou à l’aile c’est un gros qui s’ignore. » glisse entre deux courses notre Barde. Le roublard joue aussi bien au ballon qu’en percute. Son acolyte de Yann est lui aussi un gros qui s’ignore. Il penche de même pour l’aile ou l’aile penche avec eux. Archimède sur la question cherche le levier de leur équilibre. Petit Thom à défaut de grand Thom ne bouscule pas la balance du pré mais bien le jeu, ses courses sont trop légères et rapides. Le jeu se fait du coup avec un, deux, trois rideaux de défense gare à l’opportuniste ou au déhancher dévastateur de Dudu. Petit Thom veille. 

C’était le premier repas de nos trois stagiaires, intronisés dans le saint des saints, mardi dernier. Il n’en manquait qu’un ; le plus chétif. Ne restait que les deux secondes lignes : Polo et Seb. C’est bien. Le vieux quatre buvait du petit lait. La table était pleine. C’est peu dire que nos deux petits promettent. Ils donnèrent le meilleur dans le plus simple. La marque des meilleurs. 

Tout commença avec une salade parsemée de noix et son crottin de chèvre que nos deux jouvenceaux servirent debout, déposant le fruit des biquettes dans chacune de nos assiettes. Jacouille gloussait d’aise. Il aime être servi Jacouille, et c’est un juste retour des choses.

Côté radar en bouffe le vieux tient du jeune. Le jeûne ne fait pas son jeune à en croire les jeunes pousses en déjeune. Il faudrait d’ailleurs que les sages reconsidèrent la taille des cuisines lorsque deux secondes lignes poussent leur fameuse cuillère en dehors du pré. Le recrutement 2019 dans le costaud ne fait pas mince. Le vieux 4 chante la fin de l’hiver en se miroitant dans les recrues. Polo pour ne pas le nommer est un double en version papier carbone de l’amateur de patate. A l’époque du vieux 4, pour faire les photocopies à l’école il fallait sortir la manivelle et sentir l’alcool. Parfum enivrant qui prépare dans l’art du décalque. Tous les ingrédients semblent réunis il ne reste plus que la saupoudre du temps pour voir tous petits devenir grands. Putain de paramètre temps ! Bref le bleu devenait violet sur la feuille d’antan. Leur partition du soir reste sans tâche ! Popeye a fait l’économie de ses épinards sur le coup, en revanche il n’oublia pas de montrer son olive au bar. 

Le filet fut mignon comme le gratin de patates. Une sauce de saveur pour mouiller la viande et le pain en tranche qui nous rappelle que Pépé n’est pas loin. Les jeunes sont aux petits soins. Le choix à remplir toutes les panses. Des valeurs familiales à table. Une valeur sûre en somme. 

Le lancer d’assiettes ne connut qu’un accroc. La faute à Perdigue. Pas au lancer. Placé au bout de la table, il laissa l’ustensile se fracasser contre le mur, le regardant d’une manière distanciée et indifférente. Il n’y était pas Perdigue. Mais il se reprit. Sans doute devrait-il mettre un peu d’ordre dans sa barbe. Il en convient d’ailleurs. Aucun rapport diront les uns quand les autres y verront une évidente relation de cause à effets. La barbe, les assiettes, c’est tout un.


Deux étoiles dans la voie du lactée. Une douceur après le tracas de l’envolée. Les deux méritent la chanson. Aucune fausse note. Le sucré une douceur en cannelé et sa crème anglaise. Un gros et un petit pour monter en puissance. 

Quelle belote de comptoir. Neuf autour du tapis. Yann fut moins à l’aise que sur le pré. Et le vieux quatre était un peu perdu. Le barde l’emporta malgré le bardibule. Sa main fut heureuse. 

Il ne nous restait plus qu’à traverser la nuit. Pas une larme de pluie. L’année finit bien pour les castors. 
Mardi prochain (ce soir). C’est Noël !!!


Joyeux Noël mes petits castors adorés…


QLCVP


02 décembre 2019

50 ans de bouffes : Garcimore : « La choucroute n’est pas ratèche chichichi… »

Par Bardibulle


Chaque nuit de plus est un jour de moins. Notre année en fin de neuf peu à peu s'échappe. Malgré le temps en berne, la partie fut belle en cette nuit d’automne. Le noyau des castors résiste aux intempéries. Les bonnets de leur côté commencent à pointer leur nez. Petit Thom bien présent joue de sa mobylette. Il tient la forme. Sa préparation physique est gérée à la seconde prête. Le paramètre temps pour le castor ne prend d’âge. Un jour pala, puis pas là comme au rugby, là et pas là, sans compter le hockey, bref le castor a de l’énergie à revendre. « L’idéal c’est de le prendre sans ballon. » Souffle Croucrou en parfait décalcomane. Le tatouage éphémère est pour lui son dada. La trace d’une échappée belle ne trouve siège qu’en mémoire, le contact en revanche prend peau et vise le bleu horizon. « Un bleu dont les nuages de saison nous éloigne » grommelle l’amateur. « Et en plus c’est joli et ça tient chaud ». Le toucher est un mouvement appréciable se pousse à croire le coureur qui ne consent à sentir la même magie du mot ment. La beauté du mouvement fait négliger le sens du tactile. La formule « c’est dans le mouvement » ne peut que contredire l’intentionnalité du toucher à une main. L’effleure ne peut compter. Ce soir point d’en-avant que des passes dans le mouvement. Croucrou s’enfonce le bonnet pour se couper de son sens primaire. « Ce que je touche n’est pas ce que je vois. » Du sens crie pour les nuls. Même un aveugle s’arrêterait par le sens de la bise ressentie. Le coup de vent peut paraitre tactile. La règle est légère et laisse courir. Son toucher fait peau d’âne. Le doc dans cette traduction a trouvé son jeu. Le tarbais a l’art et la manière d’annoncer la trouée. Hamilton râle le jeu d’antan. « Putain les gars, j’ai de nouveau mes genoux, de grâce faites-moi la passe ! ». C’est joli le cri du Hamilton en désespère. Sa mobylette ne peut rien contre les fougues d’un Jean Phi ou d’un Thom en alerte. Les genoux n’y peuvent rien et ce sont les cervicales qui trinquent.

La douche et direction le trou c’est Garcimore qui régale !

La pression toujours en berne nous oblige à sabrer les bouteilles. Elles sont fraîches grâce à notre Peter qui tient à la désaltère de ses castors. La table est mise. Même Roro a quitté sa Lusitanie pour se rapprocher de la Bavière. Ce soir c’est choucroute.

L’entrée se fit en charcute. L’hiver arrive. Choucroute de tradition copieuse à souhait. Il ne fait pas bon d’être cochon pour notre cuistot. Il reste chou dans la réception. La saveur mérite son riesling, le Saby pleure mais son cépage ne peut faire concurrence aux rigueurs de l’est. Ses ceps sont plus Sud-Ouest et taquine plus le latin de notre région. Le caractère s’en ressent. Pas de « Prosit », la machine à pression est en panne. L’humeur est, malgré l’absence de houblon très proche de son « O tannenbaum ». Dehors il fait froid, dans le trou il fait chaud. Le plat est de tradition. Et Garcimore un magicien !

Le lancer ne témoigne d’aucune casse. ZinZin s’était préparé, casque en pointe. Rien de tel que de remontait sur le cheval à peine tomber. Il arrêta la sienne à dent pleine. « Les chgars mêmche pas malche ». Le vieux 4 impressionné réclame la photo. Croucrou se rapprocha du bar pour rendre l’affaire plus complexe, sans résultat même quand les assiettes de Garcimore tombent, elles ne se cassent pas… allez donc savoir. Garcimore est un magicien !

Le fromage en lacté sans morceaux de verres du coup. Une tarte comme dessert et nous voilà au bord pour la belote du soir.

Dudu épargna sa maison et brilla dans ses annonces. Les dés annoncent dans leur décompte l’avancée dans la nuit.

La nuit suit son jour. Fait chier, il pleut sur les toits. Les étoiles ne sont visibles que lorsque le ciel est sans nuage. Jacquouille en vieux castor sort du trou, ferme la porte, en bas les rires, en haut c’est la pluie. Le monde est parfois curieux et la vie parfois une garce ! Le patriarche remonte son col, s’enfonce dans son béret, lève les yeux pour trouver ses étoiles et joue du petit prince.

« - Toi, tu auras des étoiles comme personne n’en a…
- Que veux-tu dire ?
- Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi
comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire !
Et il rit encore.
Et quand tu seras consolé (on se console toujours) tu seras content de m’avoir connu. Tu seras toujours mon ami. Tu auras envie de rire avec moi.
Et tu ouvriras parfois ta fenêtre, comme ça, pour le plaisir…
Et tes amis seront bien étonnés de te voir rire en regardant le ciel.
Alors tu leur diras: “Oui, les étoiles, ça me fait toujours rire !”
Et ils te croiront fou. Je t’aurai joué un bien vilain tour… »

25 novembre 2019

50 ans de bouffes: A la fin de l'envoi, Peyo touche!

