20 décembre 2013

Les Archis contre les Ruines, la défaite des fêtes

Par Donasummer

« J’ai les dents du fond qui baignent » Son excellence EDG dit « le Barde » 23h19, le 17/12/13

C’est la nuit. L’obscurité règne devant les vestiaires de Victor Louis. Les silhouettes forment un pli hercynien dont, de loin, on épelle les sommets familiers : GrandTom, Alainf, Flo, Migwel, Grogwen… On se rapproche mais aucun de ces fleurons n’est là. On cherche alors des yeux les puissants contreforts, les ramparts, les assurances : les Yanns, les Léozeille, les Benoichattes, mais non, il faut se rendre à l’évidence, seules les castors gazelles ont fait le déplacement. Le massif aperçu de loin est, en fait, une montagne de Ruines, une horde de grizzlis crocs sortis et bave aux lèvres.

Dans les vestiaires, dans le petit coin où se sont blottis les Castors, ça ne cause pas beaucoup.  Même Philippe venu exprès de sa lointaine Tarlouzie reste muet. Bon ! On y va quand même. Pas le choix, on est attendu. Une bande de jeunes archis (des chevaux légers) venu renforcer des Ruines déjà armées jusqu’aux dents, changent de camps. On bricole un pack d’arrières structuré autour de l’expérience de Perdigue, de la bouteille de Régis et du vécu de Peyo (qui fut talon en son jeune temps, si, si !)

Autant le dire tout suite le score fut sec : 0-4. Mais le Match fut beau et inventif avec un splendide essai refusé aux Archiball, pour un prétendu pied en touche. Comme le faisait très justement remarquer JB à l’issue de la rencontre : « Choisir de peindre les lignes du terrain en  vert c’est joli et sans doute pratique pour l’entretien mais ça prête quand même un peu à confusion… » Autre commentaire de Toto qui, en convalescence, avait fait le déplacement pour soutenir et choyer son XV : « On a vu de la vaillance partout : du courage dans les placages, du sacrifice dans les regroupements et de l’héroïsme dans la défense : ils ont souffert mais ils se sont battus jusqu’au bout, je suis très fier d’eux. ».

Yannickd, consultant technique auprès des castordamiers tenait quant à lui à saluer l’arbitrage innovant. « Je crois que le Barde vient d’ajouter une dimension à cette pratique. C’est énorme. C’est une révolution, s’enflammait-il, nous venons d’assister à la naissance de l’arbitrage empathique. » Il était fort attendrissant, en effet, d’entendre l’impartial enjoindre aux mastodontes embauchés par les Ruines de réduire leur vitesse avant l’impact, de présenter une épaule amollie à l’adversaire.

Avec un point ramené au rugby d’évitement (joli essais de Sabite sur un lancement inspiré d’Hamilton) et  un point perdu au rugby de contact, restait la troisième mi-temps au trou pour nous départager. Dans ce secteur,  transcendés par la cuisine sublime de Piou, emmenés par les Cantiques de Guitou et de Dudu, les Archiball sont imbattables. Et sans doute nos adversaires du jour le savaient-ils, car aucune Ruine ne se présenta au seuil vert pomme de la rue de Bègles, aucune n’osa descendre l’escalier de notre tendre caverne.  Sauront-ils jamais ce qu’ils perdirent ce soir-là ? Sauront-ils jamais de quels trésors, de quels de bienfaits, Pioupiou les aurait comblé s’ils avaient bien voulu pousser la porte de notre belle peña ? Auront-ils jamais idée du sublime qui peut se loger dans un foie frai amoureusement poêlé par Maître Escassut, du bonheur que peut procurer un chapon voluptueusement fourré par la main experte du grand Stéphane. Et quel gratin dauphinois ! Quel céleste fromageoletconfiotédecerise ! Quelle triomphale bûche enfin !
Ah vraiment, il fut bon d’achever l’année ainsi : ensemble, repus, et victorieux. Deux manches à une !

« Joyeux Noël, Thérèse ! » El Pulpo 23 h 57 le 17/12/13

04 décembre 2013

Le cuistot de la semaine : réseau social


Par Le Barde


Amélie va à Eysines tous les mardis soirs. Amélie court seul sur le petit terrain d'Eysines. Pour Amélie, Victor-Louis n'existe pas. Ce qu'il aime : les petits terrains pépères qui sentent bon le rugby d'antan. Amélie est un nostalgique. Alors, il fait des tours de terrain, seul, sur le petit terrain d'Eysines. Ce soir, il m'a confié que sa solitude lui pesait, qu'il voulait la partager. Il s'est confessé. Je lui ai dit que Victor-Louis, ce n'était pas si mal, que l'herbe était grasse à souhait, hospitalière et que pour un éducateur, trotter dans un lycée, c'était un peu un retour aux sources. Réconforté, il m'a promis de nous rejoindre à la rentrée, a avalé une petite gorgée de bière, a salué l'arrivée d'Hamilton par un « comment y va ? » puis s’est tourné vers Pioupiou qui, lui non plus n’est jamais allé à Victor-Louis.

Amélie a eu tort de ne pas partager la gonfle sur le pré de Victor-Louis. Sur le terrain de Victor-Louis, nous étions autant d'hirondelles. Et l'hirondelle la plus en vue, ce fut Jean-Phi. Il ne cessa de strier le pré de ces allées et venues. Picorant, de temps en temps, la béchigue. Une hirondelle fait parfois le printemps. Même en hiver. Il y avait Gwen aussi. Pour la première fois, il foulait la pelouse de Victor-Louis. Gwen, il n’a pas grand chose d’une hirondelle, je le sais. Encore que l’on puisse le rapprocher de l’hirondelle à croupion gris  (Pseudhirundo griseopyga).

Il y avait foule au trou. Charisme blogueur oblige. Par Lui, avec Lui et en Lui, la toile est en chair et en os. Même Michel Moga était parmi nous. Et le Général. Pour notre plus grande joie. Ceux qui escomptaient de la cuisine du pays du cèdre en furent pour leur frais. Pas l'once d'un taboulet avec sa touffe de menthe. Pas de mezzé, de Fatti, de  kebbé végétarien (kebbé de carottes, ou de potiron) ou de poisson. Pas de baklawa (disponible sous plusieurs formes : doigt, losange...) ou de quaricha (à base de lait bouilli, à manger avec du sucre ou du miel). Pas de kenafeh, de moghli, de mafrouké, de maamoul, d’halawat al jeben, de katayef… En guise de vin, du Saby. Pas de domaines de Ksara, de Kefraya ou du Château Musar. Quant à l'arak et à l'almaza : macache. Walid, il voulait faire frenchy.

Donc, pour commencer : du velouté d’'asperges à l'écrevisse. Disons le tout net, ces petits bouts d’écrevisse, dodus et roses, trempant dans le velouté d’asperge, c’était du grand art. Regardant Dudu, je me remémorais ce dialogue de Michel Audiard dans Un taxi pour Tobrouk :
- Seriez vous insensible à la nostalgie, brigadier Dudu ?
- Non ! Mais j’aime pas penser à reculons. Je laisse ça aux lopes et aux écrevisses. 

De là à vous dire de quelle variété d’écrevisses il s’agissait ! Sans doute étaient-elles le fruit d’un astaciculteur. Seul le blogueur le sait. Malgré notre nombre, il y eut du velouté pour chacun. C’est un métronome du velouté Walid. Des Waliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid fusèrent de toutes parts en guise de reconnaissance. 

Walid, arborant une mine réjouie, mais pas le moins du monde arrogante, non, une mine d’homme, presque d’enfant, satisfait pour le plaisir qu’il donne et qui reçoit la juste récompense de sa générosité, Walid donc nous fit quelque peu attendre avant d’aller chercher le plat de résistance. Un petit salé aux lentilles. Un vrai. Avec ses saucisses de Montbéliard, ses gros oignons, ses carottes. Du grand art encore. Gwen redemanda de la saucisse. En pure perte. Walid fut chiche sur la saucisse de Montbéliard, pas sur le jarret. Et son jarret était exquis. Walid privilégie toujours l’essentiel à l’accessoire. C’est d’ailleurs à cela qu’on le reconnaît. Puisque Georges Lautner s’est fait la malle, comment ne pas citer ce passage des Tontons flingueurs
- On vous apprend quoi à l'école, mon petit chat ? Les jolies filles en savent toujours trop. Vous savez comment je l'vois votre avenir ? Vous voulez le savoir ? […] L'Égypte c'est pas commun ça l'Égypte. C'qui y a d'bien c'est qu’là-bas, l'artiste est toujours gâté. […] J'disais l'Egypte comme ça ! J'aurais aussi bien pu dire… le Liban.

D’accord, rien à voir avec le jarret de Walid mais je m’en bats les couilles, ce qui compte, c’est le libanais. J’aurai pu choisir tout autant : 
- Monsieur Naudin, vous faites sans doute autorité en matière de bulldozer, de tracteur et caterpillar, mais vos opinions sur la musique moderne et sur l'art en général, je vous conseille de ne les utiliser qu'en suppositoire. Voilà ! Et encore, pour enfant.

En guise de musique moderne, on eut droit à la bombarde de l’Amiral. Je ne dis pas le biniou à dessein. Mais peut-être que je me trompe, et à tout prendre, ici aussi, je m’en bats les couilles. Jean-fi se sentit obligé de l’accompagner avec sa trompette bachique. Enfin, nous eûmes droit à ce chant traditionnel que seul Michel Moga porte à la perfection : « Ma mère m’a donné cent sous ». Pendant ce temps, Walid, sis entre Franckie et Pépé, rayonnait et contemplait ses bienfaits.  

Puis, il se leva, lentement, se dirigea vers le comptoir, demanda qu’on lui prépare les assiettes, jeta un long regard sur l’assemblée, pris quelques assiettes, se plaça juste à l’angle du puits et commença son tir. Avec précision, attention, souhaitant sans doute éviter toute chute, il réussit à atteindre chacune de ses cibles à l’exception de quelques mains maladroites, ce qui ne manqua pas de l’affecter, certain qu’il était de parvenir à ses fins. Il se déplaça à l’angle de la cuisine et poursuivit cependant sa tache avec la même application, la même contention, sous l’œil admiratif du Toulousain. Quelle leçon ! Puis, il nous servit du fromage. Puis, le dessert. De l’ananas, de petits tas d’ananas avec une sorte de prune ou de raisin au sommet et de la crème Chantilly. Notre ostéo callipyge versa alors dans le crâne. Il se dirigea vers le Général, répandit un peu de crème sur la chair lisse et tendre et se sustenta. « Demain, tout ira mieux » conclut-il. 

Il ne restait plus qu’à prolonger un peu la nuit. Walid pouvait s’endormir d’un sommeil mérité en murmurant juste avant de fermer les paupières : L’année prochaine, je me la jouerai peut-être origine,  rien que pour faire plaisir au barde !

28 novembre 2013

Le cuistot de la semaine sonne toujours deux fois

Par le Barde


Le castor se gausse du froid. Il y a bien quelques réfractaires qui répugnent aux premiers frimas et filent direct au trou sans détour par le pré.  Ce détour est un gage d'appartenance, un rite. Nous étions  une vingtaine et le terrain était tracé par la grâce d'Amélie et de son entregent.  Une affaire de musardingue rondement menée.

Ce fut une partie alerte, vive. Il est vrai que JB était là. Et Dudu. Il fit quelques tours de terrain pour étreindre une pelouse vierge encore de ses foulées. Thibaut avait apporté ses cannes. Seb sa vista. Croucrou sa rectitude que l'on retrouve jusque dans ses courses droites et sans fioritures. Quelques ballons tombèrent. Rien que de très ordinaire. Titi se mêla à nous sur le tard. Et. Ce fut une joie de partager la gonfle avec le guépard d'Aguilera dont les adducteurs freinent les sauvages ardeurs. Une belle partie d'hiver. Sans tambours ni trompettes. La trompette, ce serait pour plus tard.

Une odeur exquise se dégageait du trou, une odeur de gibier, délicate, invasive. Un fumet. Difficile de ne pas être saisi sitôt l'escalier dévalé.

Jean-Phi était à la baguette. Il fit son devoir avec sobriété. Pas de chichis, rien que d'essentiel, de juste. A commencer par un velouté de légumes bienvenu en ces temps si frisquets. Avec un peu de râpé. Mais sans croûtons.

Puis ce fut l'apothéose, un gigot de sanglier, croustillant, parfait. C'est lui qui dégageait ce délicieux fumet.  Les espèces invasives ont du goût. Dans la famille Saby, on les domestique : on  élève le sanglier ; c'est une tradition. Et on le cuisine à merveille. 


Le trou, unanime, célébra la venaison, trempa sans fin son pain dans la sauce. Un régal. Et les rares haricots qui accompagnaient la bête n'avaient rien de superflu. Juste ce qu'il faut. Pas davantage. Guitou était là. Il se régala. Lolo itou. Il y alla de son Asterix. Sanglier oblige. Et m'imagina dans un arbre, la lyre bien en mains, pour chanter ce repas de guerriers.


Il y eut bien quelques propos sans queues ni têtes du genre : "T'as les yeux qui puent le cul" (je ne me souviens plus de l'auteur) ou, plus élégants : "Comment conjuguer le verbe passer au futur ?" (Walid).

Vint alors le son du cor. Pas un cor de chasse, pourtant adapté au gigot. Non, un cor de vigne. Un drôle d'instrument achevé par un entonnoir en plastic. La vigne a ses veneurs. Une fabrication sabinesque. Jean-Phi claironna un air de fromage sous les applaudissements du trou. Yannick s'employa à lui succéder. En pure perte.  La fée roulait des yeux jaloux et hurla à la mort du cor. Et de déclamer l’immortel de Vigny  en l’arrangeant un peu:

J'aime le son du Cor, le soir, au fond du trou,
Soit qu'il chante les pleurs de la biche aux froufrous,
Ou l'adieu du chasseur que l'écho faible accueille,
Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.
Que de fois, seul, dans l'ombre à minuit demeuré,
J'ai souri de l'entendre, et plus souvent pleuré !
Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques
Qui précédaient la mort des Paladins antiques.


Le lancer d'assiettes fut catastrophique. Dans la lignée de celui de Loulou. Jean-Phi n'en avait cure. Impassible, il projetait la vaisselle promise au carrelage.

Le dessert fut parfait. Une tarte aux pommes, une vraie. Rien à voir avec celles que promettent ces boutiques industrielles qui tuent l'âme de la pâtisserie. De la pâtisserie quoi, de la vraie.

La soirée s'éternisa un peu. Belote de comptoir et bière. La vie en somme, simple et agréable. Une belle nuit d'hiver nous attendait. Pure, lisse, accueillante. Jean-Phi murmura alors ces vers d’Anna de Noailles :

Nuit penchée au-dessus des villes et des eaux,
Toi qui regardes l'homme avec tes yeux d'étoiles,
Vois mon cœur bondissant, ivre comme un bateau,
Dont le vent rompt le mât et fait claquer la toile !

21 novembre 2013

Le cuistot de la semaine, Panda Gravity


Par Le Barde


La concurrence de la citrouille ne fut pas rédhibitoire ; il y avait une petite vingtaine de castors à Victor Louis. Il y avait Amélie qui pestait contre l'absence de lignes. Même Perdigue était là, dévoré d'envie, après des semaines passées à taquiner la grappe. Il y avait du Jean-Phi dans ses courses folles. Jean-Phi, lui, n'était pas là. Je crois qu'il est en Chine, Connaissances de l'Est en poche. C'est Donatien qui me l'a confié. La Chine, c'est ce pays qui a su mêler marché et communisme comme si de rien n'était. Les mariages improbables sont les plus sûrs mariages. La vraie révolution culturelle, c'est celle-là. Mao doit se retourner dans sa tombe. La grande muraille de la lutte des classes est tombée. Le monde est cul par-dessus tête. Mais foin de géopolitique, revenons en au pré. Une politique du pré ? Pourquoi pas. Le pré, c'est de la stratégie. Amélie le sait ; c'est notre Clausewitz.

La partie fut équilibrée. Les cannes des uns rivalisaient avec la technique des autres. La Piballe était côté cannes et annonçait, comme à son habitude, des scores illusoires. Walid, côté technique, malgré ses cannes de feu, déchirait sans fin le rideau adverse, sous l'œil admiratif du Toulousain. Depuis le début de la saison, il enquille les essais comme qui rigole Walid. C'est la saison du cèdre. Qu'on se le dise !

Au trou, c'était la mi-temps pour les manchots. 2-0. Loulou, avec son petit polo gris boutonné jusqu'au col avait des allures de gamin. Il arborait aussi un cardigan, au gris plus prononcé. Pas de tablier pourtant. Comme s'il était sûr de ne subir aucune tache. L'immaculé est en lui, le vierge. Je te salue Loulou plein de grâces.
Nous étions au trou des oliviers. Loulou multiplia le cake, parsemé d'olives, en autant de parts que nécessaire. Avec une petite mayonnaise pour atténuer la sécheresse dudit cake. Et c'était délicieux. Pépé saisissait de mince petits bouts entre le pouce et l'index, délicatement, et mâchait chaque bouchée avec une infinie patience, pour n'en rien perdre. De temps à autre, il buvait une légère gorgée de vin et arborait une mine satisfaite en regardant Loulou. Ils communiaient. Et c'était merveille que cette communion entre l'élève et son maître au béret. Pépé nous fit le coup de la madeleine. Et, de mémoire, d’une voix douce, il récita son petit Marcel :
« Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulées dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact, à ma disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif. Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ? pas seulement : créer. Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière. » 
Putain, mais c’est bien sûr, asséna-t-il, pareil à Raymond Souplex dans Les cinq dernières minutes, ton cake, Loulou, c’est ma madeleine. Je mes souviens maintenant. Je trempais de petits bouts de cake dans un peu de vin rouge. C’était chez ma grand-mère, dans les Pyrénées, à fleur d’Espagne. Deux larmes coulèrent sur ses joues.

Le match venait de reprendre. Walid eut ce trait d'humour aussi fin qu'un grain de taboulet : « De toute façon, ukraignent rien les Français ! Note le bien pour le blog, ajouta-t-il, ce jeu de mots est admirable ! » Lolo, médusé, dépité, chercha, en vain, le regard de son Gros pour se requinquer. Peine perdue, son gros mettait la dernière main au plat principal. D'autres plaisanteries, nées du spectacle qu'offraient les footeux, fusèrent.
- « Tirer un coup pour rien, y a que les manchots » (le vieux quatre).
- « On dirait un joueur de babyfoot l'arbitre » (Domi).
Alors Loulou, déposa ses bienfaits culinaires sur la nappe blanche : du veau aux carottes. Avec beaucoup de carottes. Et Lolo de s'exclamer : « Gros, t'es mieux avec ton marchand de légumes qu'avec ton boucher. » La Jacouille couinait de bonheur. Pour relever le niveau, Donatien cita un haïku de Sode Yamaguchi :
« Qui se soucie de regarder
La fleur de la carotte sauvage
Au temps des cerisiers ? »
Perdigue tomba des nues. « Il a bonne mine ton haïku. Ta carotte et ton cerisier, on s'en bat les couilles. Moi quand je bouffe du veau carottes, je bouffe du veau carottes et tout le reste je m'en branle. » Les Français marquèrent, interrompant les litanies de Perdigue. Le trou manifesta une joie maîtrisée. Sauf Bernachot. Il exulta. À Lolo qui disait : « Bernachatte, tu fais une rechute ? », Walid crut bon de répondre : « Non, il fait une rechatte ! ». Seb pouffait. Bernard (Palanquès) toussotait, un peu comme un marquis devant souffrir les plaisanteries d’un gueux. Loulou, impassible trônait. Et tout le monde de manger son veau carottes lors que les Bleus se dirigeaient vers la qualification.
Et ce fut l’apocalypse. Loulou se dirigea calmement vers le bar, prit les assiettes à dessert et devint frénétique. Sans doute avait-il vu Gravity et prenait-il le trou pour une navette spatiale livrée aux déchets de l'espace et à des éclats de météorites ? Un désastre, une catastrophe, un séisme. Puis il se calma, épongea les gouttes de sueur qui perlaient sur son front et reprit sa place, entre le bon docteur et Pépé qui le réconforta : « C'est rien mon petit lui dit-il ». Pour une raison qui m'échappe What Else mit un tabouret sur la table. Voulait-il entamer une danse du ventre, livrer un bras de fer avec le Tcho ? Nous ne le saurons jamais.
Le dessert ne fut que douceur. Une salade de fruits mêlant mangues, litchis, ananas et bananes. Elle fut la bienvenue. Il y avait du Coco dans cette ultime offrande.
On s'attarda un peu. Une belote de comptoir s'improvisa. Loulou prenait soin de ses petits. Dehors, il faisait froid. La rue fêtait les manchots. Une nuit d'hiver agitée. Nous, on s'en foutait un peu. Loulou, lui, songeait à Moumen, Nieucel et Zani. Il s'endormit bercé par ses légendes. Le rugby est enfance.