Par Le Barde et Bardibulle



Pas un ballon tombé, pas un mot plus haut que l’autre, pas une seule passe superflue, pas l’ombre d’une bafouille. Rien, le néant, le vide. Faute de pré. Musard était occupé ; nous étions gros Jean comme devant Les espoirs de l’UBB jouaient contre ceux de Lormont.
Las, nous regagnâmes le trou, la béchigue en berne, un peu grognon. Peyo nous consola. Nous nous mîmes à table plus tôt que de coutume, orphelins de Pépé. Une petite tablée. JB nous rejoignit à l’heure où, d’ordinaire, nous commençons nos hostilités gustatives. Et Toto, de retour de Pala n’arriva qu’au plat principal. Toto, il va à l’essentiel. Les préliminaires ne sont pas sa tasse de thé. Le vieux quatre également descendit l’escalier sur le tard.

C’est l’hiver. L’automne touche à sa fin. Rien de tel qu’une bonne soupe pour affronter les premiers froids. Une soupe au potiron avec ses croûtons et ses pincées de râpé. Douce, suave. La suite trouva son pays. Ses origines taquinent les vallons et touchent ses sommets. La tartiflette est un réconfort dans l’hiver. Une douceur dans le dur. A ne pas confondre avec la raclette. L’un rompt la glace, l’autre mijote le reblochon. Lard mérite son fromage. Peyo réussit à faire se rencontrer ses montagnes. Des Alpes aux Pyrénées le liant tient dans le piment. La nature a ses lois. Pour gravir les sommets fini les haricots pour faire place à la chaleur du fromage fondue. Le vieux 4 depuis quelques temps ne compte les plats en patates. Le mois est rugueux et nécessite le calorique.

Le choix fait l’union à table. Le pack se resserre dans la resserve. Le trou trouve son sommet. Dehors il fait froid. Les municipales sont en route. Les listes s’impressionnent. Des candidats en lice. Nous eûmes des annonces. Haranguer la foule est une chose, unir les hommes est tout autre. Bègles a des perles. Il ne faut que peu de mots à Amélie pour répondre aux besoins de sa ville et unir ses castors dans la cité. Le poulain pousse son étalon. La réponse fut unanime. Le message est clair, simple sans équivoque. La troupe ne fait plus qu’un. La politique dans son sens premier qui relie le corps aux désirs du peuple. Un mot, une cause, un leader. Votez Amélie !

Le chœur des hommes a ses raisons et que la raison des cœurs ignore. Peyo apporta au lancer d’assiette un petit grain de folie. Sa première tentative ne trouva pas la main de Lolo. Et il ne trouva pas davantage celle de Tautau qui en fut pour une estafilade juste au-dessus du nez. Peyo redevint sage. Pas d’antienne sur le fromage faute de fromage. Tartiflette oblige. Nous avions eu notre comptant de Reblochon. Pas une voix ne s’éleva. Pas même le vieux quatre.



JB conversait avec Léo, assis à sa droite. Croucrou conversait avec Amélie sis en face de lui. Le moment mérite son analyse. Freud sort son calepin, son stylo, et tire sur sa pipe. Peyo allongé sur le divan : « Je ne comprends pas tout se passait si bien, je n’ai rien vu venir… ni Didier d’ailleurs. La soupe était bonne, les fromages, les croutons… la tartiflette… nickel. Je me souviens, j’ai vu Tautau descendre et Croucrou lui rappeler qu’il était zinzin mais à ce moment-là on ne savait pas… ». Silence. Le regard s’évade dans le souvenir. Freud souffle la fumée et griffonne un Z comme zinzin pour s’éloigner du petit a. « Et ?... » Pour amorcer une suite sans trauma… Peyo : « Je me suis trouvé bien, je me souviens de mes mots les gars pas de fromage, j’ai tout mis dans le principal… mais donnez-moi les assiettes et Lolo s’il te plait lance notre lala ! … » Freud curieux : « Le rite vaut son discours mais quelle est la vocation du lancer si il n’y a pas de fromage ? » Peyo : « C’était plus fort que moi, je me sentais bien, en confiance. Vous auriez dû me voir avec mes acromions toutes neuves et mon fameux lancer en touche. Une belle époque. Le seul moment où je balance maintenant c’est pour le fromage ! » La voix tressaille, la gorge se serre, la nostalgie pousse le cuistot dans le silence. Il respire et reprend son travail. « Mes camarades ne sautaient pas, mes lancers en rase motte s’attrapaient les yeux fermés… » L’association prend place, le basque en cathare tique… « Putain les yeux fermés… Zinzin s’est pris du Sabite dans l’œil ! ». Freud culmine et tient son article: « Œdipe s’est crevé les yeux pour moins que ça ! Peyo tu es un mythe pour ton lancer infernal ! » Peyo : « Le réel ne mérite pas un jeu d’arcade… je n’ai rien pu faire sur le moment ni après d’ailleurs. Heureusement que Dudu sait recoller les morceaux. » L’émotion soulage. Freud : « Le lancer est sacré comme les histoires des castors. Pas de traumatisme sans répétition. Croucrou l’avait prédit. La pythie vient en mangeant. Le bougre… Avec le temps certaines cicatrices sont douloureuses et d’autres nous rappellent que nous sommes toujours de bons vivants !

Sur ce, la séance est écoulée, nous nous revoyons mercredi prochain. » Peyo léger quitta le cabinet. Dans la salle d’attente, un patient patiente. Le rite n’en a cure. Freud après un temps pour poser ses notes sortit de son antre : « Zinzin, c’est à vous euh… Veuillez m’excusez, Tautau je vous prie, si vous voulez vous allongez, la place est chaude… » Freud alluma sa pipe et plongea dans une attention toujours flottante. Dans la cure comme dans le trou, les inconscients ne touchent que si l'attention flotte! Une belote de comptoir. Sergio eut la main heureuse. Dudu un peu moins et épargna au vieux quatre une défaite annoncée. Le Tarbais s’en sortit. Et le barde, la main toujours aussi pauvre profita des annonces trop ambitieuses de ses comparses. La nuit était très belle. Une nuit d’hiver au ciel si pur. En sortant, Jacouille chantonna Mon coeur s’ouvre à ta voix. C’est un tendre notre Jacouille.

21 novembre 2019

50 ans de Bouffes: Une Genson douce que me chantait ma maman...

Par Bardibulle


L’automne est bien là. La nuit recouvre ses droits et grappille à l’image des castors son terrain. Prochain rendez-vous l’équinoxe. L’équilibre est un mouvement perpétuel pour ne pas dire un déséquilibre stable. L’oscillation est de mise pour maintenir la bulle dans le niveau. Et c’est ainsi que le pré se remplit. Chaque castor se propose en sortant de sa pénombre du jour pour se trouver dans les lumières de la nuit. La météo de son côté se fait rude. La manie s’articule à la déprime. Le réel appelle l’imaginaire. Tiens un ballon ! Il appartient à Dudu celui-là. Le castor ne sort jamais sans ses attributs. La tribu a ses rites. Toujours là ! Bronzage de Faro en prime. Le castor émérite s’amuse des contretemps. La pluie il s’en branle, le Mardi c’est courir ! Qu’il pleuve, qu’il vente ses habitudes construisent son exception. Cambo, fidèle au trou retrouve ses feintes sur le pré. Titi sera aussi de la partie. Son visible tient dans son physique. Le rouge en habit du soir s’associera aux couleurs de Bardibule. Ils se prêteront à l’exercice d’un jeu en cape et d’épais. Est-ce la couleur ou le mouvement qui attire l’adversité ? Les aficionados se feront distraits sur le sujet en abordant la solidité du tronc immobile et la chute d’une feuille abandonnée au bon sort du vent. Le regard se porte sur ce qui bouge. Le cerveau reptilien joue, lui en profondeur ! La pomme dans son principe de gravité n’est qu’un détail. C’est bel et bien le mouvement qui attire la bête. Principe de sélection et d’expérience. Le jeu impose ce rythme et la ballade ne propose que des rencontres. Merde ! Un en-avant qui casse la mélodie du passeur. La paire rouge quand elle se trouve fait du beau et quand elle se rate fait du moche. Croucrou à son aile est un tronc et une feuille en soi. Il s’anime et se propose à chaque balle en approche. Ses feuilles sont sensibles à l’interprétation des règles. Elles aussi sont en perpétuel mouvement. Sergio quand il porte le ballon reste une montagne intouchable. Attention la feinte, tu me vois à droite et bien je pars à gauche en proposant le ballon à droite pour que tu ailles à gauche tout en allant à droite avec le ballon pour ne pas perdre le sens du trou sans négliger la passe à celui qui se propose. Rotules sensibles s’abstenir. Le bon timing peut être dévastateur comme l’est son sens arbitral. Il se propose en compensé du bar une séance le mercredi matin pour démêler les nœuds des genoux adverses. Alain brillera à son aile et se promet de renouer avec le centre. Le doyen (disciple du doigt) retrouve son accélération et taquine la ligne d’essai. Les sensations sont là ! Le score lui toujours en équilibre. 