16 novembre 2013

Le cuistot de la semaine, maître de cérémonie

Par Le Barde
(une bourde technique nous prive de la bouille du maître. Si une photo de notre éphèbe ce soir-là traine dans votre téléphone, nous sommes acheteurs. Pour se faire pardonner, petit regard sur la profession)



Longtemps nous jouâmes à Musard. Quarante années de promiscuité avec le club ceint de deux brennus et d'une coupe de France (1949). Les vicissitudes du rugby d'élite ont eu raison de cet attachement. Nous devînmes des déracinés. Alors le  terrain d'Eysines nous fit les yeux doux. Le rugby de peu, de ces clubs que l'on dit, bien à tort,  petits devint nôtre. Puis, nous trouvâmes, enfin,  pré à nos pieds, au Lycée Victor Louis, renouant avec les origines du rugby, du collège éponyme où William Webb Ellis, affirme la légende, scella notre destin. Notre histoire épouse à rebours celle de la béchigue. Comment ne pas y voir un signe ? Après la grande bourgeoisie et le peuple, nous voilà du côté de l'aristocratie. L'histoire est une sacrée drôlesse, foi de vicomte.

Il y avait du monde sur le pré. Le retour aux sources est si fécond.  Nous étions une bonne vingtaine. L'herbe était verte à souhait. Ce fut un régal. D'autant que le silence était d'or. Pas ou si peu de chamailleries. Mozart était aux Anges. Jean-Phi, pareil à un martin pêcheur, striait le pré de ses courses  volages et intempestives.  Léo s'exerçait à délivrait une passe sur un pas à la vitesse  d'un guépard. Il y parvint et ce fut un essai de toute beauté. Il y a du Burt Lancaster chez Léo. Joël fut à deux doigts de rattraper Arnaud, lancé dans une course folle. Ce duel présidentiel, ce duel entre l'avant et l'après, nous tint en haleine. Et l'avant l'emporta sans que l'après n'ait à en rougir. JP, sublime, porta l'ultime estocade. Au ciel, Audrey Hepburn était aux anges. Et Croucrou chanta Moonriver.  Oui, ce fut une belle soirée. Nous avons trouvé notre eden, là, entre les murs dessinés par le créateur du Grand-Théâtre. Il y a un jansénisme de la gonfle. « Combien de royaumes nous ignorent » écrivait Blaise. Nous, nous avons la faiblesse de ne pas ignorer le nôtre.

Au trou, le maître s'exécutait. Une soupe au chou en entrée, avec son jarret. Rien de tel pour résister aux premiers froids. « Putain c'est bon » enchaînait Lolo. « Tu l'as dit mes couilles » lui rétorquait le Tcho sous l'oeil impassible de sa majesté Gilbert. Et il avait raison Lolo, c'était bon. Ensuite, des spaghettis al dente, avec une irrésitible sauce bolognaises. Du bon, du lourd, du sûr. On a les spaghettis que l'on mérite. La Jacouille y alla de son bravo maestro. Cela fit un flop. Pépé, attendri, consola notre Jacouille qui ne cessait de geindre : « Personne ne m'aime ». Ce qui est faux ; on l'aime notre Jacouille, avec ou sans flop.

Aux assiettes, le Maître est roi. Une samba digne de Gilberto Gil accompagnait son lancer de métronome. Il y eut quelques chutes ; elles étaient comme autant de notes bienvenues. "On dirait du Messiaen" s'exclama le Tcho qui s'y connaît en musique contemporaine. « De la samba à Messiaen, il y a un pas que je ne saurais franchir » avança JB, digne. Et d'ajouter : « D'ailleurs, je ne le franchirais pas. » Sur ce fait, La Piballle entonna les Vêpres à la Vierge. Rompant cette ambiance musicale, Jacouille dit : « Mieux vaut Lanquetot que trop tard » et d'avaler  son petit bout de camembert. Gilbert haussa les épaules.

Un riz au lait d'école clôtura le dîner. Le Maître le servit à la louche. Le riz au lait, c'est le caviar des écoliers. Sauf qu'on le sert après. C'est toujours la lutte entre l'avant et l'après. Arnaud dévora le riz au lait du Maître, comme pour mettre un terme définitif à sa course folle. Repu, il lâcha un rôt salvateur et un Amen qui satisfit La Piballe.

Une nuit mi-figue, mi-raisin, attendait les castors.

08 novembre 2013

Le cuistot de la semaine : changement de pré ravit l’Archi

Par Mozart


En ce premier mardi de novembre, les efforts conjugués de Patrick D. et Lolo pour trouver un lieu d’entrainement dans un périmètre nous permettant de rallier notre trou à rats à l’heure qui convient, ont guidés nos pas (et nos roues) jusqu’au Collège Victor Louis de Talence. Nos boites mail ayant été alimentées par Patrick en documents de navigation de grande précision, c’est sans difficulté que la petite vingtaine d’Archiball désireux d’ouvrir un nouveau chapitre de la vie de notre Club, trouve le chemin du lieu de leurs futurs exploits. Nous laissons derrière nous le sympathique terrain d’Eysines qui nous a si bien accueillis. Nous ne pouvons que remercier chaleureusement ceux qui nous ont hébergés durant cette période d’errance provoquée par notre éviction de Musard. Le Rugby de l’élite immergé dans son narcissisme ne veut plus s’encombrer de certains des membres de sa famille, un peu comme ces ados honteux de leurs parents sans lesquels ils ne seraient pourtant rien. Dont acte.

Ce sera donc pour les Archiball un retour à l’adolescence et au collège. Effectivement, l’impression de fraicheur juvénile est saisissante. Les bâtisses qui entourent le terrain paré de ses poteaux de rugby et ceint d’une piste d’athlétisme, confèrent au lieu, en ce soir sombre et semi pluvieux, un cachet so British. On sent l’endroit fait pour recevoir l’amoureux de l’ovale. L’éclairage est remarquable, l’herbe épaisse renvoie à chaque pas une sensation de confort qu’apprécient les articulations fatiguées. Sur cette surface parfaitement bombée, pas une flaque à signaler, ce qui est une performance, compte tenue du temps épouvantable de ces derniers jours. Nous ne tardons pas à comprendre que nous sommes pile dans l’axe de l’une des pistes de l’aéroport de Bordeaux Mérignac. Ce soir Eole a orienté son souffle assagi, pour qu’à intervalles réguliers, les avions en approche finale glissent par dessus nos têtes, en pente douce, réacteurs au ralenti, jusqu’au seuil de la piste 29 de l’aéroport tout proche. Une noria de lumières intermittentes étoile un ciel resté sombre et menaçant, mais miraculeusement sec, après quelques jours d’un déluge quasi ininterrompu, agrémenté de violentes bourrasques. Cette accalmie météorologique, apparaît comme un heureux présage à la venue des Archiball sur leur nouveau terrain, désormais lieu de leur rendez-vous sportif hebdomadaire.

Il est à constater que la séance de touché se déroule dans une ambiance très zen. Pas le moindre éclat de voix, pas une contestation. Les séquences de jeu se succèdent dans le plus parfait fairplay. Le Douanier est là à nouveau, bien en jambe pour une reprise, Doc Pascal et Regis également. Grognard revenu aux affaires ces derniers temps est dans un registre plus manieur de balle, mettant en valeur les jambes de feu de Toto. Et toujours pas de ralouille, bien au contraire. On peut assister à des échanges surréalistes, du genre :
- Ne pensez vous pas cher ami que cette passe était très légèrement en avant ?
- Si fait mon cher, je vous prie de m’en excuser et vous rends la balle.

De là à penser que l’endroit est chargé en ondes positives propices à la zénitude, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas aujourd’hui. L’avenir se chargera de confirmer, ou pas, cette hypothèse. Ce qui est sûr, c’est qu’il règne en ce lieu une atmosphère très agréable. A la fin d’un chapelet d’attaques magnifiques, de gestes techniques rares et sur un score dont tout le monde se moque, passage par les vestiaires confortables et bien chauffés. Nous prenons ensuite la direction du Trou, c’est tout droit !

Ce soir c’est le grand Thom qui est à la marmite dans un trou bien garni. Le grand Thom, il cuisine comme il joue au rugby. C’est du sérieux, du solide, de la valeur sûre. On respecte les fondamentaux et on s’engage à fond. Pas de round d’observation, il faut marquer les esprits d’entrée, on est sévère dés le coup d’envoi. Et sur le coup d’envoi, il nous met tous sur le cul en nous sortant l’arme absolue, sa Garbure. Et la Garbure de Thom, vous avez remarqué que j’ai mis une majuscule à un nom commun, elle est majuscule la Garbure de Thom et n’a rien de commun. Vous croyez peut-être que je vais vous donner la recette, vous dire qu’il y avait ceci ou cela dedans et que c’est pour ça que c’était si bon ? Vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu’aux poumons. J’ai pas le droit de vous le dire ! J’ai signé une clause de confidentialité. Elle est classée « secret défense » la Garbure de Thom, comme la soupe aux choux de De Funès. Si vous n’avez pas tout noté en mangeant, vous êtes marrons, vous ne saurez jamais. Même si les plus pugnaces veulent faire une analyse de selle, là aussi c’est trop tard. Vous voyez bien qu’on a volontairement retardé la parution du blog et que, sauf si vous avez un système digestif de boa constrictor, c’est foutu. Il reste, peut-être, un léger espoir à ceux qui en ont repris pour le dessert. Mon voisin de table, invité de Bernard P et Béarnais pur jus en avait les larmes aux yeux de bonheur, et pourtant le Béarnais il connaît ça la garbure (vous avez remarqué ? sans majuscule…)

Bref je vous disais que Thom il cuisine comme il joue au Rugby et ceux qui ont eu le bonheur de Matcher avec lui savent combien son jeu rugueux peut être empreint d’une grande finesse, de beaucoup de justesse, et dans tous les cas d’une grande générosité. Et c’est précisément la finesse qui arrive maintenant dans nos assiettes sous la forme d’un Jambalaya poulet crevettes, mitonné avec amour.