La douche pour nous ébouillanter et nous voilà dans la direction du trou.

C’est Julien qui est de bouffe. 

La saison appelle son pêcheur. Le pénitent prie le salut du soleil. La proximité dans la langue parle d’elle m’aime. La citrouille est abandonnée pour revenir aux sources de la vie en plus salées. La soupe sera poisson. La rouille en dérouille. Peter se fait reine et joue dans l’instant Rouille Blas de Victor Hugo : « Quand l’âme a soif, il faut qu’elle se désaltère, Fut-ce dans du poisson ! » (Acte 2, Scène 2) Le délice abandonne la Russie, cuisine d’exception de notre hôte.

La suite se fera parmentier. L’histoire de ce plat est une bible pour notre vieux 4. Sa sainte Madone se nomme patate. Il la chante et la prie à chaque jour et à chaque heure pour les pommes vapeurs. La sous couche sera en confit. « A mon dieu, qu’elle est belle la dacquoise à l’œil noir … » Pas de confit sans cette appartenance du sud-ouest. Que le mélange est bon et sa source inépuisable en saveur d’antan. 

Le lancer destination la voie lactée fit place au spectacle. Julien a la chance de pouvoir frotter ses oreilles à chaque mêlée au talonneur d’en face. Plaisir d’amour ne dure qu’un instant. Seules les premières lignes peuvent en parler une fois le sparadrap décollé. Ce qui protège rend sourd. C’est pour ça que les gros parlent avec les mains. Très loin l’idée de les comparer à des italiens. Souvent quand le sujet fait débat, le joueur au sol ne fait pas ses roulades et esclandres à l’italienne. La simulation n’a pas de place dans leur fameuse tirade ! Le cassé restera au trou. La rumeur dit qu’il a failli avoir deux morts ce mardi, mais deux fois Jacquouille. Le castor suce-cité ressuscite et reste toujours à l’épreuve des balles. Gloire à jacquouille. « Pitié protégez nos seins nourriciers » prie Lourdes qui sur l’instant prit avec un « t » conscience de son oubli, impardonnable de n’avoir accordé une place à notre Jacquouille en œuvre intemporelle de son nouveau musée dédié à l’ovale. Le castor est au-dessus de çà. La mémoire n’a pas besoin de lieu. Un jeu qui ne tourne pas rond, ma foi…Que cela ne tienne la voie se fera lactée et voilà du bon fromage !

Le dessert à choix à tarte. Un gros reste un gros. Pistaches abricots. La rondelle fait son printemps.

La nuit fait place à la lumière du trou. Hamilton accompagna son bicycle sur quelques pas. Regarde la rue. Point de phares. La chaussée brille dans le noir. Il chevaucha la mécanique. L’habitude ne surprend pas. Des rayons sont en soutien. Le premier coup de pédale annonce le dédale. Les sensations sont là. Vivement Mardi prochain, c’est Peyo qui régale !

11 novembre 2019

50 ans de Bouffes: Marco un Z'amour du trou

Par Le Barde et Bardibulle


Le crachin s’était estompé. Pas la moindre hallebarde ne tombait sur Musard. Nous pûmes jouer dans des conditions propices. Le Prez et Tom étaient de pré. Nous étions une douzaine. La partie fut agréable. Trop de courses latérales peut-être, quelques ballons tombés ; mais la partie fut agréable. Le Bardibule virevoltait, Croucrou sortait de temps à autre de son aile, et le doc cisaillait la ligne adverse avec tranchant.

La ballade se proposa entre les 22 et les 40 adverses. Les espaces plaisent à certains tandis que d’autres espèrent une décale en simple passe. Un débat sans début ni fin sur la taille du trou autrement dit entre l’innée et l’acquis, la jeunesse et l’expérience, le physique et la technique. La psychologie du développement dans ces paradoxes d'appuierait au je du Wallon et ses différents stades. Le haut fait débat bien entendu ! Le développement de l’enfant-joueur selon le psy qui se respecte est une succession alternative de stades centripètes et de stades centrifuges. Imiter dans la limite des passes possibles. La métaphore se fait Fontaine quand le lièvre taquine la dite tortue. L’éternel combat entre la tortue béglaise et le lièvre à la sauce tarlousaine dans son fameux « balle à l’aile, la vie est belle !». Pour résumer, le mouvement se fait soit en ouverture soit en pénétration. Lors des stades centripètes, l’enfant-joueur se centre sur lui-même, sur la construction de sa personnalité, de son identité. Bref dans l’ovale il se la joue perso. Le stade de l’égo se fout de l’haltère. Dudu crie et se lamente sur les non passes, et des sautées, pour lui il y a toujours un juste milieu pour le bon « je ». Lors des stades centrifuges, l’enfant-joueur se centre sur la connaissance du monde extérieur. Le principe de la passe est de penser à un autre. Entre l’abnégation du joueur, et l’apnégation (principe de jouer en apnée ne comptant que sur ses propres réserves) la limite ne se fait que sur un pas. Et sur ce point le physique est impitoyable car au rugby le physique on s’en branle. Freud aspire la fumée de sa pipe et disperse un nuage sur l’éclairci. Nous reprendrons cette observation qui se confirme dans cette maxime pré-lactée, les gros ne savent pas lancer ! Passage succulent entre le plat principal et le fromage. L’équilibre est dans le mouvement et une douche très chaude.

Marc est un prénom qui peut être rattaché à Mars, dieu de la guerre et de la fertilité des cultures. Marc est un dur fertile, surtout sur le pré. Sa rudesse est propice à l’envol des gazelles ; elle est généreuse. C’est un doux dur si l’on veut, un bel oxymore.

Mais Marc est aussi fertile en mets de toutes sortes. Ses mannes sont innombrables et d’essence italienne. Une jolie manière de saluer le Prez qui revenait du Japon. Car le rugby est un sport mêlé of course.

Pour la première fois, nous eûmes des bruschetta en entrée, avec une salade de mâche nappée d’une vinaigrette tendrement servie par Jacouille. Oui, la botte a du bon. Alban arrivé sur le tard apprécia cette première. Comme Amélie qui espérait des restes pour ses six petites poules. Comme il les aime ses poules, ses cocottes. Croucrou s’est mis aux poules aussi. Il y a un lien indéfectible entre les poules et les plâtriers dont la Bible disait qu’ils étaient célestes ; et c’est vrai.

Marc est un z'amour. Sa cuisine se signe avec un Z qui veut dire Z'ai le ventre plein! Il parle plusieurs langues notre cuistot et ce soir c'est l'Italie qu'ils nous offre. Le bon est dans la couche . Les lasagnes à la Marco... je vous prie. Les portions légères comme le cuistot ambitionnaient de faire pleurer tous récipiendaires. Objectif rempli homme notre estomac. Piou Piou divisa sa part en trois et pria la madone pour la multiplication des pains. Les lasagnes chez Marco sont à son image solide et lourd dans l'impact.

Le lancer fut magistral pour l'homme de mêlée qu'il est. Une fois la main faite sur trois envols, elle se libéra pour se prêter à des prouesses moins aériennes mais bien plus bulldozer. Avec un z comme Z'amours. La dualité fait l'homme. 



Il remplit la table et la débarrasse en même temps. Le mouvement est centripète (les verres) si vous suivez le raisonnement. Altruiste à souhait. Gloire au lacté !

Dieu que ces tiramisus étaient bons, touchés par la grâce. C’est un mot aux douces consonances tiramisu. Il vient du vénitien « tiramesù », littéralement « tire-moi vers le haut », « remonte-moi le moral », « redonne-moi des forces ». C’est peu dire que Marc donna raison à cette étymologie. Nous étions aux anges.

La belote vit la victoire d’Hamilton et la défaite du doc. Hamilton à la main heureuse. Le doc un peu moins. Ainsi va la vie.

Marc quitta le trou, heureux et serein. Lui vint un extrait de l’évangile de celui au prénom éponyme : « Car rien n’est caché, sinon pour être manifesté ; rien n’a été gardé secret, sinon pour venir à la clarté. » J’ai fait mon devoir se dit-il, j’ai offert le meilleur de moi-même. Je suis du bon grain, pas de l’ivraie. Pas la moindre goutte de pluie ne tombait. Marc regarda le ciel et se fendit d’un large sourire. L’air était frais et son pas guilleret.

31 octobre 2019

50 ans de Bouffes: Christophe met ses lentilles à table!

Par Le Barde et Bardibulle



La nuit est tombée sur le pré. Le synthétique sera moins seul, l’hiver arrive. La lumière se fera aussi plus artificielle. Il en est ainsi quand la nature humaine recule ses aiguilles pour mieux briller dans l’ illusion d’un temps sous contrôle. « La seule lune qui tourne et à laquelle je crois et celle qui me sert d’assise ! » s’exaspère Dudu en poète à muse. Toujours les tours de chauffe, le temps d’essouffler un peu plus le poulpe, bien en ventouse sur le coup et marqueur de multiples essais. Il joue en apnée le bougre. L’essai laisse le jeu sans fin. C’est fou comme ce sport laisse dans ses codes une ouverture à toute chose. Même si l’action se termine en aplati, la marque annonce une suite. Doc sur le sujet a assez de souffle pour prendre le trou. Ses cris de rage annonce qu’il a du coffre à défaut du Poulpe qui lui joue en silence. « Pourquoi gaspiller mon air alors qu’il faut que j’accélère ? Atmosphère, atmosphère est-ce que j’ai la gueule d’un lampadaire ? » Ses voyants sont au rouge. L’orange est passé inaperçu pour le céphalopode. De la mobylette à la charrette, il n’y a qu’un pas. C’est Fayou qui profita de la rentrée du Dudu après ses étirements. Le poulpe ne pouvait pleurer l’affront, plus d’eau et plus d’air pour faire un râle à la bête. Titi sur le sujet s’habille en rouge et les différentes phases de chauffe, le pinson il s’en branle. Pas de baisse de régime, il tient la ligne ! Il taquine le doc qui sans ses gants abandonne le serment pour des sermons. L’hallali des ohlala !

La douche était très chaude. Allez savoir, tout est question de démesure. Nous avions de froid jusqu’à maintenant, nous avons du très chaud, plus de raison de se plaindre. Le froid à l’avantage de ne pas laisser de marque sur la peau. Con se le dise. 

Canesson, c’est un joli nom. Rien à voir avec canasson. Christophe est tout sauf une vieille carne, une rosse ; un mauvais cheval si vous préférez. Et c’est ce petit e glissé entre un n et un s qui fait la différence. 

Coule dans les veines de Christophe, le sang des lettres. Ne compte-t-il pas dans ses proches ancêtres le merveilleux philosophe Gaston Bachelard. Il plaidait pour les douceurs de la rêverie et se laissait aller aux évocations que lui inspirait « la flamme d'une chandelle ».

Plus cheval de trait qu’étalon, encore qu’il possède de belles et bonnes pattes, Christophe n’est parmi nous que depuis une poignée d’années. Pourtant, il semble là depuis une éternité. Christophe est une évidence. 

Comme cette quiche qu’il nous servit en entrée, tendre, délicate, accompagnée de feuilles de salade. Pépé n’était pas là pour goûter ce met lorrain ; Pépé, il est dans les îles et ne reviendra pas de sitôt. En sorte qu’il y avait un grand vide. Peter eut beau s’affubler d’un béret, la ressemblance n’y était pas. Comme si un crâne lisse suffisait. Et la voix bordel, l’organe ! Celle qui nous rappelle à l’ordre, celle d’une histoire en or sans fin récitée, contée. Il y a de l’Homère dans Pépé. 

Illiade le ciel, soleil et la mer… L’Homère se prête au mythe comme les lentilles à sa saucisse. Le raccourci dans l’alimentaire nous éloigne des fondamentaux. Mais le propre de la lentille n’est-elle pas de nous éclaircir la vue. L’histoire est belle quand le flou se dissipe. Le plat se mijote et le dur se radoucit. Les saucisses se trempaient de leur côté le derrière. Mieux moutarde que jamais ! Le plat est un délice quand il se prête au simple du fait maison. Un complexe dans l’art qui donne une toque au chef. 

Le fromage se fera en quadrille. Suite à un lancer d’assiette digne d’un quatrième ligne. Christophe n’est pas demi. Un parcours sans faute, la confiance se fait en conséquence mauvaise amie. Un verre brisé, une mâchoire percutée, le cuistot pour une première déboite les codes. Seuls les grands culminent dans la brise. La pause du lactée et nous voilà parés pour le sucré !

Le dessert était une affaire de père puisque c’est le géniteur de Christophe qui conçut le flan que nous appréciâmes comme des enfants. Un père fait la paire, c’est entendu. Dudu appréciait ainsi que le vieux quatre harcelé de questions diverses par Régis. Mais pourquoi diable s’acharnait-il de la sorte ? Lorsqu’il lui demanda s’il était pour les rosbeefs ou les bocks, le vieux quatre lui répondit qu’il était contre les anglais. 

Si la belote fut un triomphe pour Hamilton et Titi, elle aujouta un dépit pour le barde dont la main était bien maigrelette. Les mardis se suivent et se ressemblent. Jacouille, pourtant, veillait sur lui. En vain. Le bardibule rentré sur le tard fit bonne figure. 

Arpentant les rues des Capus, comme il regagnait sa demeure, Christophe pensa à son aïeul. Lui revint cette phrase « Le noir est le refuge de la couleur ». Et puis une autre : « Comme la nuit s’agrandit lorsque les rêves se fiancent ». « Sacré Gaston se dit-il en esquissant un sourire reconnaissant, je bois tes mots comme d’autres enquillent des pintes. Et cette ivresse vaut bien celle de la mousse. »

24 octobre 2019

50 ans de Bouffe: Aligot-éléments - Aligot-thérapie - Bienfaits de l'aligot - Plus qu'un régime, une Maxime!

Par le Barde et Bardibulle


Dix, nous étions dix. Pas un de plus, et pas une goutte de pluie. Tant pis pour ceux qui ne goûtent guère l’humide. Nous nous repartîmes entre la ligne des 22 et la ligne médiane. Et ce fut bon. D’autant que des vols de grues paraphaient le ciel gris et nous étourdissaient de leurs cris. Un soir d’automne qui annonce la venue des palombes est un soir de rugby.

Le jeu se faisait en impair et en imper. Le chagrin est ainsi pour l’équipe qui perd son marqueur à chaque réussite. Doc en automne est toujours présent. A l’image du Guitou, itou il a su choisir son camp. « Rien de tel que d’être dans la bonne équipe pour ne pas perdre. ». A en déjouer tous pronostics, les moins nombreux franchirent plus facilement la ligne. La constance prie son dard à gnon ! Mousquetaires de l’escarmouche, même sous la pluie on touche ! Nous eûmes un Barde alerte, la crinière au vent a une fâcheuse tendance à aveugler l’adversaire quand il se décide à prendre son trou. Hamilton prit la pose aussi, et avec ses deux genoux brilla à sa manière avec une passe à l’aile qui nous rapprocha de Lourdes. L’immatriculé conception ne craint pas la pluie. Jean Phi en second rideau a un côté « Spitfire » autour de ses vieux et lourds bombardiers. Vieux ne tient que par l’expérience. Con se le dise.

Nous eûmes une douche froide. Rien de nouveau en somme. Vivement l’été pour qu’elle chauffe.

C’est un joli prénom Maxime. Il vient du latin maximus qui signifie "le plus grand". L’étymologie nous prédestine ; Maxime est né pour être grand. Maxime, c’est aussi un nom féminin porteur d’un double sens :
  • Précepte, principe de conduite, règle morale.
  • Proposition, phrase généralement courte, énonçant une vérité morale, une règle d'action, de conduite.
Il porte bien ces deux définitions Maxou, vous ne trouvez pas. Et la seconde lui va comme un gant. Pensez à son talent sur le pré. Certes, certes, il faudrait demander à Seb si nous ne nous éloignons pas trop de la vérité.

Reste qu’il était en cuisine Maxime.
La cuisine peut être la traduction de ce que l’on est. Et oui, Maxime est grand.

L’entrée fit ses débuts dans une salade printanière. L’automne comme les hirondelles fait son printemps. Un mélange de fruits de saisons et de légumes sans saison. Des crêpes du pays suppléaient aux pains de Pépé. Avis aux cuistots à venir, le pain sera à la charge du chef de table. Pépé voyage. Et quand Pépé voyage, les castors ne mangent pas de pain. C’est bien connu.