Le Jambalaya est un plat typique de Louisiane et plus précisément de la Nouvelle Orléans. Il existe des Jambalaya à pratiquement tout : Jambon bien sur, d’où le début du nom, mais également saucisse, gambas, huitre, bœuf, volaille. Le dénominateur commun est le riz créole, « ya » signifiant riz en Afrique de l’ouest, et la multitude de légumes et aromates qui l’accompagnent avec en filigrane la présence persistante de la coriandre. Ce sont les esclaves créoles qui ont créé et vulgarisé cette recette. Les Occitans n’ayant peur de rien, selon Frédéric Mistral le mot occitan jambalaia désigne un ragoût de riz avec une volaille. Les fourchettes claquent, si tu en veux plus, ressers toi, il y en a. Les verres remplis sur ordonnance du docteur es wine, Jean-Phi, accompagnent dignement ce mets fin et les chants éclatent, témoins de la satisfaction générale.  

A l’heure du dessert, sur fond de musique de cirque, les garçons de piste n’ayant pas eu le temps d’installer les filets de sécurité malgré la prise de risque maximum, le lancé d’assiettes fait quelques victimes, heureusement uniquement parmi les assiettes. Le bon fromage au lait accompagné de sa confiture de cerise, précède une mousse au chocolat maison servie avec générosité, qui trouve preneurs sans difficulté. En revanche, la crème chantilly, maison elle aussi, qui devait accompagner la mousse a fait Pchitt ! Elle stagne piteusement au fond de son saladier, victime d’un phénomène inconnu que la science expliquera peut-être un jour. En mesure de représailles  certains se resservent une louche de mousse.

L’origine de la crème Chantilly est attribuée avec plus ou moins de certitude au grand cuisinier et pâtissier François Vatel qui comme chacun sait, se suicida après avoir raté un truc au service du Prince de Condé. Rassurez-vous, notre Thom n’est pas du genre à se faire du mal pour un peu de crème fraiche qui n’a pas voulu gonfler. Comme je disais au début Thom c’est du solide, du fin et du généreux, et c’est exactement ce qu’il nous a mis dans l’assiette ce soir. Y a pas de hasard !

En ce beau jour, c’est aussi l’anniversaire de Franck Grozan. On y va en chœur de notre « Happy birthday to you  Franky » et on boit du champagne à sa santé dont on souhaite vraiment qu’elle soit au top. Frank, au club, il est dans la catégorie Totem. C’est la sagesse, une des mémoires du Club, de son passé naissant, son présent bienveillant, un sourire inusable, un bon mot toujours prêt. 

Avec tout ça le temps a passé et il est l’heure pour le castor de regagner ses pénates non sans avoir un peu trainé au comptoir, histoire de prolonger la magie de l’instant. A mardi.

31 octobre 2013

Le cuistot de la semaine fit dans le confit

Par Le Barde


L'hiver pointe le bout de son nez. L'air était frisquet, hier, le pré humide, parsemé, ça et là, d'une boue encore timide. Peut-être était-ce la dernière sur le petit terrain d'Eysines puisque nous sommes promis à Victor Louis. Normal pour un club d'architectes me dira-t-on. C'est un peu comme si nous passions du rugby des clochers à celui des villes.
Un peu d’histoire, as usual. Louis-Nicolas Louis dit Victor Louis naît le 10 mai 1731 à Paris. Il est le fils de Louis Louis, maître maçon. Il entre à l'École royale d'Architecture en 1746. Il est l'élève de Louis-Adam Loriot, architecte de talent, membre de l'Académie royale d'architecture. En 1755, après neuf années d'études, va à Rome et séjourne au Palais Mancini de 1756 à 1759. D'abord spécialisé dans les commandes religieuses, il réalise ensuite de nombreuses résidences privées. Le Maréchal de Richelieu, petit-neveu du Cardinal le fait venir à Bordeaux – où il est gouverneur de Guyenne – pour construire le théâtre de la ville. Il répond par la suite à de nombreuses commandes de châteaux dans le Bordelais. Parmi ses réalisations girondines, citons l’hôtel Boyer-Fonfrède, 1 cours du Chapeau-Rouge, l’hôtel Lamolère, rue Esprit-des-Lois, les Hôtels Saige, Journu et Legrix, ancien hôtel de préfecture de Bordeaux (jusqu'en 1993), le château Raba à Talence (Gironde), etc.
Il y avait du beau monde pour cette dernière sur le petit terrain d’Eysines. Car Loulou était là, et Loulou, c'est du beau monde à lui tout seul. Nous n'étions qu'une poignée, mais une poignée alerte et expérimentée. Même Gwen était de la partie, vêtu d'une parure rose, sans chaussettes et avec de vagues souliers marrons. Il y avait aussi Hamilton, Gary Grant, Léo, el Poulpo, Jérôme et surtout Walid. Walid, il a des cannes de feu. La terre promise n'est plus qu'une formalité pour lui. N'empêche, c'est du côté des vieux que nous eûmes les plus beaux essais, signés par Loulou et Hamilton. On ergota peu, on joua beaucoup, et c'est le corps repu que nous regagnâmes les petits vestiaires du petit terrain d'Eysines. Walid sifflotait, le regard tendu vers les étoiles.

Le trou était plus garni que le terrain. Le charisme de Lolo of course. Nous étions une trentaine. Pour l'anecdote, il y avait trois dynasties présidentielles puisque Joël, Arnaud et Loulou étaient des nôtres. Il y avait aussi le grand Tom, et Titi dont les adducteurs regimbent. Comme ceux de Bernachatte. Le castor a l’adducteur fragile cette année.

Lolo avait mis sa progéniture à contribution. Thibaut l'accompagnait dans sa tache. Une cuisine de famille en somme. L'ombre douce de Caro flottait sur le trou. La famille fit dans l'hiver. Pas de dentelles lorsque le temps se met au froid. Et rien de tel qu'un bon pâté pour subvenir à nos graisses récalcitrantes. Avec des cornichons de belle facture. Rien de tel non plus que des tranches de saucisson, fines, accompagnées aussi de ces petits concombres saisis avant maturité dans du vinaigre que l’on traite de cornichons.
Fidèle à sa tradition, Lolo fit dans le confit avec d'incontournable petits pois/carottes qui apportèrent une touche légère et maraîchère aux consistances du volatile ruisselant de graisses accortes. Lolo, à vrai dire, serait plutôt tendance confit ; Thibaut taquinerait davantage du côté des petits pois carottes. Mais l'assemblage était royal parce que familial. Et là je ne puis pas encore ne pas songer à celle qui illumine la scène bordelaise de sa présence radieuse. O Caro ! O éternelle Phèdre ! Tu es Maillan et Sarah Bernhardt réunies ! O Calliope, fille de Zeus et de Mnémosyne.
Lolo en cuisinier a tout de Zhao Jun. (C’est  l'un des plus vénérés des dieux chinois. Ils protègent le logis et la famille. Traditionnellement, une photo ou une statue de Zhao Jun est placée dans la cuisine, d'où il peut observer le comportement de la famille et en rendre compte au dirigeant des paradis, l'empereur Jade.)

Mais je veux revenir au canard. Etait-ce  un canard amazonette (Amazonetta brasiliensis), un canard, un canard carolin (Aix sponsa), un canard chipeau (Anas strepera), un canard siffleur (Anas penelope), un canard de Smith (Anas smithii), un canard à sourcils (Anas superciliosa) ? J’opterai pour le canard bridé (Anas rhynchotis) ou le Canard mandarin (Aix galericulata),  Zhao Jun oblige. J’opte pour le canard mandarin puisque Lolo, en ces veilles de Goncourt, en revient toujours à son préféré, Les Mandarins de la Simone. Il y a peu, il m’en récitait des passages entiers de mémoire. Il est foutu d’en faire une adaptation pour Caro.

Le lancer d’assiettes fut superbe. Quelle délicatesse, quel toucher ! On était en Olympie. C’est pas parce que Lolo a tout de Zhao Jun qu’il n’a pas droit aux dieux grecs ! Pas un ustensile ne tomba. Les assiettes voletaient dans le trou comme autant de lucioles. (Hommage de Lolo à Pasolini pour dire que, non, les lucioles n’ont pas disparu ?). Un miracle. Non content de flirter avec l'Olympe et Zhao Jun, Lolo y allait de son Christ. Jean-Phi eut une extase et s'effondra dans un soupir qui en disait plus long que de vaines prières. Et Loulou ne cessait de murmurer, pareil à Sainte-Thérèse, "Mon Gros tu me transperces."  Pépé se recueillit avec une profonde intensité. La Pibale entonna des chants religieux.
Le fromage mit un terme à nos ardeurs mystiques. Il n’y a rien de tel qu’un Pyrénées avec sa confiture de cerises pour dompter les élans spirituels. Encore que les bons moines savent faire côtoyer la foi et le fromage. Mais bon, foin de la religion désormais. Et passons au dessert. En l’occurrence de l’ananas avec de délicieuses cigarettes russes (de cigarette, en raison de sa forme, et russe, car les Russes roulaient leurs cigarettes en diagonale). Un zest de fraîcheur bienvenu. Comme cette Manzana servie à dessein.