Ah ! L’aligot ! Notre aveyronnais nous dispensa le meilleur de son pays, le meilleur de son être. L'aligot est une spécialité culinaire traditionnelle originaire de l’Aubrac, à base de purée de pommes de terre, de tome fraîche. Maxime touillait, lissait sa purée natale sous nos yeux. Il suait corps et âme. Et le résultat fut grandiose, suave, onctueux, sublime. Maxime habite son prénom.


« Un repas équilibré ne tient qu’à la présence des aligot-éléments. » Souffla notre Piou Piou en fin diète connaisseur !

Une saucisse accompagnait l’aligot, ferme. Pépé dont c’était le dernier repas pour cause de séjour réunionnais savourait. Nous ne le reverrons que fin janvier. Son petit frère était là, la houppe dressée et le regard fier. Quel plaisir que de revoir notre Tcho. La conversation roulait sur France-Galles. Sur la règle. En quoi la règle prête à débats et n’est pas aussi ferme que l’on croit. Règle du hors-jeu, de l’en-avant après arrachage de balle, etc. Il faut disputer la règle.

Maxime déroula à sa manière le thème en fromage. Sa ligne de conduite ne lâche pas l’idée du jour. Il y aura du fromage pour tous ! Dudu avait proposé le concept sans le transformer. Il proposa de mémoire du fromage sauf pour le fromage. La radio irradie et parfois fait son effet. Un essai sans la transformation c’est comme perdre d’un point en coupe du monde, ça fout les boules. Puis on se dit qu’il faudra du temps et on passe à autres choses. Prof élabore une équation pour comprendre l’en -avant qui se mesure en coude. Toutes défaites ne tiennent qu’en l’homme. Les histoires sont ainsi, elles se racontent toujours en différence et nous vieillissent avec le temps. Fromage aux désespoirs, aux fougues ennemies, n’ai-je tant vécu que pour du Brie. Le rugby tient dans ses ellipses de belles échappées affectives. De sacrés clins d’œil, de sacrés pieds de nez qui n’ont que pour ambition de lier notre corps au hasard du bon vivant. Voie lactée en prime. La constellation du centaure a raison ! Une seule assiette sera offerte à l’histoire. Un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beau coude !

La trame de ce repas, était bel bien le fromage puisque nous eûmes un cheesecake en dessert. JB appréciait. Peter aussi, bien qu’il ne put résister à faire profiter du cheese au prof qui ne goûta guère cet élan pâtissier maculé. On craignit le pire, mais le prof est un sage. Amélie lorgnait le plat pour ses poules, persuadé que le cheesecake les comblerait.


Une belote de comptoir bien sûr. Avec un Seb souverain et un Hamilton de gala. Dudu aussi était en veine. Quant au barde, sa main était pauvre. Maxime s’en sortit de justesse. Pas de Jacouille au comptoir. Une belote sans Jacouille, c’est comme Bouvard sans Pécuchet.

Pas de gouttes de pluie au sortir du trou. La ville était calme. Nous allions un pas un peu las. L’aligot infusait nos corps repus. Pas la moindre étoile. Les grues poursuivaient leur vol. Une belle soirée d’automne. Pioupiou gazouillait et le Tarbais dansait sur le pavé mouillé.

22 octobre 2019

50 ans de Bouffe : Thom Thom Thom Thom Thom Thom … (sur l’air de « La Chevauchée des Walkyries »)

Par Le Barde et Bardibulle


Sur le pré comme de loin. Nous étions peu à taquiner le chagrin. La pluie en synthétique fait son automne. Nous n’interrogeâmes pas l’idée de renverser la largeur en longueur. Un puissance 4 fera largement l’affaire. Un quatre contre quatre, ce n’est si pas mal. Le jeu compensa le nombre. Le manque n’était pas dans la qualité mais bien dans le nombre. Du Sergio en magicien, d’un Croucrou en aplati il n’y a qu’une passe qui fait le lien. En face le Tarbais et le Doc ne purent rivaliser que par un jeu en jambes. La vista était d’un côté de l’autre les cannes. La marée se fit par vagues. Déluge dans un sens puis dans l’autre. La qualité se complète par le physique et inversement. 

Une douche de plus, plus froide… C’est Musard qui arrose ! Et direction le trou

Thom était de retour, de retour du pays du soleil levant. Rien pourtant dans son repas ne traduisit ce séjour. Il respecta la cuisine de son histoire. Une forme d’hommage en somme. 

Nous fûmes bien peu à le recevoir. Au Japon, on est redevable auprès de celui que l’on accueille. Le trou était trop peu garni pour mériter un tel hommage. Tant pis pour les absents. Ils n’eurent pas droit aux bienfaits d’un vieux huit qui porte bien son âge.

En guise d’entrée, une garbure. Avec sa coine et sans miettes de porc. Douce et suave. Une offrande. Sergio apprécia. Le Tarbais itou. Tous deux de se retrouver dans cette tradition qui donne le la. Amelie aussi appréciait mais se disait que ses poules n’en profiteraient pas. Le la des poules n’est pas celui des hommes. Il leur faut un peu plus d’épaisseur ; le liquide n’est pas leur fort. La poule aime le dur, c’est entendu. Et pendant ce temps-là, Tom décrivait son futur et long périple à la voile. Notre homme est marin. De la garbure à la mer ou aux océans, il n’y a qu’un pas ; le hasard n’existe pas.


Puis Thom se fit transalpin. Avec, des lasagnes. Mais aussi épinard et confit de canard. Un clin d’œil métissé aux fondamentaux du pays de Dante. Il faut savoir mêler les cultures. « L’unisson est la qualité du tout ennuyeux » écrivait Montaigne. Il va bien à Thom l’homme des essais qui narra aussi son périple sur la botte. 

Les poules d’Amélie auront leur part du met. Faute de combattants, il en restait pour ces demoiselles. Les portions furent pourtant généreuses. Mais la générosité de Thom va aussi aux volatiles d’Amélie. Croucrou allait ses bons mots à foison. Il est en forme notre Croucrou. Il donne chair aux mots.

Le Grand Thom a un physique. Et tout physique tient sa condition. La sienne il la partage en quantité. La table s’est faite timide pour le coup. Mais au fur et à mesure du diner, les convives pesaient double. Allez savoir tout tient dans le mental. Ce n’est pas le nombre pour le gros qui fait la force, c’est la ligne de conduite. La ligne du quatrième ne tient pas de la guêpe mais bien d’un sumotori. Le roquefort fera satiété. La hauteur des quatrièmes lignes ratissent large. Le vieux 4 pleure et en oublie le pouvoir de la patate. « Putain c’est succulent et tout ça sans patate. ». Un quatrième ligne qui n’a pas mis une patate n’est pas un quatrième ligne. Le grand Thom une exception dans la règle de la décalque d’une mâchoire et plaisirs des sens. Le coude est une affaire de gout !

Le lancer digne de son perchoir. Un hymne aux balancés en touche. Qui a dit qu’il y avait un ballon ?

C’était la deuxième mousse de la saison, la deuxième mousse au chocolat après celle d’Isa. Parfaite, différente, mais parfaite. Toujours cette affaire d’unisson chère à Montaigne. Les estomacs étaient pourtant repus. Ils allèrent, cependant, au bout d’eux-mêmes. Surtout Peter. 

Une belote se dressa. Je crois que Thom en fut pour ses frais. Les cartes ne sont guère reconnaissantes. Jacouille s’en tira bien, comme d’ordinaire. Titi aussi. Pas de coups d’éclats, une petite belote en somme, sympathique et sans extras. 

La pluie s’était retirée. Une nuit frisquette nous attendait, une nuit d’automne. Nous nous dispersâmes l’âme gaie, le corps un tantinet lourdaud. Thom pensait à ses mers futures et Jacouille souriait aux très rares étoiles. Tout un art.

07 octobre 2019

50 ans de Bouffes: "On demande le dessert à la barre!"

Par Le Barde et Bardibulle



C’était une journée de crachin. Elle s’était commise avec l’orage au petit matin. Elle eut le bon goût d’interrompre ses larmes avant que la nuit ne tombe. En sorte que nous pûmes jouer sans entraves.

L’assemblée était timide au début. Puis, elle s’étoffa. Même Dudu connut un peu de retard. Nous étions à peine plus d’une quinzaine. Le jeu fut vif de chaque côté. Les cannes étaient de sortie et les vieux assuraient. D’aucuns y verront une logique qui n’y est pas.

Le bardibule nous gratifia d’un(e) offload de grande classe, lors que Sergio et Seb régalaient leurs comparses. Dudu réinventait les règles et le barde regardait le ciel. Chris nous offrit un essai d’ailier en déposant son poursuivant par sa course. Un essai d’école, de rentrée. Jean-Phi alternait le geste pur et le coup de folie, trouvant un équilibre improbable mais réel entre l’un et l’autre.

Le trou fait débat à l’occasion. Le sujet en rebond de l’en-avant reste une source intarissable sur le pré comme de loin et à table comme au bar.  L’en-avant peut se faire sans mêlée pour des exceptions qui dérèglent la règle. Le chapitre freudien s’envole dans l’interprétation des rêves mais reste très léger concernant l’interprétation de la règle de l’en avant. En bref, le subjectif appelle l’objectif. La règle n’a son sens que si les référentiels sont communs. L’en-avant pour ainsi dire peut-être autorisé si le geste est beau et l’essai dans l’esprit du jeu, et là encore Dudu restera seul juge, l’expérience oblige ! Et encore sur ce coup l’anglais comme langue universelle vise l’annale avec un seul « n » si la sentence ne se veut dans l’international. Certaines victoires méritent un doigt … Pourquoi s’en priver ? Quand l’en avant est en décalage d’une course en pointe et que la décélération suce-cité du receveur induit une parabole dont le X² rend improbable le pro-balle et seul le support vidéo deviendra l’unique juge ( à défaut de Dudu… faut suivre)  pour approuver le sens du jeu sans ballon et l’impartialité du maitre huissier dont les origines s’oublient par toutes ses incertitudes. Bref l’arbitre et le joueur en perdent leur latin et vis et versa…
Titi est un pinson et pour lui l’en avant ne mérite pas d’être tatillon. La preuve dans son jeu ou sa percute catapulte la balle. La question ne peut mettre en doute sa vérité. Son en-avant parle pour lui, pourquoi être limite sur la règle quand on peut dézingué celle-ci et autoriser les gros à se coller les oreilles. Il y a du gros dans Titi. Le pinson a du quaterback et il aime ça. Le centre est au milieu et son en-avant à 3 ou 4 mètres près pourrait passer inaperçu. Con se le dise !

Le maître-queux du soir n’était autre que le maître. Lolo, Prof, Jacouille, Pioupiou attendaient les leurs en jouant une belote de comptoir avec Hamilton. Dix-heures avaient sonné depuis belle lurette lorsque nous nous attablâmes. Pour la plus grande joie de Pépé nous commençâmes par une soupe où le potimarron se mêlait à la courge. D’où cette couleur d’un orange pâle dont la courge est exempte. Quelle onctuosité ! Pépé conversait avec le maître sur les aléas de son potager. Sa parole est un roman. Point ne lui est besoin de la langue écrite pour dire sa vie ou celle de ses tomates éplorées.

La suite se fera en parmentier. L’avocat sur le sujet défend sa sentence. Le confit est une couche comme une autre et la pomme de terre sera en appel. Son assise est cruelle et la correction sans suite. Certains ont cru voir de la purée sous le canard en confiture. La cène mérite sa plaidoirie. Pour sur le parmentier chez l’avocat est une affaire non classée côté patate. Le Vieux 4 pleure sa courge. La sentence est faite. Le mélange est bon !

Le lancer d’assiettes fut parfait si l’on excepte le prof qui manqua de peu d’être balafré. Pépé ébrécha sa promise. Vint alors un panel de fromages. Jamais nous n’eûmes pareille abondance. De la mimolette, du camembert, du comté, et j’en passe. Un florilège. Le maître s’en tint là. Pas de dessert. Il y eut bien quelques râles de dépit. Sans plus. Nous étions repus.

Une deuxième belote de comptoir se dressa. Elle vit la victoire du Barde et du Tarbais. Amélie avait la main pauvre. Titi alterna le bon et le pire. Sergio se démena avec sa main pauvrette. Comme d’ordinaire, des bonbons à foison nous ramenaient un peu plus vers l’enfance.

Toujours pas la moindre goutte lorsque nous sortîmes. La pluie menaçait pourtant. La nuit était douce, une nuit d’automne. Le trou se vida. Hamilton chevaucha son cycle rouge en sifflant You must believe in spring. Un vent léger se leva exhumant l’odeur des platanes. Oui, une nuit d’automne très douce et on les aime.

01 octobre 2019

50 ans de bouffes : Titi et ses gros minets

Par Le Barde et Bardibulle


L’Automne est là. Le soleil fait place aux chagrins. Il pleut sans pleuvoir et le ciel reste gris. Le bleu dans l’âme. Le pré comme de loin trouva son équilibre sur sa largeur. Point de terrain retourné, même si pour des raisons qui échappent à nos fondamentaux, nous jouâmes de l’en-but au quarante adverse. Pour dire que la troupe était au rendez-vous. Pourquoi s’embêtait à courir sur du long alors que des passes sur le travers feront la différence.

Le Barde bichonnait ses adducteurs pour ne pas les froisser et nous attendait à la popotte. Notre gardien des lettres reste notre porteur de balle. Mozart lança le tempo, une biscouette pour donner son « lala », d’une aile à l’autre, putain de rotules qui ne suivent pas le rythme… Queue ne tienne, la pression se lâchera au trou. Nous dûmes nous faire à une nouvelle bechigue à défaut de poètes. Maxime est motivé, Dudu dans sa constance contrariante, et Croucrou aux abois. « Moi le ballon, ce n’est pas pour moi… ». A le voir de nouveau dans la ligne nous fit douter de ses paroles. Le castor a quatre poumons pour les prises d’intervalle et du petit côté oublié avec en prime une touche « Détritus » de la fameuse Zizanie qui en quelques mots peut déstabiliser tout jeu adverse. Un physique sur le psychique. Freud adore ! C’est Dudu qui mordit à l’hameçon et se prit à la joute verbale. Les deux font la paire. Qu’il est bon ce partage de balle en ballade avec en fond des paroles en l’air. Une sonate aux clercs deux prunes. Dudu de la vieille trouve toujours le moyen de glisser dans le sien. Rien à faire, la vista est là ! Peter trouva une excuse pour s’éloigner de son talon en glissant une pointe au niveau de ses cervicale. Sans cou pas de talon, c’est bien connu.
Jean Phi avait choisi son camp et se proposait à chaque jeu de balle. Nous n’entendîmes les complaintes de notre Doc qui sur ce coup réussissait chaque lancement. Point de râle témoigne de son excellence.
Le score se tint en équilibre. Une partie de la douche en nocturne. Et les gros minés prirent le chemin de la tablée pour rejoindre leur Titi.

Titi est un pinson, pas un canari. Il suffit de s’arrêter sur la morphologie du pinson mâle pour s’en convaincre : « Le pinson mâle a le dos brun-noisette, le ventre et la gorge rosâtre, les côtés de la tête rougeâtres, la calotte et la nuque bleu gris qui le différencient de la femelle, le front noir, les sous-caudales blanchâtres et le croupion verdâtre. » La ressemblance est frappante vous ne trouvez pas ?

D’ailleurs ce surnom de Titi, d’où vient-il ? À vous de faire votre choix :
  1. un personnage des Looney Tunes ;
  2. le héros d'une série de courts-métrages comiques français produits par la Comica à l'époque du cinéma muet  ;
  3. en argot parisien, un jeune enfant ;
  4. les titis, singes de la sous-famille des Callicebinae, notamment du genre Callicebus ;
  5. en informatique, une variable métasyntaxique, nom souvent lié à toto ;
  6. au Québec, titi est parfois utilisé comme juron atténué pour dire beaucoup. Exemple : « Ça fait mal en titi » ;
  7. Un titi est un massage d'origine niçoise, prenant la forme de petites caresses faites du bout des doigts dans le dos. À l'origine, elles sont faites pour aider le sommeil du nourrisson au moment du coucher ;

Pas l’ombre d’un doute, c’est la faute au Titi singe. Mais pour moi, Titi c’est un pinson. Rien à voir avec un primate. Non, c’est un passereau. Et je sais que le vieux quatre est d’accord. Pioupiou un peu moins.
Donc, notre pinson nous avait concocté une promenade gustative internationale en cette période de Coupe du Monde . Soit :
« Italie / salade de tomates mozzarella avec son basilic et l'inévitable Lou Gascoun
Sénégal / Poulet Yassa à la mode bretonne dans sa marinade au vinaigre de cidre
France (franche comté et Savoie)/ Reblochon et cancoillotte
Amérique latine / Mousse au chocolat à la fève de cacao du Brésil (et d’ailleurs) levée aux oeufs de Quinsac »

Suivons le guide qui avait eu le bon goût de nous transmettre ses promesses la veille du trou.