Dehors, une nuit pure et belle attendait les castors.

24 octobre 2013

Archiball vs Burdikro : la première de la saison

Par Le Barde


D'ordinaire, nous jouons nos matches le mardi, le jeudi, le vendredi, le samedi, rarement le dimanche et jamais le lundi. L'ordinaire a pris un coup de vieux le 21 octobre. Sans doute pour donner raison à Pascal (Blaise), l'auteur de cette phrase si juste : « La vie ordinaire nous blesse. » D'ailleurs, il n'y eut pas de blessés. A peine quelques égratignures [Ajout info : Dominique a un pète aux ligaments croisés]. En quoi Blaise (Pascal), il a raison. Encore que le fait d'avoir contrarié l'ordinaire ait pu escagasser certains. On ne leur en tiendra pas rigueur. Nul n'a tort lorsqu'il frappe l'extra-ordinaire du sceau du bon sens qui « est la chose du monde la mieux partagée ».

Les Burdikros eurent l'honneur de nos premières joutes saisonnières. J'ignore l'origine de ce nom. Pour la partie burdi, nul doute qu'il s'agisse d'un clin d'œil latin à la cité d'Ausone. Mais pour kros, je donne ma langue au chat. Tout ce que je sais, c'est que les Burdikros prirent racines dans l'assemblage d'anciens joueurs d'Eysines et de quelques vélléitaires de KPMG, une boîte financière. Aujourd'hui, plus d'anciens d'Eysines, mais des trentenaires plus ou moins expérimentés. Et fort sympathiques.

Fidèles à notre tradition, nous fîmes d'abord  un toucher. Ainsi les vieux (Guitou, JB et ma pomme), et les convalescents (Croucrou, Bruno) purent taquiner la gonfle. Un toucher de qualité que ne sanctionna aucun essai. Après tout qu'importe [Ajout info : Les Burdikros ont gagné le toucher avec 1 essai à 0].

Puis nous passâmes aux choses sérieuses. Deux mi-temps de vingt minutes. Une vingtaine de castors étaient d'attaque. Et, c'est sous mon sifflet royal que les hostilités commencèrent. Face aux gringalets des Burdikros, nous alignâmes une équipe qui avait fière allure. Un paquet rugueux avec Miguel, Walid, Pioupiou, mais aussi trottinant avec Léo et Dominique, ou découpeur en diable avec Bernatchate le terrible. Il y a du Dusautoir chez notre gentleman. Sans oublier le Benoît de tous les diables. Derrière que des gazelles. De Toto à Don en passant par Seb ou Peyo. Que du beau linge en somme. Avec Arnaud, le petit nouveau au centre. De la bonne graine cet Arnaud.

Sous ma houlette considérable, nous fûmes récompensés par deux essais. L'un du Préside, l'autre de Bouscaillou, formé à la grande école cubzaguaise. Les jeunes, ils ont des cannes mais pas trop de tête. Nous, on avait les deux. Et mon sifflet magnanime n'avait pas besoin de se hausser du col pour que la partie soit belle. Seb distribuait à merveille sous l'œil de son petit. Miguel aussi avait amené sa descendance et les Allez Papa scandait cette douce nuit d'automne. Don avait des courses aux allures de sonnet. Du Maurice Scève sur le pré. Gwen n'était pas là, coincé qu'il était à Royan. Les Burdikros n'eurent pas à subir ses outrages. JB et Guitou se régalaient. Et la Jacouille itou.

La seconde mi-temps fut l'exacte réplique de la première. Sauf que les burdikros marquèrent un essai. Nous pas. On crut que Walid et Peyo y parviendraient. Las, ils restèrent bredouilles. Une réplique pas tout à fait exacte au bout du compte. Et le coup de sifflet final mit un terme – c'est pour cela qu'il est final –, à ce match de reprise, ce galop d'essai.

Le castor paraît armé pour une belle saison. Il est alerte, vif et ne rechigne pas aux taches obscures sans quoi le rugby n'est rien. Il allie l'efficace à l'esthétique et souligne, si besoin en était, que le rugby est bel et bien un art, que le pré est une page blanche où le poème est roi.

Nous nous retrouvâmes au club house d'Eysines. Un dîner fort sympathique conclua cette sympathique soirée. Même si l'on s'inquiéta pour les disponibilités athlétiques du lendemain. Et pour la tablée de Kiki. Il ne faut tout de même pas trop bousculer l'ordinaire si l'on veut être certain de retrouver ses petits. Rendez-vous est donc donné aux Burdikros pour un match retour. De préférence un mardi, un jeudi ou un vendredi.

Prochain match à Mondragon le week-end du 16 novembre. La tradition reprend ses droits.

23 octobre 2013

Le cuistot de la semaine avec vue sur la mer

Par Le Blogueur


Comme le disait Sabite, qui n'était pas venu hier soir : Le déroulement du mardi est un cheminement. Il faut une bonne partie sur le pré et un bon repas après.

C'est exactement ce qui s'est passé hier.

Les meilleurs étaient là. Du coup on a couru comme des chefs. Un jeu de qualité. Des courses dans le timing. Des passes au cordeau. Pas un seul en-avant, pas de hors-jeu et surtout pas un râleur. Une ambiance comme on aimerait en vivre tous les mardis. Le rugby par définition. La tolérance, l'humilité, le sens du sacrifice et l'esprit sportif. C'est tout simplement ce qu'on a vécu hier, du pur rugby.

Tu regrettes de ne pas être venu. Mais c'est peut-être parce que tu n'es pas venu que ça s'est passé si bien...

Mais il est malin comme un singe le Sabite. Il ne m'a pas cru et il a raison. Car, après une consultation démocratique, l'entrainement a été annulé. Tout le monde a été averti par un mail... sauf un. Eh ben celui-là était au stade et il a vu la porte fermé et les lumières éteintes. Et c'était qui ? Hein ? Qui n'a pas eu le mail à temps "parce qu'avant c'était mieux" ? Eh ben si tu penses avoir la réponse, mets la dans un message plus bas et on te trouvera un cadeau.

C'est donc à une heure inhabituelle que nous nous sommes retrouvés au trou. On était venu prêter main forte pour décaniller du bivalve. L'ambiance était déjà à la cool. Sur le comptoir des bouteilles de blancs taquinaient les tranches de saucisson et le pâté. Un apéro, un vrai. Les vieux trempaient leurs lèvres dans le muscadet et se boulotaient la charcuterie avec le patron du soir. Kiki remplissait les verres, détendu. Zéro pression, tout est fait. Les huîtres étaient ouvertes comme des bouches et attendaient nos langues avides. On n'a pas succombé aux chants des sirènes, pas encore, une belote d'abord histoire de faire quelques échauffements des doigts.

Les parties s'enchainent, faisant des heureux et des malheureux. Les verres se vident faisant que des heureux. La charcuterie est applaudie par nos experts, père et fils. A 22 h, le castorama était maigre. Une vingtaine de castors et la table à peine remplie. Je te l'avais dit, me dit Hamilton, un match le lundi, c'est pas dans l'esprit. C'est pas le moment de casser l'ambiance, un grand repas nous attend. Top départ.

Trois douzaines d'huîtres chacun. C'est Noël ! Seb avoue son aversion instinctive à l'égard du mollusque. Ce qui, évidement, surprit tout le monde. Un coming out d'une violence inouïe. Qui aurait pu s'en douter ? Il s'est remis quelques tranches de saucisson en guise d'entrée. Les trois plateaux d'huîtres garnis ont tenu 20 minutes avant que la suite arrive. Et quelle suite ? Noël toujours, avec vue sur la mer !

Du saumon. Alors forcément dit comme ça, ça ne le fait pas. Alors on va le décrire. Deux plats avec deux saumons entiers. Dans une reconstitution du poisson, les filets étaient levés et redisposés sur une gelée avec, entre les deux, des légumes en julienne. Le tout se mange froid avec de la mayonnaise. Un must. On n'a pas tout mangé et c'est bien là le drame.

Le lancer d'assiette est un art chez Kiki. Et comme tout art ancestrale, il a ses codes. La bonne distance, le bon angle et chaque assiette est lancée à sa propre vitesse. Si une assiette tombe, c'est qu'à la réception, le gars, il a pas de bras. A vingt, on a fait un raffut comme si on était quarante.

Vint ensuite le fromage des Pyrénées et sa confiture : chèvre et brebis. Un peu de salade verte et deux desserts : tarte aux pommes et tarte myrtilles. On est pas lâcheurs, on en a mangé. Même Guitou a calé. Et qu'est ce qui fait que le repas de Kiki soit le repas de Kiki ? Et bien la touche finale : le cigare avec le café.

Retour au comptoir pour une dernière partie de belote arrosée de Jet. J'aurai pas du, j'ai perdu.

17 octobre 2013

Le cuistot de la semaine, Toro y Salsa

Par Le Barde


L'incipit du roman de JB Pontalis Loin est : "Il y a la femme." Et notre auteur de sauter à la ligne. Aux Archiball, – qui sont un roman –, il y a JB (Saubusse). Les mauvaises langues diront que JB n'est pas une femme. Ce qui est vrai. Reste que  les mauvaises langues ne savent pas manier l'incipit et opérer les inévitables transferts qui le légitiment. Et en matière de transfert, JB (Pontalis), il en connaissait un rayon. Je saute  à la ligne, n'ayant que trop tardé.

Connaissez-vous l'incipit d'Aurélien  d'Aragon, l'auteur de Je n'ai jamais appris à écrire ou les incipit ? Non ? Et bien je vous le donne en mille : « La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. » Rien à voir avec JB, j'en conviens. Encore que Bérénice ! Bon, j’arrête de vous les gonfler avec Titus, les incipit et tutti quanti. Et j’en reviens à JB ; car, on en revient toujours à JB. C'est comme en musique, on en revient toujours à Mozart. D'ailleurs, JB, c'est Mozart, sa passe est une sérénade. Et plus précisément la K 361, pour treize instruments à vent. Elle illustre le moment où cet empaffé de Salieri, dans Amadeus de Milos Forman, lisant la partition, se dit que le petit bonhomme est touché par la grâce. Salieri, c'est Tauzin. Sauf que Tauzin  ne fut pas touché par la grâce d'une sérénade, mais par un uppercut de JB. Jamais, ce jour-là, on éprouva autant le sentiment que la boxe est le noble art par excellence.