Entrée : si le lou Gascoun était inévitable, ce méli-mélo de poivrons, tomates de Quinsac, de basilic, nous laissait encore aux charmes de l’été. L’été traîne ses restes dans l’automne, et c’est bien. Les césures ne valent rien si elles ne lient pas les saisons. Yan sauçait, Pépé aussi. Guitou savourait. Mais le meilleur restait à venir.
Que vaut un poulet yassa s’il n’est mariné dans un cidre breton et mitonné avec de petits oignons ? Rien. Isa le sait ; elle sait l’art de mêler les cultures heureuses. Ce poulet avait un côté atlantique et se moquait bien des continents. Toute frontière est imaginaire. Il y avait très précisément trente six morceaux ; nous étions trente cinq. La juste mesure avec ce zeste en plus qui est le signe des mains généreuses.


Le lancer d’assiettes et le fromage mérite un arrêt sur image. Les légumes viennent de Quinsac mais point de navet pour les soucoupes. La confiance et le doigté font la différence. Titi a du talent ! Le bri fut limité ainsi que le brie. Nous eûmes en revanche à foison du reblochon du pays qui est le sien et de la cancoillote. Joel s’intéressa sur le sujet sans pain et sortit du coup le lien wiki. La cancoillotte est un fromage à pâte fondue principalement fabriqué en Franche-Comté , ainsi qu'en Lorraine et au Luxembourg (où son nom est Kachkéis). Elle est obtenue à partir d'un mélange de metton (lait écrémé caillé) et d'eau, additionné de beurre en fin de préparation. Ce fromage typique de la cuisine franc-comtoise est un fromage (hors produit industriel) maigre, dont le taux de 8 à 12 % de matière grasse vient du beurre ajouté lors de la fonte. La saveur de ce fromage a évolué et deux cancoillottes, dont une au goût plus prononcé, existent. Le vieux4 à défaut de pain garda la patate tambièn !

Une mousse au chocolat ? Non, une action de grâce. Suave, délicate, onctueuse, sublime. De mémoire d’homme, jamais mousse ne fut plus exquise. Il faut toute la délicatesse d’Isa pour offrir un tel bouquet. Titi se contenta de séparer les blancs d’œufs des jaunes. C’est peu et c’est beaucoup. Nous étions repus, comblés, heureux.



Pioupiou entonna son hymne aux chiens. Le Prez l’accompagnait. Une histoire de derrière. Quant à Pépé, il feuilletait son smartphone de ses doigts lors que JB lui tenait le crachoir. Pépé est un moderne. Il est à la page. Il feuilletait les photos de ses Pyrénées.

La belote de comptoir vit la défaite de Perdigue. Il en demandait beaucoup trop à sa main étique. Le jeu n’a, parfois, que faire du panache, et Perdigue se retrouve gros Jean comme devant.
La nuit daubait la pluie. Plus une goutte. Titi était gai comme un pinson. Il reprit le chemin de Quinsac en murmurant des vers de Prévert :

« Est-ce qu'on sait ce que c'est qu'un pinson
D'ailleurs il ne s'appelle pas réellement comme ça.
C'est l'homme qui a appelé cet oiseau comme ça
Pinson pinson pinson pinson
Comme c'est curieux les noms »

24 septembre 2019

50 ans de bouffes : La bouffe de Lolo sans hic

Par Le Barde



Il y avait du monde sur le pré. La chaleur n’avait pas dissipé l’envie de taquiner la baballe. Sergio était de retour et le bardibule en Guyane. Titi et Toto aussi étaient de retour. Ce fut bon. Sauf pour Thibaud dont l’un des doigts heurta malencontreusement l’un de ses yeux suite à une passe particulièrement chaloupée. Il faut apprendre à maîtriser sa chaloupe lui murmura Jean-Phi à l’oreille. Et Thibaud, penaud, de regagner les vestiaires. La partie continuait ; nous étions sur le grand terrain.


Le rythme n’était pas toujours vif. A telle enseigne que Sergio conversait souvent avec Joël. Un lourdais et un dacquois ont beaucoup à se dire sur le pré. Ils ne sont pas héritiers des Prat et des Boniface pour rien.

Le Tarbais était pétulant. Croucrou couvait son aile. Gwen égal à lui-même. Gwen, il est sans fards. L’éternité ne le changera pas. Un bon vieux toucher de rentrée en somme. Où Toto montrait l’étendue de ses cannes.




Lolo nous attendait ceint d’un tablier sombre dans le saint des saints. Le trou se garnissait. Nous étions en nombre. Pépé nous somma de nous mettre à table. Des melons en tranches n’attendaient plus que nos mains. Des boîtes de pâté étaient déposées de manière géométrique sur la nappe. Amélie avait des airs de Sébastien Bruno et le vieux quatre était enfin là pour donner le la.

Proposer du confit en ces temps de chaleur, c’est affirmer que la tradition transcende les saisons. Adosser des haricots au confit, c’est rendre hommage au lourd, mais au lourd nimbé de grâce pour peu qu’il soit bien accommodé. Force est de constater que ce pari surprenant fut réussi. Du confit, il ne resta pas une miette. « Sais-tu qu’il se révèle mieux s’il est froid » chuchota Dudu à l’oreille de Lolo qui affecta une indifférence polie.

Le lancer d’assiettes fut parfait. A une exception près. L’exception accuse la perfection. Le mal n’est rien sans le bien, la gauche dans la droite, l’ombre sans la lumière. La chair douce du fromage apporta une paix onctueuse. C’est à ce moment très précis que le Prez fit son entrée, descendit l’escalier et se mêla à nous dans l’absolu de sa présence.

Une tarte en dessert. Une tarte aux pommes. Et pour ceux qui n’avaient pas encore l’estomac saturé, une tarte au flan. Le vieux quatre, il aime le flan et n’entretient qu’un rapport assez lâche avec les pommes.

La nuit des Capus retrouvait ses petits. Elle nous prit sous sa coupe étoilée. Jacouille lui adressa un sourire complice. Pépé souriait aux étoiles. Et Lolo rejoignait sa Sarah, heureux d’avoir satisfait les siens en murmurant des vers de Phèdre.

18 septembre 2019

50 ans de Bouffes: le trophée Sabite: Castors 1 - Sanglier 0

Par Le Barde et Bardibulle


Enfin Musard. Enfin la béchigue.
Sans elle, nous ne sommes rien ; elle nous augmente. Par la simple addition d’êtres mêlés, posés sur un arpent de terre, jouant, comme jouent des enfants, avec des éclats de bec, des éclats de rêve, de petits éclats de rien du tout qui sont tout.

L’image qui restera de ces premières foulées, c’est celle de notre Pioupiou, de notre oiselet, se vautrant sur l’herbe après s’être mélangé les pinceaux qui, en l’occurrence n’étaient pas ses mains mais ses pieds. Aviez-vous remarqué qu’il joue avec ses bésicles ? Son étreinte avec le pré projeta ses pauvres verres au diable vauvert. La chute fut terrible. Il y eut un long silence, puis des rires, et notre Abraham de regagner les vestiaires, sous l’œil attendri et un tantinet taquin du Tarbais.

Il y avait beaucoup de petits nouveaux, des anciens blanchis sous le harnais. Comme Joël. Et puis les caciques. Ça gambadait, ça rouspétait. Une rentrée comme on les aime sous un ciel sans nuages et une lune sereine. Le bardibule n’avait rien perdu de son sens de l’interception, Perdigue filait droit, le doc n’avait rien perdu de ses cannes.

Comme c’était bon ! Bien sûr, quelques imperfections rappelaient que nous étions de rentrée, quelques ballons tombés, quelques passes malhabiles.

Jean-Phi nous attendait au trou. Notre tanière était remplie comme un œuf. Pépé, à dix-heures pétantes donna le coup d’envoi. De petits carrés de melons, du pâté de sanglier en préliminaires. Du doux et de l’âpre. Et sur la table des magnum de Hauchat 2015 que Guitou et Lolo couvaient du regard.

A vrai dire du côté du bar, il faisait disette. Non pas que le vendangeur n’avait pas pris les devants mais il n’avait pas compté sur l’appétit des attablés. Des attablés ne sont que des affamés à table. Il fait chaud en tout cas dans le trou quand la table est comble et que le bar se réfugie sous la pression. Nous eûmes dans notre coin du pâté de sanglier et n’avons pas cherché d’autres mets pour nous rassasier dans l’entrée. L’animal et son pain font suffisamment l’affaire pour ne pas nous mettre au vert. 

La suite viendra une fois la table servie. Et là encore nous rongeâmes les os pour ne pas dire que c’était la fin des haricots. Notre Sabite avait en prévision fait un rappel pour connaitre les troupes en présence. Il prit même du rab pensant aux aléas d’un Poussou, omniprésent par ses absences. Notre immaculé barman, jeune retraité qui est parti prier à Lourdes mais dont la présence reste éternel. Il est du signe de la vierge… En recomptant le doodle, et après l’avis réfléchi de notre Trez la somme de tous ne correspond au total des mets. Comment ça ? Il n’y a pas de mets ! C’est un comble dans l’art des plaisirs du trou. Certains auraient pris une marée pour rester dans l’effet carabosse… qui aidait à la popotte. Jean Phi est un amoureux du trou. Côté sanglier, il avait prévu un festin en oubliant ceux qui sont tombés dedans quand ils étaient petits… C’est sa cuisine moderne, l’important c’est le gout. 

Gwen prépare un guide culinaire après avoir dégusté la moitié de la bête. 

Pour nous consoler, nous eûmes un sandwich façon Sabite. Deux tranches de pain (pépé prévoit large côté pains…) et une grappe de raisin… un fameux pain aux raisins… 

Et vint le chant du fromage. Comme elle nous manquait notre antiennes crémière ! Quelques mots, une mélodie, l’art du chant. Le lancer d’assiettes fut paisible, n’était celle que Jean-Phi adressa, à l’aveugle, les yeux ceints d’un bandeau, vers Alain (Fajolles), sis à la gauche de Pépé. Elle se fracassa contre le mur. Sans conséquences.

Quelle belle idée que ces grappes de raisin en dessert. La vigne de Jean-Phi nous comblait de ses petits grains de chasselas, de muscat. Nous les croquons avides.

Nous nous attardâmes. JB et Joël conversaient sur l’essai refusé à l’UBB pour un en-avant que Joël réfutait et que JB légitimait. La géométrie du rugby n’est pas une science exacte et ouvre à des débats sans fin. Rien n’y fit, pas l’once d’un accord. Le doute a de beaux jours devant lui. Et c’est t’es bien ainsi.

Une petite belote avec Christophe, Régis, Perdigue, Patrice et le barde. Les folies de Régis le condamnèrent. Le barde en profita.

La nuit nous accueillit de toute sa fraîcheur. Une nuit d’automne comme on les aime. Une nuit de rentrée, avec ce fumet de nostalgie, d’enfance. Chacun de rejoindre ses pénates, comblés.

25 juin 2019

50 ans de bouffes : Alain post anniversaire

Par Le Barde,


La fête de la morue n’ayant pas encore plié bagages, nous ne pûmes jouer l’ultime toucher de la saison. Le trou était donc de rigueur.

En sorte qu’il fut garni tôt. Pour passer le temps, rien de tel qu’une vraie belote. Pas une belote de comptoir, non, une vraie. Et avec des cartes neuves. Titi et Christophe contre le barde et Joss. C’est peu dire que Christophe mérite le surnom d’El Chouno. Comment peut-on avoir d’aussi belles mains ? Certes, il sait les exploiter et Titi manie la carte comme personne. Mais enfin, quelle injustice pour leurs malheureux adversaires.

Nous étions encore dans les effluves radieuses de notre week-end du demi-siècle. En sorte que l’atmosphère était particulièrement heureuse, nimbée d’allégresse. Et pour tout dire de joie. La joie se prolonge, ne s’interrompt pas, comme le temps ; elle devient le temps. Le temps était plus castor que jamais.

Nous nous mîmes à table plus tôt que de coutume. Pépé ne broncha pas. C’est Alain Fajolle qui était commis de mets. Nous attendîmes cependant le Prez avant que de commencer. Et lorsque nous devinâmes ses longues jambes descendant le petit escalier de pierres, ce fut une ovation. Coco put prendre la parole et dire combien notre club avait de tenue, de savoir-vivre, de force, d’évidence. En sage, Alain avait jeté son dévolu sur des carottes râpées en entrée. Avec des restes de boudins de notre dimanche.
Puis, il nous proposa un chili con carne à peine épicé. D’une rare douceur. Abondé par du Saby, rouge ou rosé. Le chili est propice au chant. Nous chantâmes plus que de raison. Avec Pioupiou en figure de proue. Une large part de notre répertoire y passa. Pioupiou, en face à face avec son invité, eut ce dialogue bref mais si philosophique : L’invité : « Il entend tout mais il ne comprend rien. » Pioupiou : « En même temps, il n’y a rien à comprendre. »

Les assiettes à la main, Alain exécuta la tradition du lancer avec art. Il y eut un peu de casse. Juste ce qu’il faut. Les assiettes au trou faisaient un doux froufrou. De larges tranches de brebis, agrémentées de confiture de cerises noires étaient de fromage. Avant qu’une salade de fraises avec de délicates feuilles de menthe ne concluent le repas. Amélie raffole de la salade de fraises. Comme ses poules. 

C’était le dernier repas. Avant l’été. Avant la pala et la pétanque. Nous trainâmes un long moment. Conversant, papotant, commerçant. Perdigue suppléa Sergio au café. Nous rangeâmes les présents de nos invités.

Dehors l’orage grondait. Perdigue chantonnait son Brassens en bénissant le nom de Benjamin Franklin. Alain se demandait comment il passerait entre les gouttes. La nuit était zébrée d’éclairs. Le Prez rentrait dans ses pénates, heureux. La vie est belle, il faut aimer la vie.

19 juin 2019

50 ans de bouffes : Mozart est là...même sans tomates

Par Le Barde,



De pré, il n’y eut point, faute de vestiaire. Bien sûr, l’on peut toujours se changer et rincer son corps vaille que vaille avec le premier filet d’eau venu. Mais a l’exception de Jean-Phi, personne n’éprouva le désir de fouler le pré sans passer par la case vestiaire.Jean-Phi était accompagné de son chien et d’un bidon en guise de ballon. Il est comme ça Jean-Phi ; il a un petit côté Marcel Duchamp en herbe.


De toute manière, personne n’aurait pu conter le toucher de ce mardi 11 juin. Ni le bardibule ni le barde n’étaient à Musard. Le Prez et son bureau réglaient, en effet, les derniers détails de nos festivités du demi-siècle. Et comme le bardibule et le barde en sont, tintin pour le pré. Le trou était ainsi copieusement garni avant l’heure. L’équipe des cinquante ans buvait les paroles du Prez. Sur son petit cahier orange, le crayon à papier dans la main, il consignait l’essence de ce qui sera.

Peyo avait apporté la boutique, polos et noeuds paps. Un très joli noeud papillon bleu marine, sobre et élégant qui nous ceindra le cou pour le gala. Le polo, gris, est réservé au dîner de vendredi. Toto avait pris nos nouveaux maillots. Nous seront beaux. Pioupiou et Croucrou partirent faire les dernières reconnaissances à la plaine des sports. Le Prez avait l’exemplaire de référence de notre moitié de siècle. Une couverture bleue, sobre.

Et pendant ce temps-là, JB mitonnait, lentement, sagement. La cuisine est un andante. L’ambiance était alerte, l’impatience de rigueur. Et lorsque, enfin. tout fut bouclé, Perdigue, le Prez, Titi et le barde entamèrent une vraie belote. JB entama de douces hostilités avec de délicieuses tranches de melon, quelques tranches de jambon espagnol et ce qu’il faut de rillettes et de graton.

Une entrée mêlée, alternant entre la fraîcheur nécessaire à l’été et la charcutaille. Fidèle à lui-même, notre Mozart, nous avait concocté une daube de taureau. Il aime le taureau JB, parce que la tauromachie est un art et que ses prolongements peuvent l’être tout autant. Le taureau en miettes, revenus dans le vin, avec ses petits ronds de carottes ravit l’assemblée. L’aficionado qui dort en chacun de nous portait à ses lèvres la chair du condamné mort avec grâce. Et le vieux quatre ne put s’empêcher d’entonner un air de Don Juan en plantant son couteau dans les petites miettes. Quant à Pépé, il toréait des boulettes de pain avec son béret en guise de muleta.

Le lancer d’assiettes fut parfait. La perfection sans casse n’est pas. L’imparfait souligne ce qui pourrait être. Les deux assiettes qui churent sur le carreau mirent en évidence la main sûre et précise de JB. Le crâne du Poulpe connut la caresse de l’obole, ou plutôt de l’auréole. Et les mains de Lolo, disposées dans son dos, laissèrent échapper l’accessoire à dessert avant que de se reprendre. Deux vaut mieux qu’une tu l’auras est son dicton. Un méli-mélo de glaces acheva nos agapes. Une touche estivale encore. Chocolat, rhum-raisin, vanille, caramel. Perdigue se prit pour Alain Delon en chantant Paroles, paroles, le regard tendrement tourné vers un vieux quatre indifférent. Des speculos, croquants à souhait accompagnaient le méli-mélo.

Un petit crachin cinglait la nuit. JB prit le chemin de Villenave en chantant. Hamilton fredonnait aussi. La Jacouille susurrait O nuit enchanteresse, un air des pêcheurs de perles. Le Tarbais cherchait en vain un air où l’haricot soit de mise et se rabattit sur Ma pomme de Maurice Chevalier en pensant à Sergio.