Donc, il y a JB. Et JB était de bouffe. JB, il aime prolonger l'été. Aussi nous proposa-t-il du melon et un délicieux jambon que l'on pressentait de Parme. (Et s'il n'est pas de Parme, on s'en branle). Il aime aussi rassasier les corps éprouvés par les tristes crachins de l'automne. Aussi y alla-t-il de son pâté. Un bon et vrai pâté de campagne. Un hommage à Pioupiou ? Allez savoir.

JB est homme de tradition. Lorsqu'il se met en cuisine pour ses chers castors, c'est toujours avec du taureau. Et de mitonner une daube, comme Mozart mitonnait son Cosi fan tutte ou Dominguin une véronique. Nous, on se régalait. « Son altesse, ce taureau fut toréé à Dax » me glissa  Lolo à l'oreille. Et lorsqu'il prononça le nom de la cité thermale, je crus  qu'il s'agissait du soleil d'Austerlitz. (Le 2 décembre 1805, au petit matin, quand le brouillard qui entourait le plateau de Pratzen se dissipa et quand parut dans le ciel dégagé un soleil éclatant, « Napoléon, raconte Tolstoï dans La Guerre et la paix, comme s’il n’avait attendu que ce moment, déganta une de ses belles mains blanches, fit de son gant un geste aux maréchaux et donna l’ordre d’engager la bataille. Les maréchaux et leurs aides de camp galopèrent dans différentes directions et, au bout de quelques minutes, les forces principales de l’armée française se portèrent rapidement vers le plateau de Pratzen que les troupes russes abandonnaient de plus en plus pour gagner vers la gauche le ravin.)

C'est Joël qui aurait été content. Hélas, Joël, il n'était pas là. Tous les absents, ce soir-là, avaient un peu plus tort que d'ordinaire. D'autant que la daube de taureau de JB et le vin de Jeanfi se complétèrent à merveille.

Waliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid se régalait. Et le bon docteur aussi. Jacky avait des frénésies taurines que Pépé calma de son mieux. Il apaisa ses ardeurs, craignant qu'il joue de la corne sur la nappe blanche.  « Toréer, fût-ce toi, What Else, n’est plus de mon âge. » Malko était aux anges. « Dieu que le temps révolu de mes escapades est loin. Mon nomadisme viticole était une foutaise, une calembredaine. Au trou, le monde est à portée de la main. » Il se tourna vers JB et ne put retenir ses larmes.

Le lancer d'assiettes ne fut qu'une formalité. Dans les mains de JB, les assiettes sont des hirondelles. Il y a du Ramón Gomez de la Serna dans JB. Le fromage, et sa confiture de cerises, vint comme un andante. Et la tarte aux pommes avait tout de l’Adagio en si mineur, K. 540. Alors Seb entonna l'air de la reine de la nuit.
(Je n'ai pas parlé du pré. Comment parler du pré sans JB ? Un pré sans JB, c'est comme La messe en ut mineur sans son agnus dei, Don Juan sans son commandeur. )

Et c'est à la queu-leu-leu, sous l'air d'une petite musique de nuit, que les castors quittèrent leur trou.

09 octobre 2013

Le cuistot de la semaine, prix Nobel de physique

Par Le Blogueur


J'avais vu Guitou dans l'après midi ce mardi. Il avait le teint hâlé et une coiffure de première communion. Rempli de joie, je lui parle de notre nouveau terrain d'accueil à Eysines. Répétant avec insistance que les installations étaient validées par le président des Archiball et la commission de la Fédé, et qu'on y était bien, bien que ce ne soit pas tout près du trou.

Je n'ai pas fini ma phrase et je crois même qu'il ne l'avait pas entendu jusqu'au bout. Il a claqué des lèvres deux ou trois fois avant de me dire que, pour lui, c'était trop loin, beaucoup de trop loin. Je n'ai pas eu le temps de lui dire que le terrain était juste derrière Saint-Germaine où lui, et d'autres, passent leur jeudi soir.

Et c'est ainsi que Guitou n'était pas au rendez-vous sur le pré. Juste parce que les préliminaires du mardi étaient loin de notre lieu de jouissance. Pourtant, en amour, une bouche est tout aussi loin du trou, alors que rarement on ferait avec l'une, sans faire avec l'autre. Et inversement.

Ce jour-là, je me suis aperçu combien Guitou manquait à la pelouse. Ce leader charismatique, qui réunissait ses hommes triés sur le volet, ne mettait plus ses habits de course pour officier en tant que gourou du rugby moderne. C'est quand on y pense qu'on prend conscience du vide qu'il a laissé derrière lui. Et comme la nature a horreur du vide, de nouvelles stars sont nées. C'est toujours la pépinière de Sainte-Germaine qui les fournit. Hommage à Bernachatte.

Le voisins qui bordent le terrain d'Eysines apprennent de nouvelles règles du rugby tous les mardis soirs. Un cours sur l'en-avant, un autre sur le hors-jeu. Ce dont ils peuvent se réjouir c'est que les intervenants ne sont jamais les mêmes. C'est moins ennuyeux. Le rappel des règles dans le rugby est une chose essentielle quand on sait comment les règles évoluent sans cesse. Les voisins du stade nous sont reconnaissants. A la sortie l'un deux m'a demandé si l'on s'entrainait pour les jeux paralympiques de Lyon ou les gay games de Paris. Je lui ai fait un sourire de débile, ce sera Lyon.

Des lustres plus tard, nous voici au trou. Le champion international des beaux gosses est en cuisine. Pour un physique si parfait, il aurait mérité le prix Nobel qu'on a préféré donné au Boson le clown de Higgs. Ça ne change rien, pour nous c'est Pascal et c'est tout.

Pascal sait faire déjà une chose que beaucoup lui envient : il sait faire simple. La simplicité est un art compliqué. Faut pas croire. On ne devient pas simple comme ça. C'est des jours et des jours de pratique la simplicité. Car s'il y a bien une condition pour la réussir, c'est qu'elle soit naturelle. Et c'est là toute la difficulté. Je ne saurais pas vous en dire plus, c'est pas simple.

Le menu de Pascal a des couleurs italiennes. Une tarte qui a tout d'une pizza, en entrée, et pâtes carbonara, en plat. Les couleurs tifosi s'estompent avec le fromage et le dessert. Du fromage bleu, blanc et rouge. Du dessert breton comme un far à ne pas confondre avec le clafouti.

Les pâtes à la carbonara ont fait des heureux parmi les sportifs de haut niveau à qui les repas d'avant match le dimanche manquent cruellement. Yannick est de ceux-là. Un grand vent de nostalgie lui débouche les oreilles et le rend fou comme un vent d'Autan. C'est sûr il ne faut pas grand chose à Yannick mais là, c'était beau à voir. Les tampons, c'est pas dans la chatte qu'il disait. Et Bernachatte lui qui sursautait croyant qu'on l'appelait. El poulpo voulait bien en rire, mais Bernie lui mettait des tapes sur la tête. Fayou en est arrivé à vouloir défendre Yannick. Mais l'histoire s'est vite réglé à l'amiable : « Je te présente ma cousine et l'honneur est sauf. » El poulpo n'en attendait pas moins, va pour la cousine. Rendez-vous pris pour vendredi midi. Viendez, plus on sera de fous, plus on rigole.

L'histoire se termine là. Comme un bon vieil arrangement à l'italienne : on sacrifie la cousine. Après tout, on raconte que le nom de la sauce des pâtes vient des Carbonari, des membres d'une société initiatique et secrète. Pepe fait taire tout le monde : « Fermez vos gueules les jeunes ! ».

A la fin du repas, Gwen, qui vient d'avoir la nationalité bordelaise, s'approche du bar et rince ses habitants avec du Jet 27. C'est donc l'haleine mentholée que tout le monde est reparti au lit, à peine minuit passé.

03 octobre 2013

Le cuistot de la semaine et la cuisine à une main

Par Le Barde


Qui dira les moiteurs d’octobre ? Sur le petit terrain d’Eysines, l’air avait des relents tropicaux. Nous étions en nage. Non pas que la chaleur fût accablante, mais l’air était moite. Toutes choses qui ne nous dispensèrent pas de trotter comme des cabris. Avec un Joël, délesté de ses kilos superflus, particulièrement affûté. Il planta des essais comme qui rigole. Seul Arnaud parvenait à rivaliser. Walid aussi déposa souvent la béchigue en son paradis. Une affaire de présidents en somme. Nous, nous fîmes au mieux. Avec un JB toujours aussi fringant. Mais la palme revient à Kiki. Il franchit souvent la ligne adverse. Et poussa l’altruisme jusqu’à stopper sa course pour attendre le partenaire qui n’aurait plus qu’à filer à dame. Il y eut bien quelques chamailleries. On mettra cela sur le compte de la moiteur. Et ce fut un bonheur de retrouver Yannick dont la ceinture abdominale prolifère. Il est vrai qu'il accorde toute sa dilection aux vertus callipyges de l'ostéopathie. Le derrière, pas le devant.

Au trou Rocchietti était de service. La raison me pousse à chercher le fil conducteur entre le pâté servi en entrée, la brandade de morue et les éclairs au chocolat. C'est le lourd. Domi fit dans le lourd. Mais avec talent. Oui, nos bourriques ont du talent ; elles savent mettre du goût dans les prolongements culinaires de leur identité.

Le pâté, je devrais dire les pâtés, l'un de campagne, l'autre de foie, étaient excellents. Et les petits cornichons itou. Quant à la brandade, un régal, d'autant qu'elle était allégée par une salade verte bienvenue. Comme tout un chacun le sait, la brandade de morue fut créée à Alès, par Sieur Augier. C'est donc chez les parpaillots qu'on la servit pour la première fois. (Saviez-vous que parpaillot vient de l'occitan parpalhol qui veut dire papillon, et que les protestants furent affublés de ce sobriquet à cause des vêtements blancs des calvinistes ?)Pourtant, elle, la brandade (du provençal brandado : chose remuée)  a fait le bonheur (ou le malheur) de bien des déjeuners catholiques du vendredi. Une manière de célébrer l'édit de Nantes ? (L’édit de Nantes est un édit de tolérance signé le 13 avril 1598 par le roi de France Henri IV et révoqué sous le règne de Louis XIV par l'édit de Fontainebleau le 18 octobre 1685. Il reconnaît la liberté de culte aux protestants).

Mais revenons à nos moutons. Hamilton prit deux portions de brandade. (Les moutons adorent la brandade, et c'est d'ailleurs à cela qu'on les reconnaît). Moi, je n'en pouvais plus. Il est étonnant Alain, on se demande où il fout tout ce qu'il ingurgite. Idem pour JB.
Le lancer d'assiettes fut parfait. Domi excelle dans le lancer à une main.

En guise de fromage, du brebis et du brie. Et, bien sûr, en conclusion des éclairs au chocolat. Un éclair (anciennement « pain à la duchesse » (avant 1850)ou « petite duchesse ») est une pâtisserie d'origine française fourrée de crème au chocolat ou au café ; on en trouve aussi à la pistache et parfois à la vanille. Le dessus est glacé au fondant ou au caramel; dans ce dernier cas, on appelle ce gâteau un « bâton de Jacob ». Pour ton prochain repas, Domi, ose le bâton de Jacob, il n'y a rien de tel pour damner le pion aux petites duchesses ! Ce n'est pas Kiki qui me démentira.

Le cœur léger, mais le ventre lourd, nous rentrâmes dans nos pénates.

26 septembre 2013

Le cusitot de la semaine est ทองสาขา

Par Le Barde

 

Qu'il est mignon le petit terrain d'Eysines, intime, presque familial, sans l'ombre d'une publicité. Il possède de mignons petits vestiaires accueillant sans problèmes tout notre petit monde. Ah ! ces relents de clubs que l'on dit petits, ce fumet d’antan, cette cure de jouvence. Oui, le rugby est dans le pré ; c'est là que l'on trouve les herbes folles et les fleurs sauvages qui donnent ce qu'il faut de grâce à ce bas-monde pour qu'il soit supportable. Le petit terrain d'Eysines appartient au club éponyme qui nous y accueille les bras ouverts. Qu’il en soit remercié.

Notre galop d'essai ne fut pas un galop de maître. Nos corps ne sont pas encore affûtés, et nos mains hésitantes n'ont pas le doigté sûr qui évite à la gonfle d'échouer plus souvent que de raison sur l'herbe. N'importe, il est bon de retrouver les plaisirs du pré, les courses folles de Toto, les débordements vifs de Walid et la rigueur saillante des prises de balle de Seb. Ce fut un bon moment sous la chaleur épaisse de cet été indien. 

Au trou, Coco, ceint d'un tablier blanc, nous accueillait en maître d'hôtel thaï. Un maître queux peut être un maître thaï. (Le maître queux, avec un x à la fin, désigne un chef cuisinier. Cette bizarrerie d'orthographe vient du mot latin « coquus », qui vient lui-même de « coquere » qui signifie cuire). Et c'était si juste, si approprié à cet automne qui n'en finit pas de prolonger l'été. Ah ! La petite soupe à la citronnelle, saupoudrée d'herbes, de lamelles de poulet, douce, parfaite, parfumée, délicate, onctueuse. Etait-ce une variante de la Tom yam kung, le poulet ayant suppléé les crevettes ? Perdigue en abusa, trempant sa moustache dans le dive breuvage, puis, la lustrant d'un doigt dandy, comme si de rien n'était. Pépé, nimbé d'un polo Ralph Lauren, regrettait sa garbure mais trouvait son comptant dans ce potage asiatique. Trois civilisations en une, l’espace d’un soir. Il n’y a que Pépé pour mélangeait les mondes de la sorte.

Vinrent ensuite de fines miettes de calamars mêlant leur chair à de petits légumes. Le soja côtoyait le poivron et l’oignon. Un régal de finesse. Puis ce fut un porc en sauce. Etait-ce un Sizzling ? Un Phat krapao kai (ผัดกระเพราไก่) ? Je l’ignore. Et je crains fort que ce ne soit ni l’un ni l’autre. Mais, à vrai dire, je m’en branle. Nommer est illusoire, une manière bancale de s’approprier le monde, faute de mieux. Seul compte le goût ; la langue du corps parle tellement mieux que celle des mots lorsqu’il s’agit de plaisir. Nous nous interrogeâmes sur les petites billes vertes qu'un ignorant qualifia d'aubergines. C'est être bien peu sourcilleux des courbes que d'identifier ainsi ces gros pois qui ne disent pas leur nom. Bien sûr, il y avait du riz. Papé Hamilton se régalait — il est grand-père notre Michel Ange de la pellicule, grand-père d'une petite Pénélope, née près de la baie des anges. Loulou s'en donnait à cœur joie, et voyait dans chaque morceau de viande autant d’idéogrammes qu’il déchiffrait avec une rare patience. Coco couvait ses petits d'un regard tendre.

Le lancer d'assiettes serait paisible ; il le fut. Pour compenser ce calme inhabituel, un chœur d’assiettes s’éleva. Il culmina à des hauteurs brésiliennes. Qui de tapoter avec sa cuillère sur l’ustensile, sur un verre, un pichet, une bouteille, qui de marteler la nappe maculée de brefs petits coups répétés. Ce fut un enchantement. Le maître queux ne se laissa pas démonter par les incantations fromagères de ses petits. Comme si la cuisine thaï pouvait se disperser dans la tradition française ! Toutes choses qui n’empêchèrent pas une conclusion très frenchy : de minuscules tartelettes au chocolat mais surtout de petits biscuits fourrés à la fraise. « C’est fameux » s’exclama Perdigue, plus dandy que jamais. « Mes couilles tu vas finir cours Clémenceau » lui asséna Pioupiou. « Oui, c’est fameux » insista Perdigue, indifférent aux propos du lanceur de cruches. Guitou, lui, demeurait mutique jusqu’à ce que nous chantions la fin de l’été. Alors, il se contorsionna, fit la danse du ventre et nous jeta un regard énamouré.

La soirée touchait à sa fin. A mardi prochain.

19 septembre 2013

Le cuistot de la semaine tortilla du cul (du verbe tortiller)

Par Le Barde


Oui, « le bonheur est dans le pré » comme l'écrivait ce bon vieux Paul Fort, prince des poètes, que Brassens chantait. Et d'ajouter : « Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite./Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer. » Il ne file pas le bonheur si on sait le saisir. Hier, en taquinant la béchigue, à Moulerens, sur le terrain des coqs rouges, j'ai saisi le bonheur.  Sur le pré. Quand on a la gonfle dans les mains, la vie n’est plus la même.

Nous n'étions guère nombreux à avoir répondu à l'invitation des Radis. Le castor n'a pas l'âme nomade. Mais nous étions assez nombreux pour nous répartir sur les deux moitiés de terrain et livrer un toucher à sept contre sept. Une bonne idée que de se répartir de la sorte. A bon entendeur salut lorsque nous aurons un pré bien à nous.

Au trou, Miguel avait promis de suppléer à nos humeurs vagabondes. Il nous avait annoncé la couleur par mail : « Ce soir les gars c'est TORTILLA de Miguel pour réchauffer les cœurs, les estomacs et les entrailles, suite à la stupeur et l'effroi lié à l'absence de terrain d'entrainement. Je vais vous remonter le moral. » La tortilla s'annonçait relevée ; elle le fut. Non sans avoir été précédée d'un melon agrémenté de tranches de jambon de Parme (en fait de Parme, il était sans doute bel et bien français ou espagnol, mais Parme ça pose son Miguel) enroulées autour d'un grain de raisin. Et de petits boudins. C'est ça la touche Miguel : mettre l'inattendu au cœur de l'ordinaire. L’inattendu, hier, avait des allures de boudin. De boudin doux.

Mais venons en à la tortilla. Et précisons illico qu’il s’agit en fait de la tortilla espagnole. Pas de la mexicaine ! (Le mot espagnol « tortilla » est un diminutif du mot espagnol « torta », lui-même dérivé de l'expression latine « torta panis » (« pain rond ») et désignant, comme le mot « tarte » français, une préparation circulaire et plate à base de pâte. Les Amérindiens, quant à eux, l'appellent toujours, dans leur langue indigène, « tlaxcalli » (en nahuatl), « waaj » (en maya), « ndíta » (en mixtèque), « gueta » (en zapotèque), « hme » (en otomi) ou encore « remeke » (en raramuri).) Mais restons en Espagne. Foin de la galette, et vive l’omelette. Il s’agit plutôt d’œufs brouillés en l’occurrence. Mais bon, on ne tiendra pas à Rigueur à Miguel de brouiller les cartes sinon Miguel ne serait plus Miguel.

Si les radis découpent le terrain en deux parties inégales, Miguel propose deux types de tortillas : avec ou sans épice. Malheur à ceux qui connurent la tortilla épicée de Miguel. Ce fut un attentat en règle. Comme l’axoa du vieux quatre d’il y a quelques années. Ni le pain, ni l’eau, ni le Saint-Georges de Jeanfi ne purent atténuer l’offense faite à nos palais. Seb était rouge, écarlate ; les yeux de Peyo sortaient de leur orbite livrant une expression terrible à Hamilton qui frisait l’apoplexie ; Lolo demandait l’extrême onction, criant « Je me meurs Caro, je me meurs ô mon éternelle Sarah, ma muse de chaque instant , la tortilla de Miguel a eu raison de moi, je rejoins le Très-Haut »  ; le général s’interrogeait sur les effets de la tortilla de Miguel sur un anesthésié et s’inquiétait de l’état de Lolo, « je ne suis pas prêtre mon pauvre Lolo, juste anesthésiste. Pour certains, c’est un peu la même chose, il est vrai ». Seul Bernatchat paraissait impassible sous l’œil éberlué de Seb. Le vieux quatre, lui, faisait comme si de rien n’était ; ses joues trahissaient pourtant l’excès d’épice dont certains étaient victimes ; c’est à peine s’il pouvait parler. Ithurbide ne disait rien ; et pourtant, on trahissait ceux de son sang.

Amélie s’inquiétait. Le lancer d’assiettes approchait. Pour une raison qui m’échappe, il n’intervint qu’après le fromage : brie et gruyère. Miguel, à la surprise générale commença en douceur. Presque en dilettante. Comme si de rien n’était. Comme si les assiettes n’importaient pas. Au point qu’on lui demanda de mettre un peu plus d’ardeur. Et là, ce fut le déluge, le tsunami ! Un autre Miguel ! Il y eut un long silence. Le calme revint. Des tortillas aux pommes sur lesquelles Miguel avaient planté deux grains de raisins – ce qui fit beaucoup rire Seb, saluant cette touche si délicate-, conclurent la prestation de JC. What Else était là. Et quand il y a What Else, il y a du café. On déboucha le champagne. Miguel le vaut bien. Même s’il s’agissait surtout de rafraîchir l’intérieur de nos gueules encore meurtries.

A la semaine prochaine. Et que les valides viennent sur le pré. Quel qu’il soit.

13 septembre 2013

Le cuistot de la semaine à la voix de Coco

Par Le Barde

 
Les uns avaient choisi les quais pour taquiner la Garonne et réveiller le petit galopin de leurs corps ; les autres l'église du Sacré-Cœur pour titiller le cochonnet. On compense le pré comme l'on peut.

Ayant opté pour la pétanque, je ne puis qu'imaginer la petite troupe de castors trottinant le long de la façade XVIIIe, sous la conduite de Seb qui, repoussant les faveurs de la boule, fut l'initiateur de ce décrassage d'avant saison.

Donc, parlons pétanque. Sur la place de l'église, se tient un joli petit terrain, sans aspérités, propre, plaisant. Il y avait la Fée. Elle nous régala de son toucher céleste. Elle touche sa boule la Fée. Ou, si vous préférez, ce n'est pas une bille. Dudu peinait. Alain était fâché avec son tir. L'art d'être grand-père est-il compatible avec la pétanque ? Malko élégant et efficace, Léo magistral et le Prézide pointant divinement complétaient le tableau avec moi-m'aime.

Au trou, Mézigue officiait. Il était garni (le trou pas Matet). Rentrée oblige. Et anniversaire de Coco Itou. Et d'Amélie. Tous deux étant nés le 11 septembre. Il y avait des huîtres mais pas Walid, le Virgile conchylicole. Puis, du confit de canard et force tagliatelles agrémentées de parmesan et d'une sauce à damner tous les saints. Yves ne fit pas dans la dentelle. Foin de la légèreté. Nous fûmes dans le lourd, le digeste relatif. Quand on aime, on gave. Mais avec de bonnes choses.

Amélie – le plâtrier céleste qui fait la une de nos quotidiens avec une truelle de maçon – craignait le pire pour le lancer d'assiettes. Et Amélie avait raison, ce fut un massacre. Les disques s'écrasaient sur le carrelage, on entendait un sifflement ininterrompu, Yves, pris de frénésie ne s'autorisait aucune pause. En un mot, ce fut un désastre. Et lorsque le lancer cessa, un immense soupir de soulagement étreignit le trou enfin apaisé. Monta alors l'hymne au fromage, celui dont les paroles profondes vous transpercent l'âme. Et le fromage vint.

Notre prézide prit l'intervalle entre la poire et le fromage et fit un point sur notre situation de STF (sans terrain fixe). L'hypothèse Coqs rouges se dessine. Mais il existe aussi une perspective béciste. Puis il nous tança sur le nombre miniscule de la soirée golf du 11 octobre. Mes castors que le club (de golf) soit saillant et prolixe.

Les lumières s'éteignirent. Un gâteau en forme de terrain de rugby, planté de quelques bougies, sous l'air d'Happy birthday Coco fut porté au cœur de la chambrée. L'Éternel porte une année de plus en bandoulière et, pour lui, les années sont une pécadille. L'Éternel tint quelques propos avant que de découper la chair de l'offrande. Pépé l'enlaça. Il y eut un long silence ponctué de larmes. Lolo s'était mué en fontaine. Guitou lui tendait des mouchoirs pour recueillir le sel de son émotion. Des chansons paillardes s'élevèrent sous la conduite de Pépé. Pioupiou y alla de ses rengaines délicates et de son père Abraham sous l'œil humide de celui qui l'ensemença.  Le trou chantait d'un seul chœur.

Puis, le champagne coula à flots. Et la soirée traîna en langueur. Une belle entame de saison. A mardi sur le pré et au trou. La vraie vie recommence. Et c'est bien.



09 septembre 2013

Le tournoi de pétanque

Par Le Barde

Alors l'aube vint ! Non pas le vêtement ecclésiastique de lin blanc que les officiants portent par-dessus la soutane, ni la longue robe blanche des premiers communiants. Pas davantage la palette d'une roue hydraulique. Non, la première lueur du soleil levant dont la littérature s'est si souvent emparée pour dire le commencement. L'aube de notre saison donc, qui ne débute pas dès potron minet mais entre chien et loup, à la lisière du crépuscule, là-bas, à Floirac, sur le terrain de la Burthe. 

Aux archiball, l'aube a des doigts de fée et des relents de pétanque, on ouvre le bal avec force boules et cochonnets avant que de retrouver le pré et notre trou.

A propos de pré, ô notre fée, ne pourrais-tu, par un coup de baguette magique, nous en procurer un car de pré nous n'avons point. La faute à l'Union qui nous a chassé de nos terres. Nous sommes gros Jean comme devant. Le monde moderne est ainsi fait. Exit le passé.

Revenons-en aux boules (et je m'épargnerai volontiers d'écrire que nous avons les boules d'être désormais les SDF de la gonfle). Qui l'eut cru, c'est Lolo, JP et Luc qui l'emportèrent. La victoire était promise à Arnaud, Seb et au toulousain. Ils menaient 8 à 2 avant de se faire remonter et renvoyer à leurs chères études. Une belle leçon de la part de la plus improbable des triplettes. La grâce de Jean-Pierre, le flegme de Lolo et la sérénité de Luc eurent raison des favoris. En quoi l'assemblage est bel et bien un art. Le merlot, c'est Jean-Pierre, le cabernet : Lolo et Luc le petit verdot ( c'est ainsi que nous le surnommerons désormais : petit verdot).

Mention à l'éternel Coco qui pointe encore comme un dieu. Ce qui n'est pas le cas de la Jacouille. Par parenthéses, l'éternel aura 86 ans à minuit mardi prochain. Que le trou soit garni pour fêter l'événement. (En espérant que nous pourrons aussi garnir le pré).
 
Louée soit la fée et que la saison soit belle.


17 juillet 2013

L'épreuve du golf


Par Guigui

Mardi 9 juillet, première de la saison, 35° à l'ombre…Nous commençons fort…

J'attends avec impatience,  essayant d'organiser les départs mais je reçois les coups de téléphone des uns et des autres qui, ayant peur de l'ambiance tropicale ou étant pris par des rendez vous impromptus nous laissent tomber…
Ça commence finalement mal…. Michel Sudre et moi voyons avec tristesse le moment où de 7 nous nous retrouverons à 2……

Arrive alors Guytou.
Guytou, il aime faire des surprises mais le Doodle est visiblement un peu un langage inconnu, il n'avait pas prévenu qu'il serait des nôtres…Heureuse surprise.

Départ, nous sommes déjà en nage au bout d'un trou…
Au 4ème, Jean nous rejoins, visiblement éprouvé par une marche forcée et là commence enfin la partie. Eprouvante…chaude….

Arrivé au 9, nous croisons nos amis qui jouent 9 trous. A voir nos têtes qui ont l'air d'avoir fait 18 trous en 9, Loulou, Coco se disent que le climat est décidément contre eux…. Funeste présage…. Mais nous voyons dans leurs yeux cette farouche volonté des vainqueurs !

Arrive alors, avec le soleil couchant, l'ennemi absolu, celui que nous ne pensions pas avoir à rencontrer et contre qui aucune parade ne fut efficace…Le moustique.

Imaginez notre Loulou national, bien posé sur ses jambes, prêt à laisser partir le coup parfait…. Un regard plus rapproché vous fait alors voir 150 à 200 moustiques qui tournent autour de lui, qui découvrent qu'il n'est pas seul et que nous sommes 8, tous aussi appétissants les uns que les autres.
Le restaurant étoilé, le gastro, le bon petit bistrot, la brasserie parisienne, le restaurant familial, la crêperie, le Macdo, le restaurant chinois, le japonais aussi, la pizzéria……Tout était là pour permettre un festin de sang variés, gouteux à souhait…Un carnage….

Au final, quelques litres de sang pompés plus tard, des boutons absolument partout, nous étions épuisés par la chaleur et ne rêvions que de douche fraiche, bière frappé ou repos. Ceci explique un peu pourquoi peu d'entre nous firent le déplacement pour rejoindre nos camarades de la pala et de la pétanque..Qu'ils nous pardonnent mais l'effort était par trop inhumain….

Bref, RV la semaine prochaine équipés de 20 litres d'eau, de voile anti-moustique, de lotion anti moustique, de serpentins à accrocher au sacs en anti moustique et je réfléchis sérieusement à une batterie ou un groupe électrogène pour pouvoir bancher 2 ou 4 prises anti moustiques.

Peut être que le moustique de Bordeaux Lac sera moins gourmet…..et moins gourmand…Mais j'ai retrouvé ma bouteille de lotion anti moustique pour pays tropicaux, là ou le moustique est à peine plus gros que celui du golf de Pessac..Espérons…. Mais je garde mon idée de prises…..

PS : Il paraitrait qu'il y a un Archiball travaillant au CG qui est responsable de la démoustication, info ou intox??? Si c'est info, merci d'agir… CA URGE.

Pour rappel –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
(Tu peux cliquer sur l'image, l'imprimer, la remplir et la renvoyer avec ton chèque. Oui ! Tu peux, ne te sous-estime pas, vas-y, tu peux le faire.)